Chapitre 13 - Vie de famille

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La danse est un art précis, chaque pas, chaque mouvements, chaque respirations, tout est calculé au millimètre près dans le but de séduire le public.
Si seulement, tu avais été plus sûre de toi, il n’y a nul doute, que tu serais devenue une grande danseuse.

***


Cette histoire se déroule quelques années plus tôt, alors que Sherlock Holmes n’avait que 8 ans. Après les funérailles de son mari, Mitsuri fut convié au logement principal du gouverneur. Charles Stanford, lui qui était très proche du défunt.

Mitsuri : Sherlock. Nous allons chez des amis de ton père, je compte sur toi pour bien te conduire. C’est bien clair ?

La jeune mère se pencha alors sur son fils pour lui remettre sa chemise droite. Elle en profita par la même occasion pour lui arracher le livre qu’il avait dans les mains.

Mitsuri : Tu m’écoutes jeune homme ? Je sais bien que ça ne t’enchante pas de participer à ce genre de réunion, mais il s’agit là d’un rendez-vous de la plus haute importance, alors je te prierais de lâcher ce livre et de te tenir correctement.

Sherlock leva les yeux vers sa mère avant de pousser un soupire profond.
Sherlock : « Important ? » Tu plaisantes j’espère. Tu veux juste t’assurer que ta place est sûre au sein du gouvernement. Après tout c’est papa qui t’as pistonné non ?

Mitsuri : Sale gosse insolent… Je ferais payer a Yusaku de t’avoir fait lire autant de livres …

Mitsuri se redressa alors en se recoiffant légèrement avant de sonner à la porte d’entrée de l’imposante demeure des Stanford. A peine cela fait, la porte s’ouvrit immédiatement, laissant l’ouverture sur un immense jardin.

Mitsuri : …C’est immense… Y a pas à dire, les riches ne vivent pas comme nous.

Sherlock : Mouais. J’ai vu mieux personnellement.

Mitsuri : Mieux ? Mais t’es sûre d’avoir 8 ans toi ?

Sherlock : 8 ans et demi.

Ils pénétrèrent doucement dans le jardin, et se font accueillir chaleureusement par un homme un peu joufflu et sa femme avec un grand sourire.

Charles : Mitsuri ! Quelle joie de te voir, je suis honoré que tu aies accepté notre invitation. Et ce petit garçon… tu dois être Sherlock Holmes ! Je me souviens avoir officialisé ton adoption… Yusake était tellement heureux de te nommer comme son détective favori.

Sherlock observa l’homme en question en pensant : « Ce gros type est le gouverneur du pays… ? »

Sherlock : Je suis ravi de vous rencontrer.

Le jeune garçon tourna un peu le regard, et vit derrière la fenêtre du salon, une jeune fille d’à peu près son âge l’observant discrètement. Quand elle se rendit compte que Sherlock l’avait  repéré, elle se cacha directement. Charles tourna la tête en voyant Sherlock regarder dans la direction de la fenêtre et se mit à rire légèrement.

Charles : Oh, tu as dû voir Enola ? C’est ma fille, je l’ai adoptée récemment. Elle est un peu timide mais je suis sûr que vous vous entendrez très bien.

Sherlock : … J’ai déjà vu ces cheveux ...

Le gouverneur invita finalement les deux convives a les rejoindre a l’intérieur comme prévu. La demeure était immense, dès l’entrée , le luxe débordait de part et d’autre. Lustres, dorures, peintures… tout était sujet à la richesse du couple.

Charles : Vous êtes ici chez vous. Ma femme va vous accompagner dans le salon. Je t’en pris Amalia.

Amalia : Vous me suivez ?

Amalia prit donc les devant, empruntant une porte qui les amena jusqu’au salon. Dans la pièce, la petite fille était assise sur une chaise, les pieds se balançant dans le vide. Elle fixait le sol, le regard perdu. Sherlock l’observa attentivement, comme absorbé par le rouge de ses cheveux.

Amalia : Enola tu viens deux secondes ma chérie. Je vais te présenter Sherlock, c’est le fils de Madame Mit …

??? : Mitsuri ?! Vous êtes LA Mitsuri ?!

La voix aiguë qui interrompt Amalia dans sa phrase venait de derrière eux. Sherlock se tourna en même temps que sa mère avant de remarquer qu’une jeune adolescente se tenait derrière eux complètement essoufflée, elle avait de longs cheveux bruns, et des yeux marrons.

Amalia : Emily... Un peu de tenue je te prie.

Emily : Mais maman ! Tu sais que je suis fan de madame Mitsuri ! La grande et belle Arsène Lupin, la voleuse ayant épousé le détective Sherlock Holmes ! J’ai entendu toutes vos histoires dans les rapports de polices vous êtes mon idoles !

Mitsuri : Vous… m’en voyez ravis mais si vous permettez… j’aimerais éviter de recaser ce passé… d’ailleurs mon identité est censée être secrète non ?

Amalia : Elle l’est… mais Julia s’amuse souvent à fouiller les affaires de son père… Tant qu’on y est, je vous présente ma fille Emily.

Sherlock : J’en déduis donc que vous ne l’avez pas adoptée.

Amalia : C’est exactement ça oui… Julia est ma fille biologique, elle est née d’une précédente union. Tu es brillant cher détective.

Sherlock : C’était évident.

Mitsuri : Sherlock ! Ça ne se fait pas de demander ça !

Amalia : Je vous en prie, pas d’inquiétude.

Amalia tourna alors la tête vers Enola en plissant un peu les yeux.

Amalia : Enola, tu te lèves s’il te plait, va donc t’amuser un peu avec Sherlock à l’étage.

Enola se leva alors de la chaise, celle-ci étant trop haute pour la petite fille, elle fut obligée de sauter. Mais un détail n’échappe pas aux yeux du jeune détective. Au moment où elle atterri, sa jambe droite bascula légèrement sur le côté …

Enola : Tu… T’appelle Sherlock Holmes c’est bien ça… ? Viens avec moi, on va jouer dans ma chambre …

Sherlock leva les yeux vers sa mère qui lui fit un petit sourire avant de basculer la tête pour lui dire d’y aller. Il poussa alors un soupire avant de suivre la jeune fille jusqu’à sa chambre, laissant les adultes entre eux pour discuter.

Une fois dans la chambre, Sherlock regarda autour de lui, alors qu’Enola elle, entra directement dans un petit château fait de tissus rose, et ferma la porte.

Sherlock : Euh… Enola ?

Le silence était complet. Elle n’ouvrit pas du tout la porte de ce château, et resta totalement silencieuse. Le jeune garçon resta debout au milieu de la pièce avant de se mettre à marcher pour faire le tour. Les décorations étaient assez enfantines, tournées vers un esprit de compte de fée, de princesse et surtout … de danse.  Après avoir fait le tour, il prit une chaise et s’assoit dessus pour attendre que le temps passe.

Sherlock : Ça va être amusant …

Après quelques minutes, la voix d’Enola se fit entendre dans le château.

Enola : Sherlock, éteint les lumières !

Sherlock : Hein ?

Enola : S’il te plaît …

Sherlock ne comprend rien de la demande de la jeune fille. Mais il se leva et s’exécuta pour éteindre les lumières, plongeant la pièce dans le noir complet.
Sherlock : C’est fait …

Enola : Maintenant… cher public installez-vous !

Sherlock : Cher… public… ?

Enola : Allez allez ! Va t’assoir ! 

Sherlock obéi a nouveau à la jeune fille avec un petit air dubitatif mais après s’être assis, une lumière surgit du château. Avec les tissus de celui-ci, la pièce passa du noir au rose complet. Une musique de danse classique s’alluma alors et les portes du château s’ouvrirent.

Sherlock : Cette musique c’est … le lac des signes ?

Enola sortit alors du château. Habillée d’une longue robe rose mais surtout, avec un masque sur le visage laissant simplement voir ses yeux jaunes et le bas de son visage. Son regard, était totalement différent. Comme animé d’une étrange passion. Au rythme de la musique, elle commença à exécuter quelques pas de danse, cette maladroit, mais pourtant précis. Elle savait ce qu’elle devait faire et après plusieurs minutes de danse, la musique s’arrêta et la jeune fille se pencha pour saluer son « public » en retirant son masque. Directement, son regard retrouva sa timidité habituelle, restant dans cette position un long moment en levant les yeux vers Sherlock comme si elle attendait quelque chose de sa part.

Enola : ……………

Sherlock la regarda quelques instants avant de sourire très légèrement et de commencer à applaudir la performance d’Enola. Directement, son regard s’illumine, elle se met à sourire en relevant la tête.

Enola : Merci cher public… j’espère que tu as apprécié …

Sherlock : Ma mère m’a souvent amené à ce genre de spectacle. Tu connais les mouvements par cœur ça se voit, mais tu devrais éviter de danser comme ça dans ton état.

Enola : Dans mon état… ? Qu’est ce que tu veux dire … ?

Sherlock pointa du doigt la jambe droite de la jeune fille en plissant un peu les yeux avant de prendre la parole.

Sherlock : Ta jambe est blessée. Je ne suis pas médecin, mais ça semble être assez grave. Si c’est au point où tu as du mal à descendre d’une chaise sans souffrir, alors tu devrais éviter ce genre d’effort.

Enola : Ma … jambe comment tu … ?

Sherlock : Un détective doit faire attention à tout les détails.

Enola : Un détective… mais tu es un enfant … ?

Sherlock : J’ai 8 ans et demi. Je ne me ferait pas traiter d’enfant par une gamine.

Enola : J’en ai 9 !

Sherlock : Argh… Bref ! Dit moi plutôt… Comment tu t’es fait cette  blessure ?

Enola : …Je…je suis tombée !

Sherlock leva les yeux vers Enola visiblement perturbée par cette demande du jeune garçon. Celui-ci plongea son regard dans le sien et se leva tout en mettant ses mains dans les poches.

Sherlock : Quand tu as dansé ta robe s’est légèrement levée. Une simple chute… ne causera jamais des traces de fouets et de brûlures.

Enola : Je…

Alors que la tension grimpait dans la pièce, la porte de la chambre s’ouvrit pour laisser entrer Emily. Immédiatement sa sœur dans la pièce, Enola fit un petit pas en arrière et joigna ses mains contre sa poitrine.

Emily : Sherlock, ta mère m’a demandé de venir te chercher. Vous allez y aller.

Interrompu par cette intervention, Sherlock ne remarqua pas la réaction d’Enola. Il se contenta de soupirer et se dirigea vers la porte de la chambre pour quitter la pièce et rejoindre sa mère.
Mais derrière lui, Emily ferma la porte de la chambre.

Emily : Encore avec tes rêves stupides de danses ? Quand est-ce que tu vas abandonner ?

Enola : Je…

Emily : Tu n’y arriveras jamais. Après tout comment une idiote abandonnée par ses parents pourraient réussir quelque chose dans la vie ?

Enola : …Il a dit que… ma danse était très bien… alors …

Enola serra de toutes ses forces son masque dans ses mains tremblantes.

Enola : Je…serais danseuse ! Et un jour… je danserais sur une vraie scène devant un public !

Emily regarda sa jeune sœur dans les yeux avant d’exploser de rire.

Emily : Hahaha ! Laisse moi rire… très bien dans ce cas.

Elle leva sa main en l’air, en voyant ça, Enola se braqua directement en mettant ses mains devant son visage pour se protéger… mais ce n’était pas son visage qu’elle visait mais bien son masque qu’elle frappa pour le faire tomber au sol. Une fois par terre, Emily l’écrasa avec son pied et le brisa en deux.

Emily : Ce masque… est tout ce que tu as gardé de ta mère. C’est ça qui te donne autant confiance ?

Emily s’asseya sur la chaise où était assis Sherlock précédemment avant de croiser les bras et fixer Enola dans les yeux avec un sourire narquois et un regard sombre.

Emily : Maintenant… danse. Vas-y montre moi.

Enola garda le regard bas, regardant son masque brisé, les larmes aux yeux avant de tomber à genoux et fondre en larmes.

Emily : Aller petite sœur ! Danse pour moi ! J’attends ! Danse !


// Retour dans le présent, Dortoirs du QG de la compagnie.//

Enola : Danse… danse …danse …

Enola était assise sur son lit. Avec dans ses mains le fameux masque de son enfance, réparé avec un simple morceau de scotch.

Elle le fixa un long moment, avant de le mettre sur son visage.

Enola : Danse…

Un sourire se dessina alors sur son visage alors qu’elle ramena sa main à son visage avant de rire à gorge déployée toute seule dans la chambre.

Enola : Ahhh… Danse pour moi… Grande sœur.

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