V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]

5.7-2.MAI: De nouvelles intelligences pour de nouveaux esclavagismes (V°5)

5.7-2.

Elle ne m'a pas appris grand chose, puisqu'en fait c'est surtout elle qui a posé des questions. Je sais... Mais elle semble se soucier sincèrement de moi et j'ai besoin d'elle, de partager ce que je traverse, d'avoir simplement quelqu'un qui prenne soin de moi.

Lorsque nous étions tête contre tête, dans les bras l'une de l'autre, elle a dit quelque chose, juste une petite chose, mais tellement importante : "ce n'est pas de moi dont tu dois te méfier, je suis là pour te protéger."

Je n'ai pas répondu, mais j'ai compris. Juillet avait raison.

Au sein des Douze, Décembre n'est pas le seul félon.

Elle a un rôle, certes, mais peut-être pas celui que nous pensons. J'en ai fait part à Mai, Juillet et Novembre. Ce n'est pas un complot contre nous, mais parmi nous.

Oui, Février et Mars, ben, enfin, voilà. Avril est en rupture. Août s'est retiré aussi vite qu'il s'est faussement impliqué, quel bon à rien ce vieux savant excentrique! J'ai confié à Juin et Septembre la poursuite des analyses sur les IA et l'unique question du rapport -j'y reviendrai-. L'empathie animale de Juin contraste avec la froideur d'analyste de Septembre, c'est un excellent duo. Et Décembre, vous savez.

Novembre réagit avec compréhension, tout en nous conseillant d'agir avec méfiance. De son point de vue de psychologue, Décembre est en mauvaise situation et elle use forcément de ressorts émotionnels et relationnels afin de, possiblement, nous faire douter. Peut-être dit-elle vrai, ou faux ? mais nous devons maintenir un esprit critique suffisant.

Novembre est un élément indispensable de notre "Gouvernement d'urgence resserré" des Douze depuis l'intérieur du Dôme. Nous aussi, nous perdons nos membres.

Juillet est d'accord avec Novembre à propos du recul nécessaire. Forcément, un enquêteur paranoïaque adhère lorsqu'il entend de méfiance.

Mai ne partage pas ce point de vue. Ou plutôt, elle le trouve limité. Comme à son habitude de philosophe, elle interroge la question même. Elle pense que nous n'avons ici aucune réelle liberté de réflexion autre que celle que nous nous accordons, que le principe de liberté a été créé en même temps que notre apparition, mais pas avant. Tant que nous ne sommes pas confrontés à la privation, la liberté n'a aucun sens.

Qu'est-ce que cela signifie ? C'est ce que je lui ai demandé. "Si Décembre est membre d'un complot généralisé qui nous a conduit ici selon un scénario programmé, elle n'est pas notre prisonnière, mais nous les siens." Vu ainsi, quel intérêt aurait-elle à me dire cela ? Pas la libération, puisqu'elle n'est que fictivement retenue, ses associés pourraient la libérer à tout moment. Nous mettre en doute ? mais de quoi, alors ? Dire la vérité ? C'est l'hypothèse la plus vraisemblable selon Mai.

Je revois son sourire, entre la satisfaction et le cynisme, qui accompagnait sa réflexion : "Si tout le monde vous ment en permanence, la n'est pas que vous croyez les mensonges, mais plutôt que personne ne croit plus rien. En effet, les mensonges, de par leur nature même, doivent être modifiés, et le menteur doit réécrire sa propre histoire."

Vous saisissez mieux le positionnement à l'égard de Décembre, mais vous ne comprenez pas les doutes des Douze à votre encontre et concernant le V12. Cela vous semble nuire à la possibilité de répondre à la mission confiée. Vous demandez à Janvier de clarifier sa position (poursuivez → 5.8-1.)

Vous souhaitez que Janvier approfondisse les questions qui entourent le vécu des "Douze" au sein du Dôme (poursuivez → 5.9.).