Les roses blessent

Chapitre 15 - Lune de minuit (Bonus 3)

Narrateur

Je commencerai par dire que l'amour est une chose complexe dans notre monde - si, en fait, elle n'est pas la chose la plus complexe. Disserter sur l'amour serait une perte de temps. Non, plutôt, je préfère, disons, résumer la puissance de l'amour sur l'être.

Aimer, c'est donner une partie de soi à un autre. C'est se séparer d'un bout de notre âme, de notre conscience ; bref, de notre être. De par ce fait, nous n'accordons de l'amour qu'aux personnes qui ont de l'importance pour nous. N'est-ce pas ?...

Oui. disserter sur un tel sujet est complexe : tout le monde agit différemment à cause de l'amour (ou grâce à ?). Je veux dire, certains seront plus déterminés que d'autres à agir en étant amoureux, d'autres pardonneront plus facilement, et puis il y a ceux qui sont aveugles. Ceux-là, en toute honnêteté, ce sont les pires. Se voiler la face à cause d'un sentiment est la pire chose qu'une personne puisse faire.

Pour conclure, (tiens ? disserterais-je finalement ?) je dirais que Léa tombe dans ces trois catégories de personnes.

***

Le lendemain de l'enterrement. Un lundi. Léa est seule, terriblement seule. Elle a tout perdu : sa meilleure amie - sa cousine - ses amis, et peut-être une partie de son petit ami, Timothé. Sans personne mis à part son ombre, dans sa chambre mal éclairée, Léa tente d'oublier en lisant un livre. Une romance, sans surprise. Elle ne sait se détacher de ce qui lui manque.

Son téléphone ne cesse de vibrer. C'est Timothé qui ne cesse de lui envoyer des messages. À chaque vibration, elle tourne la tête sur le côté, et résiste. Elle veut se refuser de regarder son téléphone. Mais c'est dur. Comme je l'ai dit, Léa fait partie de ces personnes qui pardonnent facilement. Alors pourquoi hésiter ?...

Et puis, n'oublions pas qu'elle a toujours souffert du manque d'amour et d'attention. Elle s'est toujours sentie en retrait, oubliée. Seule. Comme aujourd'hui. Et, finalement, alors qu'elle reculait dans le sombre tunnel de la vie, elle a vu la lumière au bout de celui-ci : Timothée. Alors pourquoi hésiter ?...

Finalement, elle accourt vers son téléphone. Elle ne peut plus résister. C'est trop dur. Comprenez-la, le bonheur l'attend derrière cet écran, cette vitre numérique qui la sépare de son amour physique, et non pas... numérique (enfin... je crois) !

Elle ouvre la discussion avec Timothé. Il lui a envoyé une bonne douzaine de messages, la moitié d'entre eux durant l'enterrement. Mais ça, elle s'en fiche. Elle n'attend qu'une chose, et c'est de lui parler. Elle tremble. De peur, d'amour, ou... d'excitation ?

Salut ma chérie... Je t'écris parce que je me sens

comme un con... Je regrette ce que j'ai dis hier.

Ça ne se refera plus.

Léa ? T'es où ?

Je comprends pas pourquoi tu ne

ne m'as pas laissé aller à l'enterrement...

Je t'aurais soutenue...

Bébé, pour toi je ferais tout.

Réponds-moi ! Tu m'inquiètes.

Léa ? Bébé ? Chérie ?

Salut mon coeur, j'espère

que tout se passe bien à l'église...