Prologue

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Cette robe noire que je porte ne me ressemble pas et je ne devrais pas être en train de la porter. Ce n'est pas juste. Je me regarde dans le miroir et tout ce que je vois c'est une fille perdue. C'est tout ce que je suis maintenant.

Les larmes ne veulent plus dévaler mes joues, j'ai trop pleuré ces derniers jours. On rentre dans ma chambre, on m'entraine dans une voiture qui m'emmène où je ne veux pas être mais je lui dois bien ça, être là. Mon âme n'est plus dans mon corps, elle est bien plus haute, avec la sienne.

Je lui en veux tellement de m'avoir fait ça, comment vais-je faire toute seule. Je lui en veux mais je suis heureuse, elle se repose dans un endroit plus paisible pour elle.

Je sors de ce véhicule et marche, guidée par les gens qui viennent pour la même raison que moi. Il n'y a pas beaucoup de personnes et ça me fait encore plus de mal parce qu'elle aurait dû compter pour plus de gens. On aurait dû l'aimer bien plus que ça, elle méritait tellement mieux.

Je survole la foule des yeux pensant tomber sur lui mais rien, mon regard ne s'arrête nul part.

Non, il est forcément là. Je regarde une fois de plus mais toujours rien, il n'est pas venu. Il n'est pas venu. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête. Il aurait dû être là, même pas pour lui ou pour les gens présents mais pour elle. Il aurait dû être là mais ce n'est pas le cas.

La cérémonie se termine enfin et mes jambes ne me portent plus, je dois lui dire au revoir à jamais. Je ne la reverrais pas, c'était son choix. On ne regardera plus de films ensemble, on n'ira plus sur la plage manger une glace, on ne fera plus de soirées pyjamas, on ne rigolera plus en cours jusqu'à se faire virer, on n'ira plus à la patinoire sur la place à Noël, on ne fera plus rien ensemble et c'est peut-être le plus dur. Savoir que je ne la verrais plus, ne la toucherais plus.

Je lui en veux à lui de ne pas être là avec les mêmes pensées, il aurait dû souffrir autant que moi en ce moment.

Les gens quittent le cimetière mais moi je reste là à fixer cette plaque. « À la mémoire de ma meilleure amie, de ma sœur. Je t'aimerais à tout jamais. » C'est dur, trop dur, j'ai envie de vomir. Aucun mot ne correspond à ce que je ressens.

Je lève les yeux vers le ciel gris et je m'adresse à elle. Je lui dis à quel point elle me manque déjà. Je lui dis à quel point je la déteste de me faire ça, à quel point ça va être dur sans elle. Je lui dis qu'il aurait dû venir et être là aujourd'hui et je lui promets que je le détesterais jusqu'à la fin de ma vie, que je lui en voudrais de ne pas être venu.

Il se met à pleuvoir et c'est comme la fin de quelque chose, la fin d'une histoire. On court vers moi et on me prend par les épaules en me mettant sous un parapluie. Je donne des coups de poing dans son torse et mes larmes se mêlent à la pluie.

- Je la déteste, je la déteste ! Je le hais de ne pas être là !

- Je sais Noa, je sais, ça va aller. 

Rien qu'un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant