Chapitre 1

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Le feu mordant se nourrissait de sa peau rougeoyante qui, peu à peu, fondait à son contact prolongé. Lui, il hurlait. Et pourtant, ses mains crispées continuaient de maintenir la silhouette démoniaque prisonnière à la fois de son étreinte, mais également de celle du brasier mangeur de chair. Parce qu'il le fallait. Parce que personne ne l'aurait fait à sa place. Parce que ne rien faire, c'était les laisser mourir.

Et il ne laisserait pas ce monstre lui prendre ceux qu'il aimait. Alors, c'était lui qui y passerait. Il n'était pas prêt à mourir, il ne l'avait jamais été, mais... C'était comme ça. Il avait été le seul à se précipiter sur cette abomination, le seul à prendre la décision de stopper tout cela pour réparer les erreurs commises par d'autres. Des erreurs dues à un égoïsme aussi clair que la noirceur du Nogitsune.

Il hurla, encore et encore, se fit violence pour garder le monstre immobilisé au milieu des flammes. La douleur était insupportable mais l'adrénaline restait plus forte que tout. Son regard devint rubis et il croisa, l'espace d'un instant, les prunelles bleues terrorisées d'Eli.

Son fils. La chair de sa chair.

Et dire qu'il était en train de lui infliger ce qu'il avait lui-même vécu. La douleur de la morsure des flammes l'empêcha de réfléchir, de s'imaginer l'horreur et le traumatisme dont il serait à l'origine. Mais il le protégeait, lui qui n'aurait pas dû se retrouver impliqué dans toute cette histoire... Il le protégeait, il les protégeait tous.

Pour lui, c'était tout ce qui comptait.

Derek brûlait vif. Il n'entendait rien à par le crépitement des flammes qui le dévoraient avec une lenteur sadique. Un crépitement morbide... Ou alors était-ce ses os qui se brisaient ?

En tout cas une chose était certaine : il mourait à petits feux, répétant le schéma qui l'avait façonné...Sa famille avait été décimée par les flammes et voilà qu'il s'apprêtait à la rejoindre de la pire des manières.

Et il hurla, encore, hurla sa souffrance jusqu'à...

- Derek !

... Jusqu'à...

- Derek !

... Mourir ?

D'un coup, le froid l'envahit. Un froid glacial. Puis, une chaleur douce, quoiqu'un peu tiède. Mais il n'avait plus mal. Le brasier ne le rongeait plus. Suite à ce constat Derek ouvrit brutalement les yeux. Son regard paniqué balaya les alentours et il vit... Il vit une chambre aux tons crème, surmontée grandes fenêtres aux rideaux à moitié transparents voletant doucement au gré de la légère brise qui s'infiltrait dans la pièce.

Et Derek fut frappé par le silence léger.

Pas de crépitement incessant. Il se retourna brutalement, à gauche, à droite : il ne vit pas l'ombre d'une flamme. Rien. Ses prunelles affolées finirent par se poser sur la main sur son épaule. Sa source de tiédeur. Il leva les yeux... Qui accrochèrent deux orbes ambrées.

La main sur son épaule se déplaça, alla se poser sur sa joue avec une délicatesse infinie et Derek sentit sa gorge se serrer, comme si... Comme s'il allait pleurer. Que lui arrivait-il ? Pourquoi son corps... Mais oui, il tremblait ! Il tremblait et... Son cœur battait beaucoup trop vite. N'avait-il pas le souffle court ?

- Respire, Der.

Les doigts effleurèrent son éternelle barbe de trois jours avec une douceur infinie et à ses côtés, le lit s'affaissa. Derek ne le quitta pas du regard et fit de son mieux pour l'écouter, appliquer son conseil. Néanmoins, il... Il était perdu. Ne savait pas, ne savait plus. Était-il en vie ?

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