VII

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- Bonne soirée.

Et il s'en alla.

Je... C'est tout ? On vient de partager un moment de grande complicité, on vient de rire ensemble, il m'a offert un verre à 20 balles ( que je n'ai d'ailleurs pas bu), il m'a sourit sincèrement, et... "Bonne soirée ?"
Après avoir bu mon whisky, je rejoins Timothée sur la piste de danse, déboussolée.

- J'adore cette chanson !! Me crie-t-il

Un groupe de meufs lui tournait autour. Lui ne semblait pas trop gêné par cela. Peut-être avait-il l'habitude. Il avait l'habitude.

Je danse à ses côtés, les filles autour me tuant du regard lorsqu'il m'embrassa.
J'adore cette sensation : la musique plus forte que tout, sentir mon cœur battre dans ma poitrine, mes hanches onduler, mes bras caresser l'air, mes jambes s'entrechoquer avec celles d'inconnus, sentir des doigts effleurer mes joues, sentir des regards sur moi et m'en foutre... Cette sensation de liberté que je n'atteint que lorsque je danse ou que je vois pour la première fois un film que j'ai réalisé sur un écran de cinéma.
Je rouvre les yeux. Je croise alors le regard de Louis Garrel. M'observant. Je m'arrête alors.
J'ai soudainement l'impression d'être plongée dans son film, celui où le personnage principal regarde sa femme danser avec cet inconnu. La musique classique en fond, je nous voit à la troisième personne. Comme une scène de film. D'abord la mise au point sur lui, adossé contre le mur, tête légèrement baissée, regard plongé dans le mien. Mise au point sur moi, au milieu de tous ces gens flous qui dansent, figée sur la piste. Nos univers se rencontraient réellement, enfin. Nous regardions le même film, je le savais, c'était une évidence. Nous étions muets et pourtant, pourtant, nous savions. Nous savions que notre rencontre voulait dire quelque chose, qu'elle avait un sens.

C'était l'amour, tout simplement.



Système- Louis Garrel× AvrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant