7.11. JUILLET : De la FIN... la FIN (rapport V°7)

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7.11.

Vous m'entendez, Schröd ?

Finalement, il y a un second adieu.

Je sais.

J'ai récupéré le matériel d'enregistrement de Décembre. Je ne sais pas si ce truc fonctionne comme la boîte noire. Il est trop tard pour descendre une dernière fois.

Mai et Juin sont dehors, comme vous le savez Schröd. Elles ont toujours fait passer l'intérêt des autres avant le leur. Juin est la sœur que j'aurais aimé connaître, Mai la mère qui m'aurait acceptée comme je suis. Comme les autres, elles ne sont plus là.

Il n'y a plus personne, hormis Décembre et moi. Jusqu'au bout, donc, Décembre m'aura été fidèle. Elle ne mentait pas sur ses sentiments, sa sincérité envers moi.

Le Dôme est vide, ouvert. Il est surprenant de constater à quel point l'absence est une présence insupportable. Chaque perte passée devient un fantôme du présent. Je revois Juin au dixième, avec ses carnets de notes, et Mai face aux vitres géantes en train de grogner. Dans la cuisine, ce matin, j'ai parlé à Novembre, enfin j'y ai cru. J'ai toujours la sensation que Juillet se cache derrière une porte, à m'attendre pour me faire part d'une intuition. En prenant l'ascenseur au quinzième étage, j'ai cru voir l'ombre d'Avril, avec son petit soutien habituel envers sa « Cheffe ».

C'est la fin, je le sens en moi. 

Comme m'a soufflé Juin, « si c'est la Fin des Humains, nous sommes les Humains de la Fin

Et comme l'a commentée Mai, « enfin ! »

Décembre a raison, il y a quelque chose d'anormal. Je comprends son ressenti particulier. Malgré les informations, les connaissances, malgré l'intellect, une émotion demeure. La FIN arrive et nous ne savons pas tout. Je suis rassurée qu'elle soit avec moi. L'amour est la joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure. Décembre constitue ma cause extérieure.

Nous avons rassemblé nos dernières affaires, vêtements, nourriture, soins évidemment -vous connaissez Décembre, et quelques armes blanches défensives. Lorsque l'ascenseur s'ouvre au rez-de-chaussée et que la lumière du soleil frappe nos visages, des souvenirs de mon enfance me reviennent. Je ne sais pas comment elle le sait, mais sa main se resserre sur la mienne. A un autre moment, je vous aurais dit « quelle connerie cette enfance ! », mais là je suis émue face à cette petite gamine brune qui court dans la bibliothèque de ma mémoire.

Le tout n'est pas de savoir, mais se rappeler.

Ça me revient et je comprends mieux : nous nous croyons libres que parce que nous ignorons les causes qui nous font agir. Je vois cette gamine enfermée dans les certitudes de sa famille, puis de son cercle social, et enfin ici dans le Dôme. Rappelle-toi, petite, personne ne peut t'enlever ta liberté de penser ! Tu peux être conseillée, éclairée par d'autres, mais ne laisse jamais quelqu'un penser pour toi.

Ce que j'aimerais, là, maintenant ? Remonter le temps.

Si j'étais une « Schrödinger », je ferais d'autres choix.

Est-ce trop tard ? Je manque de tellement de connaissances sur ce qui s'est produit ici. En intérieur, en extérieur. Sur vous, Schröd, sur le V.12, le Protocole, j'aimerais en savoir plus et je sens que je suis passée à côté de beaucoup d'informations.

Décembre me tient la main, ou je lui tiens la sienne. Cela dépend de l'instant. Devant la lumière du monde extérieur qui éclaire nos corps unis à l'entrée, nous sommes prêtes à sortir. De nouveau, nous serons libres.

Cette fois, je l'espère, vraiment libre.

Adieu... cher Schrödinger.


Dirigez-vous vers la fin de l'enregistrement (rendez-vous --> 7.12.).

V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant