IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du Cœur

Chapitre 7

Le lendemain matin, en quittant mon appartement, je suis excitée comme une puce. Ma réaction est totalement disproportionnée, mais je ne parviens pas à canaliser mes émotions. Je cherche des prétextes pour lui rendre visite. Un problème d'ordinateur ? Je me suis perdue dans un couloir du 40e étage ? Serai-je crédible si je fais semblant de me fouler une cheville devant son bureau ? Pourquoi ne pas lui avouer la vérité ? « Je cherche à savoir qui tu es ! »

Sur le chemin du travail, je passe devant le Starbuck et décide de m'y arrêter. Un café est un motif comme un autre. Ce n'est pas un rendez-vous. Je lui achète seulement un café. Je le remercie pour son aide. Je lui propose de le siroter dans son bureau, en lui tenant compagnie, et j'essaie de lui soutirer quelques informations. Mais bien sûr, il va gober ça ! Ça a tout à voir, mais je nierai en bloc ! Comme je n'ai pas d'idées moins saugrenues que celle-ci, je lui commande un expresso. Je ne vois pas Colin avaler un moka à la vanille. Il a plutôt la tête du type qui boit des bières avec des copains, en jouant de la guitare.

Dans l'ascenseur qui me conduit au 40e étage de la société, la nervosité m'envahit bel et bien. Je jette un œil à mon reflet dans le miroir pour vérifier ma coiffure et mon maquillage. Tout est en ordre. Je suis sexy, ce matin. Je ne souhaite prendre aucun risque. J'ai juste besoin de me rassurer, de me sentir mignonne. Colin est si sublime que n'importe qui passe pour un asticot à côté de lui. Hors de question que ça m'arrive. La cabine s'ouvre sur un large couloir. Mes chaussures s'enfoncent dans la moquette. J'ai l'air stupide avec mon café dans les mains. Je n'ai rien à faire à cet étage. Colin est un imbécile arrogant... Alors, pourquoi suis-je en train de m'intéresser à lui ? Je marmonne à voix haute.

Luan : "Bonne question !"

A travers les cloisons de verre, je distingue de petits open spaces, bien plus étroits que celui dans lequel je travaille. Des gens s'affairent autour de plusieurs ordinateurs, concentrés sur leurs tâches. Personne ne me prête la moindre attention. Je continue mes investigations. Le couloir me paraît immense. Je cherche le numéro 4, mais je ne le trouve nulle part. J'ouvre une porte au hasard, après avoir donné un petit coup pour annoncer mon entrée, et me retrouve devant de longues rangées de serveurs. Un vrombissement résonne dans la pièce mais, en dehors des machines, elle est vide. Je referme la porte et avance vers la suivante. Aucun numéro sur cette porte non plus. Je l'ouvre et, comme la précédente, découvre des serveurs par dizaines qui se partagent l'espace dans un bruit de moteur. Je suis persuadée de commettre une erreur. Je referme une nouvelle fois la porte et poursuis mes recherches. En avançant dans le couloir, je me rends compte que j'ai seulement rencontré ce type une fois pendant un concert et que je suis déjà en train de le pister. Ce qui fait de moi une espèce d'espion ! C'est plus fort que moi. J'ai besoin de découvrir qui est vraiment Colin. Pourquoi ? Je l'ignore. Je dois juste le faire. Savoir. Un peu plus loin, je passe devant une porte entrouverte et continue sur ma lancée, mais une coulée glacée ruisselle le long de ma colonne vertébrale. Je recule de quelques pas et dirige mon œil dans l'interstice. Mon cœur recommence sa folle cavalcade. Colin est plongé dans son travail, son regard fixé sur son écran d'ordinateur. Une petite ride de concentration s'est creusée entre ses sourcil bruns. Il est tout ce que je ne devrais pas désirer. Je suis pourtant fascinée par les lignes de son visage et ses traits parfaitement symétriques. J'en ai presque oublié les raisons de ma présence. Colin me rend stupide. Son nez est parfait. Ni trop grand, ni trop petit. Ses lèvres sont de véritables appels aux baisers. Et ce regard de glace bleue... Le désir se réveille en moi. J'ai l'impression que je n'ai pas eu envie d'un homme depuis une décennie. J'avais presque oublié ce que ça provoquait. C'est effrayant, et en même temps trop tentant. Il ne fait rien pour m'attirer, et pourtant je fonce tête baissée vers lui, inconsciente de tous les dangers. Colin se tient devant des tas d'écrans de contrôle sur lesquels défilent des cryptogrammes qui dépassent totalement mes capacités de compréhension. Je me concentre sur son profil ombrageux. Des écouteurs sont enfoncés dans ses oreilles, il écoute de la musique. Je devine quelques vibrations, le son des basses et de la batterie qui tape fort.