Chapitre 44

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Au matin, j'ai évidemment la gueule de bois et l'estomac dans les chaussettes. Même mon café se fout de moi, tandis que je l'observe comme si c'était mon ennemi.

Dans le restaurant de l'hôtel Adam se laisse tomber sur une chaise devant moi, en poussant un soupir. Il est échevelé, porte des cernes mais, avec son teint bronzé, il a l'air en meilleure forme que moi. Il reste silencieux pendant un moment, laissant mon cerveau atrophié au repos. Enfin, je suppose que le repos est tout relatif, puisqu'un milliard de pensées négatives s'occupe de m'enterrer sous une bonne couche de déprime. Colin n'est pas rentré cette nuit. Doris non plus. Ils ont passé la nuit ensemble. Fin de l'histoire. Ils sont seulement amis. Il s'est occupé d'elle, c'est tout... Pas très convaincant ! C'est la triste réalité de ma vie. Mon sombre métalleux est un connard. Je l'avais seulement oublié. Il a choisi... Et visiblement, ce n'est pas moi. Mon côté cartésien tente de trouver des explications « rationnelles » à sa sortie précipitée, mais mon côté fleur bleue m'empêche d'en apprécier la pertinence. Son visage froid, ses manières de me considérer comme si nous étions des inconnus l'un pour l'autre, me blessent plus que je ne l'aurais imaginé. A qui tu veux faire croire ça ? Tu es dingue de ce mec, Luan !

Adam m'observe en silence, à travers ses longs cils blonds. Je frotte mes lèvres, pour effacer une goutte de café qui s'y attarde ; et lâche à nouveau un long soupir. Je me demande quel genre de relation j'entretiens avec Colin. Jusque-là je ne m'étais pas suffisamment posé la question. Le coup du van et des bougies, chanter avec lui, faire l'amour avec lui, m'ont fait miroiter des rêves. J'ai perdu tout bon sens. Je ne sais même pas si nous sortons officiellement ensemble, ou si je suis juste un coup pratique à tirer en tournée. Je lui ai peut-être facilité la tâche ! Super ! Mon ego vient d'en prendre un sacré coup.

Adam : "Hé Luan, j'ai envie de sortir cet aprem. Le vent est sympa aujourd'hui, idéal pour surfer. C'est Miami ! Ça te branche de venir avec moi ?"

Adam m'adresse un sourire compatissant qui m'agace, comme s'il savait que j'étais la bonne godiche de service. La groupie, putain ! Il n'a pas tort, de toute façon. C'est soit suivre Adam et me détendre sur la plage, soit m'enfermer dans ma chambre d'hôtel en essayant de ne pas pleurer.

Luan : "Je te remercie de pas m'accabler de pitié."

Ses lèvres se fendent d'un sourire. Il attrape ma main et la presse dans la sienne.

Adam : "J'ai juste envie de t'changer les idées. Mer, plage, rouleaux..."

Son sourire s'agrandit. J'y réponds, même si le mien ne doit pas être très convaincant.

Luan : "Tu es le pilier de ce groupe."

Adam : "Héhé, il faut bien que quelqu'un s'y colle ! Sans moi, ils partent en sucette, en musique comme dans la vie."

Il ne me dit pas que tout va s'arranger, que Colin va revenir, m'enlacer et prétendre que tout va bien.

Luan : "C'est toi qui m'as mise au lit, hier soir ?"

Il ricane, en enfonçant son menton dans la paume de sa main.

Adam : "Ouais, t'en tenais une bonne ! J'ai failli te mettre sous la douche, mais tu t'es endormie comme une belle au bois dormant."

Luan : "Je suis navrée de m'être donnée en spectacle. Ce n'est pas tellement mon genre pourtant."

Adam : "Ne t'inquiète pas. Tu n'es pas la première fille bourrée que je couche, même si d'habitude je squatte leur lit ensuite."

Il m'envoie un clin d'œil moqueur.

Adam : "Je suis désolé d'avoir dû retirer ton tee-shirt, mais tu t'es vomi dessus quand on a pris l'ascenseur."

IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant