CHARLES POV
On la voit tous arriver sur la grille, un petit peu en retard et le casque déjà sur sa tête, la visière baissée.
Hier lors des qualifications, elle a étonné tout le monde. Ses temps étaient excellents et elle a réussi à se placer à mes côtés en deuxième ligne.
Elle partira quatrième pour ce grand prix qui semble important pour elle.
On fit rapidement le photo tous ensemble et on écouta l'hymne de Monaco, mon hymne.
Quand elle retourne au niveau de sa monoplace, les ingénieurs agissent comme si de rien n'était. C'est ce qu'ils sont fait hier aussi. Quand il a été le moment des interviews, elle s'était contentée de répondre "pas de commentaires." sans rien de plus des que le sujet était abordé. Ses yeux restaient froids mais ils n'avaient pas l'air rougie comme si elle avait pleuré.
Mais elle avait plus de maquillage que d'habitude.
Tout le monde ne le remarquerait pas, mais j'avais bien vu que son grain de beauté situé sous l'œil droit était bien moi visible, comme si il était couvert par je ne sais quel maquillage.
J'en déduisais qu'en plus d'avoir pleuré, elle n'avait pas beaucoup dormi, voir pas du tout.
Même si je ne voyais pas ses yeux à travers sa visière, j'étais sûr qu'elle avait remarqué que je ne la lâchais pas du regard. Je lui adressais un sourire timide et elle détourna la tête, se reconcentrant sur ce que lui racontait son ingénieur par rapport à la voiture sûrement.
ALICE POV
Les qualifications avaient été dures.
Non pas question résultats, je m'était hissée à la quatrième place sur la grille.
Mais les caméras braquées sur moi des que j'étais hors de ma monoplace, ou juste lorsqu'on voyait mes yeux a travers mon casque, avaient le don de me mettre hors de moi.
Toute à l'heure, je m'étais rendue à ce fameux virage, qui avait vu mon père mourir. J'y ai déposé non pas un bouquet de fleur comme il est fait habituellement, mais un de mes dessins d'enfant, représentant grossièrement nous deux devant notre ancienne maison avec Trésor, mon chien. Pour être sûre qu'il ne s'envole pas, j'ai mis une pierre dans le coin de la feuille.
Maintenant, j'arrivais sur la grille, me frayant un passage entre journalistes et ingénieurs. Les miens, d'ingénieurs, étaient déjà en train de travailler autour de la voiture.
Je laisse le haut de ma combinaison tenir sur mes hanches et me dirigent avec tous les pilotes à l'avant de la grille pour l'hymne national de Monaco et la photo.
Les organisateurs du grand prix nous placent un à un, et quand vient mon tour, ils me demandent d'enlever ma capuche. J'hésite, car elle cache tout de même un peu de l'horreur de mon visage. Mais quand ils insistent, je suis obligée de m'en séparer.
On est tous repartis sur de ligne, je suis au milieu sur celle de devant. Décidément, ces gens aiment le drame et les histoires.
A ma gauche, Lando, et à ma droite, Pierre. Une fois l'hymne passé et la photo faite, on retourne tous à nos monoplaces.
Je sentis un regard sur moi et me tourna pour croiser Charles, un air de pitié sur le visage.
Comme je détestais ça. La pitié.
Les gens qui te pensent faible et se sentent obligé de te consoler maladroitement avec des câlins ou des mots d'encouragement.
Et quand il fit un petit sourire, je détourna la tête. J'en pouvais plus. La course allait bientôt commencé, et je ne pouvais pas me permettre d'être distraite par des problèmes personnels.
Je me dirige vers mon physio, avec qui j'ai l'habitude de travailler avant chaque départ. Depuis le début, il a compris que je relâche mon stress en boxant, alors sur chaque grille de départ du grand prix, il ramène des gants de boxes et des pattes d'ours. Je mets donc mes bandes, avec les appareils photos concentrés sur mes mains.
Je commence à taper frénétiquement les mains couvertes de mon physio, repassant en boucle ce week end qui m'a détruit. Seuls comptent les coups que j'assènent. Seul compte le bruit que je fais. Seuls comptent mes pieds sur les pédales. Seuls comptent mes doigts qui passent les vitesses. Seul compte ma course.
Au bout de cinq petites minutes, on s'arrête et j'enlève mon matériel. Je sautille un petit peu sur moi même et un des ingénieurs me demande d'entrer dans la voiture. Je renfile cagoule et masque et entre dans la voiture avant de remettre mon volant.
Tous les pilotes effectuent le tour de formation, et bientôt, on est lancés.
J'ai gardé ma place pendant les seize premiers tours avant que le pire n'arrive.
Problème moteur.
Je suis obligée d'abandonner et ça provoque un drapeau rouge donc toutes les monoplaces rentrent au stand.
Je ne lève de mon siège et tape frénétiquement le halo. Je suis tellement déçue et triste. Et toutes mes émotions se matérialisent par cet excès de colère.
Je continu une bonne minute jusqu'à ce qu'un commissaire de course vienne me voir pour me raccompagner à mon box.
Andrea n'y attend et me fait une rapide accolade pour me réconforter. Mon physio récupère mon casque et ma cagoule puis me tend un élastique pour accrocher mes cheveux en queue de cheval basse. Je fais reposer ma combinaison sur mes hanches bois de bonnes gorgées d'eau.
Quand je me concentre sur l'agitation dans les stands je remarque que certains des pilotes sont sortis de leur voiture pour discuter avec leur team manager.
Mais très vite ils sont tous de retour sur la piste et la course recommence.
Les tours s'enchaînent encore et encore et je suis de près tout ce qu'il se passe, mais surtout la bataille entre Charles en deuxième position qui a passé Perez et qui s'attaque maintenant à Max Verstappen.
Ils enchaînent les virages, roues contre roues. Aucun des deux ne veut lâcher et ils se épousent dans leur retranchements.
Et dans la ligne droite des stands, Charles utilise sont drs pour dépasser le pilote red bull et prendre la tête de la course, à quelques tours de la fin.
Il met un peu de distance, mais Max reste à moins d'une seconde de Charles. Je détourne le regard pour boire rapidement, et je recrache tout quand j'entends les paroles des commentateurs.

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Une pilote
FanfictionAlice n'imaginait pas qu'elle serait aux premières loges pour la saison de formule 1 de 2023.