Chapitre 68

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Nous nous sommes remis de nos émotions après la venue du FBI, mais je sens bien que cette histoire a laissé des traces chez Colin. Il le dissimule avec sa virtuosité habituelle, mais je commence à être capable d'interpréter ses mimiques discrètes.

Après un concert intimiste dans notre bar, nous nous sommes installés autour d'une table. Tout le monde est présent : Matt, Lisa, Adam, Colin et Doris. D'autres collègues sont venus également. L'histoire du FBI agrémente les conversations depuis le début de la soirée. Chacun y va de son commentaire. Tout le monde a été surpris de l'accusation portée contre Brian, de la compta. Le FBI n'a pas fouillé les dossiers de Carter Corp. Heureusement, car si des documents incriminant Colin et Carter avaient été oubliés...

Cette histoire m'a rapprochée de Colin. Depuis que nous avons craint tous les deux son arrestation, nous ne nous sommes pas quittés d'un iota. Même au boulot, c'est une torture d'attendre de le revoir.

Matt : "Au fait, la semaine prochaine, vous n'avez pas un autre concert ? Je sais plus le nom de la ville..."

Je tressaille. Merci à Matt, monsieur Pieds-dans-le-plat, qui pose le sujet qui fâche sur la table, comme une fleur !

Adam : "Rochester."

Matt : "Ça va vous changer de Miami !..."

Le regard de Colin est sur moi, épiant mes réactions. Je reste statique, les genoux serrés, les mains crispées sur mes cuisses. Je me force à sourire. Histoire de le dérider un peu, mais ça ne fonctionne pas. Il me toise avec circonspection, cherchant à découvrir le fond de mes pensées. Simple : m'enfuir !

Doris : "Ouais, et notre pianiste refuse de s'y rendre."

OK, au temps pour moi, miss Pieds-dans-le-plat bat à plate couture mon cher Matt ! Tout le monde a les yeux braqués sur moi, sauf Colin, qui avale une gorgée directement à la bouteille de bière.

Lisa : "Pour quelles raisons ?"

Luan : "Euh... à cause de ma famille. Ils ne sont pas très férus de métal."

Matt hausse les épaules, comme si c'était une bagatelle.

Matt : "Et alors ? Tu ne les invites pas au concert et le tour est joué !"

Adam : "Et puis, sans toi ce ne serait pas pareil..."

Le regard de Colin oblique discrètement en direction d'Adam, mais il ne pipe mot. Je ne relève pas la remarque. Je ne tiens pas à relancer la rivalité sans fondement entre Colin et Adam. Je ne me placerai jamais entre deux amis.

Doris : "Ouais, c'est vrai. Sans piano, il manque un petit truc à nos morceaux."

J'en reste comme deux ronds de flan. J'ouvre la bouche comme une carpe, arrachant un rictus à Colin. Il finit par se redresser, m'enlace et, près de mon oreille, chuchote.

Colin : "Sans toi je chante pas notre chanson."

Je lève les yeux vers lui et m'égare dans les profondeurs des siens.

Luan : "C'est du chantage ?"

Colin : "Ouais."

Luan : "Et je suppose que tu n'as pas honte ?"

Il secoue la tête, un sourire machiavélique retroussant ses lèvres. Doris tape des mains et Matt s'esclaffe gaiment.

Matt : "Toujours le mot qu'il faut, celui-là !"

Colin : "Je te donnerai des cours un jour."

Luan : "Je n'ai pas accepté !"

Adam : "Mais tu vas accepter. Si tu ne viens pas, on joue pas !"

IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant