El Cuco - Série Faida

Chapitre 18 - Problème réglé

Nevada souffla la fumée de son cigare en sortant du SUV. Les gens s'empressèrent de changer de trottoir et de tourner la tête. Dans les Hauteurs, l'adage "pas vu pas pris" régnait en maître. La secrétaire bredouilla devant lui. Elle saisit son téléphone mais Bastien le lui prit des mains. Son sourire désarçonna la jeune femme qui rougit et s'assit sagement dans son siège. Kenrick et Rosel surveillaient l'entrée principale tandis que Domenico gardait l'arrière avec Rodrig.

Le dernier étage ne ressemblait en rien au reste de l'immeuble. Le hall était correct mais pas aussi luxurieux que le bureau des deux banquiers. Ceux-ci blanchirent quand il s'installa face à eux. Nevada balança ses pieds sur le premier bureau, sortit un second cigare et l'alluma.

- L'une de mes connaissances a une dette à échéance chez vous...

- Monsieur, bredouilla l'un des deux types, nous appliquons les mêmes règles pour tout le monde...

Vu sa tronche, Nevada le surnomma James. Il avait une tête à s'appeler comme ça alors que l'autre lui faisait penser à un Jean-Claude. Un prénom bien chiant pour un gringalet gigantesque aux cheveux blond déjà blanchi, aux yeux minuscules derrière de grosses lunettes écaillées et à la voix de crécelle.

- Des intérêts à soixante-quinze pourcent ? Vraiment ?

Au moins eurent-ils le mérite de paraître gênés devant leur arnaque grotesque.

- Nos clients donnent leur accord, protesta James.

Tasha s'approcha, sur son ordre, pour déposer une simple feuille avec un nom, un prénom et une photo lambda.

- Effacez cette ardoise !

Personne ne prit le papier.

Nevada saisit le bref sourire arrogant de Tasha qui retourna à sa place. Il était de son avis : ces estúpidos pensaient qu'ils avaient le choix. Son arme sur sa cuisse gauche et le son de la sûreté enlevée leur révéla toute la gravité de leur situation.

- Je me fous de vos clients ! Arnaquez-les comme bon vous semble mais vous allez effacer la dette de mi reina. Maintenant !

Jean-Claude arracha presque le document des mains de son acolyte, se tourna sur son ordinateur et tapa à toute vitesse sur le clavier.

- J'ai soif ! grommela Nevada.

James se rua vers la desserte et lui servit un bourbon. Jean-Claude soupira de soulagement en arrachant un bout de papiers de l'imprimante.

- Mademoiselle n'existe plus pour nous, marmonna-t-il les mains tremblantes de peur.

Nevada saisit le document qu'il posa sur la braise de son cigare. Quand il n'y eut que des cendres, il se leva, engloutit sa boisson et sortit.

- La moindre preuve que cette cliente a existé dans vos bases de données, lança Tasha dans son dos, et nous reviendrons pour vous... et vos familles aussi.

Le mot était donné qu'ils risquaient leurs vies et celles de leurs proches s'ils manquaient à leur parole. Nevada ne les raterait pas. S'il ne pouvait pas les punir pour leur arnaque, il n'hésiterait pas en cas de manquement futur.

Soixante-quinze pourcents d'intérêts.

Il secoua la tête. Il n'en revenait toujours pas que Carmina se soit faire avoir aussi stupidement. Bien qu'en raisonnant, il comprenait sa décision : avec un enfant et sans le sous, personne d'autre ne lui aurait prêté du fric pour s'installer.

C'était une situation courue et perdue d'avance.

Domenica se remit au volant. Personne ne parla dans l'habitacle. Tasha pianotait sur son téléphone dans un cliquetis d'ongles qui l'ennuya rapidement. Il se réjouissait de ne pas voir ces couteaux rouge vif aux doigts de Carmina. Il n'apprécierait pas ce bruit tout du long de leurs rencontres.