Chapitre 18

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Nous avons passé tous les soirs de la semaine à jouer de la musique et à répéter les autres morceaux de leur répertoire. Colin ne m'a pas insultée une seule fois. Il s'est même montré patient, ce qui bien sûr m'a inquiétée. Manifestement ma réserve l'amuse beaucoup, et il n'a pas de cesse de se moquer de moi, avec son petit air taquin et froid habituel. Il a une incroyable capacité à balancer des vannes, avec un sourire charmant et des yeux si pâles qu'on les confondrait avec la glace d'un iceberg. Tomber amoureuse d'un métalleux est définitivement une mauvaise idée ! Ce n'est pas parce qu'il s'est subitement adouci que je dois le laisser faire ce qu'il veut de moi. Il n'aurait pourtant qu'un mot à prononcer pour que je le suive à l'étage, dans cette pièce qui a dû voir passer tout un bataillon de fans en furie. Je ne veux pas être l'une d'entre elles. Mon cœur me joue de vilains tours. Plus je répète à ses côtés et plus sa présence ma manque, quand je ne suis pas avec lui.

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Ce midi, Colin m'a encore surprise. Il m'a envoyé un mail pour m'inviter à déjeuner au restaurant du coin. Quand je le rejoins, il est assis devant un verre de vin, dans son costume de travail, sexy au possible. Il me regarde approcher sans réelle expression. Colin sait parfaitement masquer ses pensées. Il sait jouer de son petit côté ténébreux, qui séduit les femmes, comme d'autres se servent de l'humour. Il utilise parfaitement son côté mystérieux. Plus il en abuse et plus les filles sont prêtes à lui jeter leur culotte sur scène !

Je prends place en face de lui, toujours avec la même prudence. Il lève un sourcil amusé lorsqu'il constate que je me tiens à distance. Il tapote la table avec son index, puis me lance un sourire à me retourner le cœur dans tous les sens.

Colin : "Luan, quand est-ce que tu lèves les barrières, au juste ?"

C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Je plisse les yeux, détends mes jambes sous la table jusqu'à frôler ses chaussures noires ultra-luisantes. Je ramène aussitôt mes pieds sous ma chaise, ce qui lui arrache un léger rire.

Luan : "Avec toi, jamais."

Colin : "Pourquoi ?"

Luan : "Trop dangereux pour ma santé..."

Colin : "Seulement si tu craques pour moi."

Luan : "Ce qui est loin d'être le cas."

Colin : "Alors y a pas de problème."

Je devine dans ses yeux que ma réponse l'a touché. Il a légèrement froncé les sourcils. Ce fut une réaction rapide, mais j'ai eu le temps de la saisir au vol. Et si...? S'il s'intéressait vraiment à moi, au-delà de la musique ? C'est possible ? Devrais-je craquer et lui avouer qu'il me plaît ? Après tout, qu'est-ce que je risque ?

Nous nous dévisageons en chiens de faïence pendant cinq bonnes minutes. Aucun de nous deux ne rompt le silence. Celui-ci devient dérangeant et même oppressant. Mon rythme cardiaque s'accélère. Je dois vraiment rompre ce silence gênant.

Luan : "Au fait, tu as choisi les derniers morceaux pour l'album ?"

Il hoche la tête, presque soulagé que je parle enfin. Il me tend une pochette qu'il avait gardée sur la table.

Colin : "Les dernières partitions. Jettes-y un œil. On pourra les jouer quand tu les maîtriseras un peu."

J'acquiesce, toujours emballée par l'idée. Plus le temps s'écoule et plus je prends plaisir à m'accorder à sa guitare et à sa voix. Chaque fois qu'il chante, je suis transportée dans un autre univers. Dans son monde à lui.

IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant