4.2. AVRIL : "De nouveaux virus et de nouveaux hommes" (rapport V°4)

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4.2.

Cher Professeur Schrödinger, c'est Avril.

Je reviens vers vous conformément à notre échange et votre approbation d'une méthodologie scientifique par « observations ».

Cette observation sera déclinée en quatre parties, puisque des éléments différents sont à prendre en considération.

En interne, afin de répondre à toutes les sollicitations du mois, il a été décidé de nous répartir en groupes pertinents au regard des questions.

Février et Mars, comme le savez, ne sont pas, disons, disponibles. Pour les réponses au rapport du mois d'avril, nous avons maintenu un travail ardu conduit par Septembre et Octobre, économiste et historienne. Août les a complétés, sur ma demande. C'est un physicien pointu, son expertise des dossiers complexes, de la formulation des réponses, de la compréhension des enjeux -il m'a dit être habitué aux liens avec l'Etat dans le cadre de ses travaux sur le nucléaire-.

A la suite de notre enquête de terrain, s'il y avait besoin de mener des interrogatoires spécifiques, Janvier, Mai et Juillet seraient désignés. Juillet a l'habitude de cela, évidemment, en bon policier de terrain. Mai, avec son scepticisme, serait également parfaite dans ce rôle. Je ne cache pas non plus que c'est rassurant pour moi de savoir cette femme aigrie loin de moi pendant l'espace de quelques jours. Enfin, Janvier, en représentante du groupe, se doit d'être de cette équipe.

Si jamais nous devions aller jusqu'à des prises de décision, Janvier serait à nouveau responsable du groupe « chargé de mission ». Je l'accompagnerai, en représentant du mois, comme je l'ai déjà fait la dernière fois face à vous, Professeur. Sur la demande de Janvier, mais j'approuve complètement ce choix, nous serions complétés de Décembre, qui connaît les principes d'autorité et de sanction, d'une part dans ses fonctions militaires, mais qui pourrait aussi nous conseiller sur les éléments de santé et de traitement au besoin si des enjeux de ce type étaient mis en exergue.

Donc, pour ce qui m'incombe ici, voici l'enquête méthodologique de terrain.

Janvier n'avait pas d'expertise particulière. Aussi, je représente l'équipe qui a procédé aux observations et je fus accompagné pour cela par Juin et Novembre. Toutes les deux sont habituées aux méthodes d'analyse scientifiques, neutres, limitant les biais d'intervention. Juin est experte des questions anthropologiques et ethnologiques, et Novembre des analyses psychologiques des individus et des groupes. Avec mes compétences plutôt d'analyses biologiques, nous formons une équipe pluridisciplinaire efficiente.

En effet, si dans un premier temps l'observation des comportements des individus a été surtout portée par mes deux collègues, auprès des réfugiés comme des spécimens, mon étude des données biologiques en laboratoire des spécimens nous permettra -si vous le souhaitez- de croiser nos regards et d'aboutir à des conclusions éclairantes.

Oui, comme vous l'aurez compris, nous procédons en deux temps : une étude auprès des réfugiés -rapportée en plusieurs parties-, puis une seconde auprès des spécimens enregistrés en vidéo et dont les données nous ont été accessibles dans les laboratoires du 10e étage.

Simplement étudier les réfugiés pourrait ne pas être suffisant.

Il nous faudra sûrement un groupe « contrôle », une comparaison des comportements, afin de déterminer la normalité ou non des actions, établir des liens, hypothèses et des corrélations.

Déjà, il est intéressant de savoir que les trente-six réfugiés viennent de lieux différents, ne parlent pas la même langue et semblent avoir des parcours propres. Certains individus souffrent de nausées et d'hallucinations, plus ou moins sévères, parfois proches de la psychose.

Nous pensions que le terme « touchés » venait des autorités afin de qualifier les personnes contaminées. Nos observations nous ont appris que cette appellation vient en réalité des journaux d'information. Plus précisément, il s'agirait de croyants qui auraient vu, dans les symptômes du virus, une intervention divine. Puis cela aurait été diffusé comme tel.

Les premières contaminations ayant eu lieu au Vatican, le virus fut interprété d'une manière positive, avec un encouragement d'une partie de la population à se laisser contaminer. En ajoutant à cela la défiance d'une partie de la population à l'égard des traitements pharmaceutiques préventifs, des recommandations scientifiques ou étatiques, ainsi que la transmissibilité du virus, nous comprenons mieux la spontanéité de la pandémie.

« Les touchés » ne seraient donc pas les malades, mais ceux qui sont protégés des Maux du monde.

Selon cette vision répandue, les exposés, les vrais malades, sont les sujets sains ou porteurs sains, délaissés par Dieu.


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V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant