Chapitre 32

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Je caresse Nala du bout des doigts. Ses poils sont soyeux. Je ronronne presque en plaçant mon nez contre son cou. Toi, au moins, tu es là. Toujours fidèle au poste. Nala lâche un petit miaulement de satisfaction. Elle se roule tout contre moi et je songe à mes péripéties amoureuses dignes d'un roman en trois volumes ! Je suis sortie avec mon meilleur ami en imaginait que notre complicité et notre amitié suffiraient à construire une histoire d'amour solide. Je l'ai quitté parce qu'il n'y avait de solide que l'ennui qui nous gagnait jour après jour. J'ai craqué pour un métalleux, qui doit avoir mis plus de filles dans son lit que Mike Jagger. Je suis tombée amoureuse de son regard bleu indigo, de ses pointes de sarcasmes et de ses sourires sincères. Je suis une pauvre idiote. Je ne sais pas comment m'en sortir. A moins de ne plus le voir et donc de quitter le groupe pour l'oublier. Loin des yeux, loin du cœur.

J'ai des tonnes de papiers étalés autour de moi. J'essaie d'écrire pour soulager mon esprit mais les mots ne sortent pas facilement. Ils luttent, enfouis au fond de moi. Je suis sur le fil du rasoir. Colin et Adam sont amis avec Doris depuis qu'ils sont gamins. Ils ne peuvent pas l'évincer pour une fille qu'ils connaissent à peine. Même si Colin a admis que j'avais du talent. Certes il n'est pas du genre à exprimer ses sentiments, et j'en suis encore tout étourdie, mais est-ce que ça changera quelque chose ? Doris tient entre ses mains le pouvoir d'anéantir mes rêves de musique, tout comme de me briser le cœur. Super ! Une fille jalouse peut détruire ma vie et mon rêve alors que je le touchais du bout des doigts ! Colin est parti lui parler dans la soirée, ce qui me fout officiellement au fond du trou. Je broie du noir, seule, dans mon lit. En même temps ça veut quand même dire qu'il tient vraiment à convaincre Doris de m'accepter dans le groupe.

Je ne suis qu'un tas de vêtements fripés au milieu de mes draps, mon chat pour seule compagnie. Je roule sur le dos. Je me souviens de son regard lorsqu'il chantait ma chanson, de la façon dont il prononçait chaque mot. Ses iris se sont voilées lorsqu'il a murmuré : « J'ai l'impression de mourir chaque fois que je t'aime ». C'est un peu ce que je ressens maintenant. C'est lourd, écrasant même, collant et brûlant. J'aimerais prendre mon téléphone, juste pour entendre sa voix quelques minutes. Je ne sais pas si je serai encore dans le groupe demain, s'il voudra encore de moi si je ne joue plus à ses côtés. Je ne sais même pas s'il veut vraiment de moi dans sa vie !

J'attrape mon téléphone. Je le fixe un long moment, hésitante. La voix d'Evanescence rugit dans mes enceintes qui tournent à plein régime depuis que je suis rentrée : « Suddenly I know I'm not sleeping, Hello, I'm still here ». Il est peut-être encore avec Doris ? Oui, mais si tu n'appelles pas, tu ne le sauras jamais. Je pousse un soupir. Je joue avec la coupe de mon mobile, la faisant rouler sur mes draps. Nala gronde, parce que je la dérange lorsque je la pousse pour m'allonger sur le ventre.

Je tripote une feuille, la cornant et décornant. Je lis quelques paroles jetées en vrac dessus, lors d'un moment de déprime absolue. Sur le papier une phrase est griffonnée et soulignée : « Je ne te dis pas la vérité. J'ai trop peur que tu puisses me deviner. » Je suis angoissée. Il va sûrement me jeter. Oh tant pis ! La chance sourit aux audacieux. C'est le moment de le prouver. Je compose son numéro, écoute les bips se succéder, et quand Colin lâche un grognement à l'autre bout du fil, je ne peux m'empêcher de sourire bêtement à mon plafond.

Luan : "Hey !"

Colin : "J'te manquais déjà ?"

Ce que c'est bon de l'entendre ! Il m'énerve déjà, mais c'est bon...

Luan : "Comme une vérole manque à un vérolé."

Il ricane. Le rire de Colin est rare et précieux. Il est capable de rester stoïque face à la meilleure blague du monde. Alors quand il se lâche, tout mon corps se réveille.

IS IT LOVE ? - COLIN : Mélodie du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant