Chapitre XVII : ✒️

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Une obscure nappe étoilée recouvrait le ciel, bientôt, elle se fera submerger par son éternel antagoniste bleuté.

Certains râlaient à l'idée de devoir se lever pour entamer une nouvelle journée. Pourtant, un petit groupe d'épéistes téméraires ne rêvait que de cela depuis la tombée de la nuit. En effet, ils avaient engagé durant ce nouveau cycle, une bataille sanglante contre leur ennemi juré, démoniaque, accompagné de ses subordonnés, au cours de laquelle chaque seconde qui passait signifiait que ce cauchemar allait s'éclipser, un peu plus, encore, bientôt.

Chaque seconde, semblable à une heure, petit à petit, des vies s'éteignaient, des coups s'échangeaient et des rêves se brisaient. Néanmoins, le temps passait.

Ainsi, le jour se levait. Le combat était terminé.

Ils avaient gagné.

Malgré les nombreuses pertes, et quelques contre-temps, Tomioka se trouvait là, debout au milieu de cet urbain marécage d'horreur aux côtés des pourfendeurs encore sur pieds. Il ne parlait pas, et réalisait juste tout ce qu'il venait de se passer en balayant cette scène macabre de ses yeux vides marins, à la recherche désespérée de cette trace de vie belliqueuse qu'il chérissait tant.

Muzan n'était plus, ils venaient de remporter cette longue bataille contre les démons qui durait depuis plusieurs centaines d'années. Il n'arrivait pourtant pas à exprimer sa joie en ne remarquant pas dans le tas de survivants sur pieds ce qu'il cherchait. Pourquoi son accès au bonheur était-il toujours contraint ?

Tandis que son cœur se serra, son esprit célébrait de multiples retrouvailles avec la faux ainsi que son désespoir de voir ce qu'il ne voulait pas. Cette vision d'horreur qu'il ne réalisait pas. Néanmoins, ce ne fut pas totalement le cas, il aperçut au loin, allongé et entouré par des nombreux furtifs guérisseurs, la lumière qui éclairait ses abysses.

Aussitôt, il lâcha son sabre qui retentissa avec un lourd tintement métallique contre le sol et il se précipita en sa direction. Certes, il n'avait plus de force, mais cela ne comptait pas pour l'être qu'il aimait. Il était rassuré, même si son désarroi persistait. Était-il réellement sain et sauf ? De multiples interrogations germaient dans son esprit et il ne savait plus quoi faire durant ce cours laps de temps durant lequel chaque pas le rapprochait de cette triste vérité. Allait-elle voir le jour ?

Il se faufila entre quelques courageux, dévoués dans leur mission de soin des rescapés et se trouva bientôt devant lui. Devant cet homme qu'il appréciait, qu'il aimait, qu'il chérissait et pour qui il donnerait tout. Les yeux clos, aucun signe de vie n'émanait de ce corps hormis un sordide sourire paisible. Non. Cela ne pouvait pas être possible.

Dans un premier temps, le regard de Tomioka s'assombrit tandis que son teint devint livide
Un frisson lui parcoura l'échine et il paniqua à l'idée de voir qu'une nouvelle fois, le Dieu de la Mort s'était joué de lui. Néanmoins, avant de tirer une conclusion hâtive, il observa les détails de cette sculpture pour remarquer qu'elle n'était pas si immobile que son âme l'avait prétendu.

En effet, il remarqua que dans un rythme régulier, sa cage thoracique se gonflait puis se rétractait.  Il respirait. Sanemi n'était pas parti.
De ce fait, et sans contrôler ce qu'il se passait, des perles d'argent dévalaient les joues, du rescapé, il serra délicatement son bien-aimé dans ses bras, bien que ce geste ne fut pas réciproque puisque lui, dormait paisiblement.
Il vint ensuite lui murmurer quelques mots doux succints, avant de s'éloigner et de laisser son vis-à-vis aux mains des experts. Il
« s'éloigna », juste assez pour ne pas gêner les actifs.

Il ne pût rester longtemps, étant donné que des furtifs avaient insisté pour le soigner lui. Malgré ses réticences à assurer qu'il se portait bien, il fut obligé et quitta avec regrets la présence de sa Belle Au Bois Dormant. Cependant, en dernier au-revoir, il le couvra de son précieux haori par précaution contre le froid, comme porte-bonheur aussi, et dans l'espoir de voir ladite princesse se rétablir rapidement.

۰ ۫𓂃 : « Do you want.. ohagi.. ? » ۰ ۪۫ • Où les histoires vivent. Découvrez maintenant