VIII

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C'était l'amour, certes, mais lui avait un copine. Et moi j'avais fait l'idiote.

Il détourna enfin le regard, puis dans un dernier coup d'oeil, il partit.

Je venais de vivre, j'en suis sûr, le coup de foudre.

Et si, lui, non ?

Il est beaucoup trop distant avec moi pour ressentir ce que je ressent.

Et si c'était sa manière de...

- Avril ! Tu... Tu viens, on va se baigner avec les filles ?

Timothée me coupa dans mes pensées. Il était éméché et voulait aller se baigner avec ces filles.
Pff.

- Timothée, on rentre. Tu vas faire des choses que tu regretteras demain matin.

- O... Ok.

Il ne dit même pas au revoir aux filles.

Je le pris par l'épaule : il titubait légèrement.

- T'... T'as passé une bonne soirée ?

Je réfléchis

- Oui... J'ai passé une super soirée... Dis-je en souriant

- Génial alors...

- Par contre, t'as dépensé combien de milliers d'euros au bar pour réussir à être bourré ?

- Baaah, Avril, j'avais ma bouteille ! Qui se ruine au bar ?

- Ok je vois.

Une fois à l'hôtel, Il fit mine de ne plus avoir de force pour se mettre en pyjama :

- Avril... Je ne sens plus mon corps, il va falloir que tu me déshabille...

Je le regarde, tête baissée et sourire en coin. Je m'approche de lui alors qu'il s'assoit sur le lit. Je lui enlève son t-shirt, fais danser ma main sur son torse, la fait lentement descendre jusqu'au bouton de son jean et approche ma bouche de ses lèvres. Alors qu'elles allaient se toucher, je m'arrête et dit dans un soupir :

- Il ne fallait pas abuser de l'alcool alors...

Je me relève et vais à la salle de bain pour me démaquiller. De là-bas, je l'entend dire :

- Wow... T'as pas le droit de faire ça. Mon désir pour toi ne fait que grandir de jour en jour !

Je fais mine de rigoler.
En réalité, ce petit jeu de femme fatale qui se fait désirer cachait surtout le fait que me sentais mal pour lui de le faire ce soir. Je n'étais pas contre de le faire, mais je savais pertinemment que je ne penserai pas à lui mais... oui. À Garrel. Louis Garrel.
Il était désormais ( encore plus qu'il ne l'était ces derniers temps ) le principal objet de mes pensées. Je le désirai. Et ça, ça allait être dur à cacher, d'autant plus que la fameuse interview sortirait bientôt.

Lorsque je reviens pour me coucher, Timothée dormait déjà. Je me glisse sous la couette et ferme les yeux.

Je suis dans une forêt, dans une clairière plus précisément. 8 arbres forment un carré dans lequel de la musique est diffusée, très forte. Je me met alors à danser, prise par le rythme. Là, j'entends des cris : une horde de filles surexcitées entre dans la carré en dansant. Au milieu d'elles se trouve Timothée. Il s'avance vers moi, mais je ne sais pourquoi, il fallait que je le fuis. Toujours en dansant, je fais mine de l'ignorer en m'éloignant de lui. J'entends maintenant des sirènes de police. Un homme cagoulé débarque, les poches débordantes de bâtons de réglisses. Il s'approche de moi, et me donne un réglisse pendant que j'enfile moi aussi une cagoule, que j'avais apparemment sur moi. On se met alors à courir pour sortir de la clairière carrée. Après au moins 20 min de course, nous nous arrêtons. L'homme enlève sa cagoule pour dévoiler son visage : Louis Garrel. Je le savais, je l'avais deviné à l'instant où il était entré dans ce carré d'arbres. "Tu viens, je dois aller planter ces réglisses ?" Me dit-il. "Bien sûr !"
Alors que nous plantions désormais des saumons dans de la terre orange, un énorme bip bip retentit.

Système- Louis Garrel× AvrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant