Chapitre 23 - Tout mettre en oeuvre

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L'aisance avec laquelle Carmina voguait dans son monde l'étonnerait jusqu'à sa mort. Elle parlait librement à ses hommes et cuisinait pour celui qui surveillait le loft quand il ne s'y trouvait pas. D'ailleurs, une petite pointe de jalousie le tenaillait systématiquement quand il apprenait qu'un de ses Angelitos en profitait.

Un sentiment stupide vu qu'elle terminait dans son lit tous les jours.

Ses doigts se posèrent sur sa nuque. L'envie de s'amuser le titilla mais il le refoula. Le travail l'attendait. Yandi devait lui livrer Reinier en échange de territoire et rien n'arrivait après deux mois. Il ne pouvait pas laisser cette situation pourrir plus longtemps ou il serait vu comme faiblard.

Nevada descendit dans la cuisine en trainant des pieds. Une grimace se dessina sur son visage aux trois enfants étalés sur son divan de luxe avec des bols de céréales sur les genoux.

- Ne fais pas cette tronche de cake, on dirait notre père quand je lui demande de l'argent, le taquina Laritza depuis la cuisine.

Le cubain fronça les sourcils devant sa sœur occupée à cuisiner un petit-déjeuner.

- Qu'est-ce que tu fous ici ?

- Valiena devait s'occuper de l'admission de Maricela au centre de désintoxication. Papì lui a passé le savon de sa vie en apprenant pour le petit.

- Qu'est-ce qu'il a décidé de faire ?

Laritza roula des yeux :

- Il a suivi ton avis, bien sûr.

Nevada se doutait que son père respecterait sa ligne de conduite mais il restait méfiant car ça n'avait pas toujours été le cas. Au début de sa prise de pouvoir dans les Hauteurs, son aîné s'accrochait souvent avec ses décisions. Il ne pouvait pas arrêter de régner du jour au lendemain mais ça n'avait que précipité Nevada vers des actes drastiques.

Depuis peu, le patriarche parvenait enfin à lâcher du leste et à suivre Nevada. Qu'il envoie sa petite chérie en centre de désintox sans aller chercher un héritier mâle potentiel signifiait beaucoup pour le nouveau jefe.

Laritza posa une assiette de bacon devant lui au moment même de l'arrivée de Carmina.

- Mama, va bene ?

Mère et fille se parlèrent dans un mélange d'anglais et d'italien qu'il trouvait adorable et amusant. Ca lui rappelait sa propre enfance avec ses parents à Bejugal au sud de La Havana. Valiena et lui-même y avaient vécu une partie de leur enfance avant que le gouvernement ne change et décide de déclarer la guerre aux hommes comme son père. Les gens de pouvoir pensaient récupérer de l'argent facile, des terres et des parts dans leurs business mais ils s'étaient fourvoyés eux-mêmes. Dès que les plus puissants réussirent à s'installer aux États-Unis, ils envoyèrent des hommes saccager les demeures de ces abrutis. Son père retournait y vivre quelques mois dans l'année pour démontrer sa position de force : "personne ne peut déstabiliser les Barrera. Pas même un gouvernement fantoche." Et espérait voir son fils l'imiter. Nevada ne voyait pas l'utilité d'acheter une ruine pour y construire un château qu'il ne visiterait jamais. Il n'était pas pingre mais il ne jetait pas non plus l'argent par les fenêtres pour que ses alliés et ses adversaires admirent ses possessions matérielles.

- Merci pour le petit-déjeuner, Laritza.

Sa sœur s'étrangla, peu habituée à un remerciement de sa part. Son téléphone brisa le moment gênant. Nevada ne le montra pas mais il jubilait : ses hommes ramenaient sa proie en lieu sûr.

- Nev ! Nev ! Câlin !

Il réceptionna Grâce alors qu'il enfilait ses chaussures. Il murmura tout en embrassant sa joue de cette douceur caractéristique enfantine :

El Cuco - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant