IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du Cœur

Chapitre 60

Adam se mordille les lèvres. J'ai l'impression d'entrevoir les rouages de son cerveau, derrière l'ombre de ses iris. Puis je l'entends marmonner un « putain », avant de sentir le contact de ses lèvres sur les miennes. Je laisse ses mains envelopper mes joues pour me maintenir contre lui. Je n'en reviens pas d'être en train d'embrasser Adam, ou plutôt de le laisser m'embrasser. J'embrasse le meilleur ami de Colin, son meilleur ami !

Nous nous sommes immobilisés au milieu de la piste, secoués par les corps des autres danseurs. Je suis atterrée par ma propre réaction, mais je ne bouge pas ! Ses lèvres caressent doucement les miennes, comme s'il était apeuré ou qu'il cherchait à m'explorer. Il ne les écarte pas pour m'envahir ou me goûter. Il se contente de redessiner le contour de ma bouche. Je me demande s'il tente juste de me montrer que Colin n'est pas le seul homme qui pourrait entrer dans ma vie. Peut-être que je lui plais vraiment. Si c'est le cas, il profite de la situation. Je doute fortement qu'Adam soit capable d'une telle ignominie. Ses grands bras entourent ma taille et ses mains franchissent la couture de mon t-shirt pour toucher ma peau. Des frissons étranges galopent dans tout mon corps. Je ne suis pas sûre d'apprécier, comme je ne suis pas sûre de détester. J'essaie d'oublier Colin dans les bras d'un autre. C'est mesquin, puéril, et probablement inefficace, mais c'est la seule issue qui apparaît dans mon brouillard.

Le souffle d'Adam est rapide, presque saccadé. Son corps est tendu et ferme. Ses pectoraux de surfeur s'écrasent sur ma poitrine et ses biceps bien sculptés frôlent mes bras. Mais au fond de moi je sais très bien qu'il n'est pas Colin, qu'il ne le remplacera pas, ni ce soir, ni probablement jamais...

Si Colin arrivait dans le bar à ce moment, je me demande comment il réagirait. Il se dirait sûrement qu'en fait, en tournée, quand j'ai passé la journée avec Adam à la plage, nous avons couché ensemble, pendant que lui était avec Doris. Il serait bien capable de tout remettre en question. Et il risquerait de casser la gueule à Adam. Et peut-être la mienne, par la même occasion.

Brusquement la piste musicale change et je me fige de la tête aux pieds. Adam se contracte en écho et recule aussi sec. La voix de Colin s'insinue autour de moi, sur moi, en moi. Je considère Adam, déboussolée, sur le point d'éclater en sanglots. Il passe la main dans ses cheveux. Une ride se creuse sur son front. Son regard fuit le mien. Je l'entends grogner malgré la musique. Il tourne brusquement les talons et s'enfuit hors de la piste. Je reste un moment saisie et ébranlée, avant de lui emboîter le pas. Même si c'est très puéril de ma part, et inutile, d'autant que mon sac à main est resté à notre table. Je n'ai pas le choix ! Je m'approche de lui comme si j'avais affaire à une bête féroce et dangereuse. Il est en train de reposer le verre d'alcool qu'il tenait serré dans la main, les phalanges blanchies. Je m'arrête à ses côtés et m'adosse au rebord de ta table. J'ai envie de m'enfuir ! Il ne me regarde pas, la nuque basse, ses cheveux blonds tombant devant ses yeux. J'ai assez bu l'alcool pour ce soir. Je risque de faire des grosses bêtises, si je continue. Il vaut mieux que je rentre.

Luan : "Je... Je vais rentrer Adam."

Adam : "Je... je suis désolé, Luan. Ce n'est pas... je ne voulais pas... Colin va me buter."

Luan : "Ça ne regarde plus Colin. Il n'a pas besoin de le savoir."

Adam : "Ce n'est pas une bonne idée de lui mentir."

Luan : "Nous ne sommes plus ensemble ! Ce n'est pas ses oignons."

Même de le prononcer à voix haute, ça me fait mal... Quelle vie de chien !

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Je suis nerveuse. Je n'ai pas revu Adam depuis ce fameux soir. Je n'ai pas revu Colin non plus. Nous avons pris grand soin de nous éviter au bureau. Lorsque j'apercevais sa silhouette dans un couloir de Carter Corp, je tournais aussitôt les talons pour le fuir. Oui, je sais, je suis très courageuse ! Surtout qu'à un moment ou à un autre je ne pourrai plus les éviter, ni lui ni Adam. Et ce moment est arrivé ! Concert obligatoire dans notre petit bar habituel. J'ai autant envie de m'y rendre que de me pendre.