7.5. JUILLET : De la FIN... la FIN (rapport V°7)

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7.5.

« Sortir ou mourir, rester et mourir. »

Telle était notre question, Schröd. Et en toute franchise, je ne comptais pas revenir ici vous parler. La boîte noire ne m'angoisse plus. Je n'ai plus peur de vous. Simplement, je ne voulais plus vous rendre de comptes. Mon enregistrement n'a donc pas cette fonction.

Je ne viens pas vous informer, je vous dis Adieu.

Mais reprenons, que je vous dise adieu correctement.

Nous connaissions la vérité à propos du Dôme. Après Décembre, Juillet nous a confié beaucoup d'éléments. Mais il ne fut pas le seul. Finalement, Septembre, Octobre et Novembre étaient aussi des vôtres. Enfin des vôtres, disons dans le coup. Bordel, même cela n'est pas adéquat.

Qu'importe, vous comprenez ce que je veux dire ! J'aimerais parler avec la même élégance qu'Avril ou douceur que Juin.

Tout ceci, le Dôme, le Protocole, les rapports chaque mois, tout, d'un bout à l'autre, était ainsi une expérience. Il s'agissait d'un protocole d'urgence expérimenté afin d'explorer les conditions idéales des futures gestions de crise. Il vous fallait des sujets à tester, mais aussi des compairs à l'intérieur.

Gamine, j'avais suivi les expériences psychologiques à la télévision, comme celle avec les chocs électriques. On demandait à des participants d'infliger des tortures à d'autres en leur faisant croire que c'était vrai, dans un intérêt supérieur, je ne sais plus lequel, qu'importe.

Voilà ce qu'on était, alors ? Des cobayes testés avec des rapports, pour vérifier si nous ferions des bons choix, des sacrifices ou je ne sais quoi ?

Putain de merde, des gens sont morts ici avec vos conneries ! Ça aussi c'était prévu dans votre putain d'expérience ?

Avril... Février... il y avait des gens biens qui voulaient sincèrement aider les autres ici !

J'ai besoin de quelques minutes, je reviens.

...............................................................

Voilà.

Pour Mai, c'est évident, nous étions face à un tramway sans frein. Aucune bonne solution, aucun réel choix, seulement des prises de responsabilité. Le tramway est lancé et il va tuer quelqu'un sur son chemin. Choisissons-nous les morts ou laissons-le choisir pour nous ? Dans les deux cas, il tue ; mais notre conscience n'en subit pas le même impact.

Quelle parfaite symétrie ! C'est chirurgical de précision : 6 sujets naïfs, à tester, 6 compairs, les mois de l'année, les rapports, les règles, etc. Nous étions sous le choc Mai, Juin et moi. Nous avons compris que Février, Mars, Avril, étaient dans la même situation que nous... les idiots de service. Néanmoins, même eux, de Juillet à Novembre, bien que compairs à votre macabre expérience, ils paraissaient abasourdis par les règles. Ils ne furent visiblement pas mis au courant de toute la mise en scène, sans doute afin d'être eux-mêmes contrôlés.

Enfin, je dis ça, qu'est-ce que j'en sais finalement ?

Sont-ils vraiment ce qu'ils disent ?

Décembre, c'est autre chose, elle était informée de tout, car elle avait déjà vécu l'expérience. Elle est partie prenante du projet. J'y reviendrai.

Mais les autres ? Juillet n'est pas exactement ce qu'il a dit. Septembre est hôte d'accueil dans une agence bancaire. Octobre n'est pas historienne, mais maîtresse d'école en primaire. Et Novembre ? Notre psychologue est en réalité employée dans un théâtre. Oui, j'ai suivi les conseils psychologiques de bien-être d'une gérante de salle de théâtre... Pour une bonne mise en scène, c'est cocasse.

Cela aussi faisait partie de votre protocole ?

Voir si de vrais scientifiques, des Professeurs d'université se soumettraient à l'avis d'autres membres sous prétexte d'un statut sans vérifier les arguments ? Si le but était de nous sentir misérables, c'est réussi.

Juillet fut la goutte d'eau, parce qu'il restait notre dernier rempart. Il menait l'enquête pour nous ; il avait toujours une idée. Evidemment, me diriez-vous, quand on y réfléchit avec du recul !

Même si nous savons qu'ils ont été en quelque sorte piégés comme nous, nous ne pouvons pas nous empêcher de leur en vouloir pour leurs mensonges, vécus comme une profonde trahison. La pire de toutes les trahisons est celle de Décembre. Elle savait tout, d'un bout à l'autre. Pourtant, elle maintient que des éléments lui échappent. Qu'en pensez ?

Mai la déteste, l'assimilant à une collaboratrice nazie. Vous savez, Mai craint les humains plus que tout, la banalité de leur perversité. Faire confiance est une épreuve en soi, alors imaginez son état actuel ! Je pense qu'elle a vécu des trucs horribles plus jeune. On le sent quand le sujet des enfants débarque dans la discussion. Enfin, je pourrais vous établir une analyse psychologique si seulement je travaillais dans un théâtre...

Bref. Juin est restée en retrait, avec son caractère bienveillant habituelle. Toutefois, je la sens blessée, tant Novembre était devenue un appui quotidien.

Pour ma part, Décembre m'a privée de ma liberté. Comme dit Mai, « l'homme juste et libre est celui qui connaît la vraie raison des règles. »

Avec toutes ces cachoteries, comment être libre ?

Nous sommes dans la peau de la personne trompée à qui le partenaire demande de la compréhension et de la confiance. Haha, il en faut du culot tout de même !

Connaissant la vérité de l'expérience, nous n'avions plus aucun intérêt à rester ici. Sortir était notre seul réel choix personnel depuis longtemps. La seule question qui demeurait sans réponse, c'était avec qui ?


Vous n'avez plus le choix, continuez simplement (poursuivez 🡪 7.6.).

V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant