IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du Cœur

Chapitre 59

Je referme la porte de chez moi. Mon cœur m'élance. Je me laisse tomber de tout mon long sur mon canapé, complètement démolie. La situation dans laquelle je me trouve est surréaliste ! Colin m'accuse de l'avoir dénoncé à PIR Group ! C'est grotesque ! Si bien que je ne comprends pas qu'il ne s'en rende pas compte lui-même. Comment peut-il envisager que je puisse à ce point trahir sa confiance ?

Je me replie en chien de fusil sur mon canapé. Je chasse Nala qui vient chercher son lot de caresses. Je n'en ai plus en stock. Je suis dévastée. Colin m'a brisé le cœur aussi facilement qu'il envoie bouler les gens. Je n'étais qu'une donnée de plus, une anomalie dans un programme informatique.

Je serre les poings. J'ai si mal que j'ai la sensation de ne plus être capable de respirer normalement. Je ferme les yeux pour ne pas pleurer. Mais c'est foutu d'avance. Les yeux me brûlent puis les larmes ruissellent le long de mes joues. J'ai beau crisper la mâchoire, cela ne fonctionne pas. Je réalise, avec la douleur d'une aiguille qui s'enfonce dans ma chair, que mon histoire avec Colin s'achève de la plus horrible des manières. Je me suis fait jeter comme si j'étais la pire des personnes. Je ne vaux même plus une fan hystérique à ses yeux. Je ne vaux plus rien du tout. J'ai envie de l'insulter, de lui jeter des tomates au visage, de le griffer, de le mordre, et de pleurer ensuite toutes les larmes de mon corps.

Désespérée, j'attrape mon téléphone et regarde sur Instagram toutes les photos de nous. Il y en a des centaines maintenant, en concert, en soirée, même au boulot. Je soupçonne Matt de nous avoir photographiés à notre insu. C'est bien son genre ! Peu importe, à présent. Je reste figée sur une photographie de Colin, un léger sourire aux lèvres, les yeux posés sur moi. En la regardant de plus près, je songe qu'il a l'air heureux avec moi, détendu. Il a enveloppé ma taille de son bras et me tient lovée contre lui. La meilleure place du monde à mes yeux...

J'enfonce les dents dans ma lèvre inférieure pour remplacer ma douleur par une autre, même si je sais que c'est inutile : rien ne pourra la faire disparaître. Je me relève et me traîne jusqu'à la cuisine. Je sors du frigo une bouteille de vin blanc et me sers un grand verre du liquide ambre. Je me laisse ensuite tomber comme une pierre sur mon divan. Le goût de l'alcool me rappelle celui de Colin, lors de quelques soirées arrosées. Comment fait-on pour oublier un homme qui vient de vous briser le cœur ? Pas de mode d'emploi ou de notice pour expliquer comment se débarrasser de la souffrance qui gagne le moindre de mes muscles.

L'alcool m'embrume l'esprit. Je ressens encore plus intensément la douleur d'avoir été quittée de cette façon abominable. Je bois une nouvelle gorgée avant d'abandonner le verre sur la table basse. Je me roule en boule sur mon divan et laisse libre cours à mon chagrin. Je crois que le nuage éthylique qui m'environne m'a donné le courage de prendre mon téléphone pour lui envoyer un message. Je le regretterai demain parce que cela ressemble bien trop à une justification, comme si j'avais quelque chose à me reprocher. Je tape : « T'es qu'un sale con sans le moindre sentiment. ». Et je rajoute : « La prochaine fois que t'accuses quelqu'un, assure-toi d'avoir des preuves tangibles, et pas seulement des hypothèses débiles. ». Je pensais n'obtenir aucune réponse, en dehors de son silence. Colin n'est pas du genre... Non, en réalité, je ne suis plus certaine de savoir qui est véritablement Colin. Je suis d'autant plus surprise lorsque mon téléphone vibre, m'affichant un message qui me rend folle de rage et de chagrin. Je le hais !

De COLIN à LUAN : "La seule preuve, c'est toi. Tu étais la seule à savoir. C'est un fait. Point final."

Le « point final » a raison de moi.

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Je me traîne au boulot. Je feins d'aller bien. Matt ne doit pas être dupe mais, pour une raison étrange, il me laisse tranquille. Il est conscient que je ne suis pas en état d'entendre des vannes, même très bonnes.