Chapitre 6 : Maël

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« En comprenant la déception j'ai appris la solitude »

Ça fait maintenant plus de vingt-quatre heures que je repasse cette scène en boucle dans ma tête. Je suis assis sur mon lit, les doigts passés dans mes cheveux. Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Qu'est ce qui cloche chez moi ?

Noa n'est pas venu au lycée aujourd'hui, je me sens coupable. Je ne sais pas si Tyler est au courant que c'est à cause de moi, en tout cas il ne m'a fait aucun commentaire. Je suis allé beaucoup trop loin cette fois, je le sais. Je n'aurais jamais dû parler de sa mère, j'avais déjà compris que c'était un sujet sensible.

Et puis merde, je réfléchis beaucoup trop à cause d'elle.

Je vais prendre ma douche et je me couche. Ma mère ne rentrera sûrement pas ce soir, comme tous les autres soirs d'ailleurs. Certaines fois je me sens seul dans cette grande maison vide. J'en profite de temps en temps pour faire une fête ou ramener une fille. La vérité, personne ne la connaît à part Tyler. Il a toujours été là pour moi, à me relever dès que je sombrais de nouveau. La réalité, c'est que j'ai peur de me retrouver seul face à moi-même. C'est pour ça que je multiplie les coups d'un soir, au moins j'ai un peu de compagnie. Je m'endors sur ces pensées.

Je me réveille le lendemain matin, il faut aller en cours. J'attrape un vieux jogging gris avec un t-shirt blanc qui trainait par-là après les avoir reniflés pour être sûr qu'ils soient propres. Je n'ai aucune envie de faire un effort, surtout qu'aujourd'hui on ne reste au bahut que la matinée.

J'arrive devant les grilles et malheureusement pour moi les premières personnes sur lesquelles je tombe sont Tyler et Noa. Putain de karma, il me suit partout !

- Salut bro ! Dit Tyler en me checkant.

- Salut. Grognais-je

Noa n'a toujours pas dit un mot, je lui lance un regard, elle a l'air épuisée.

- Tu ressembles à une vieille sorcière. Lui lançais-je en voulant être méchant pour apaiser la honte qui grandie en moi.

Elle ne prend même pas la peine de me répondre, je vois juste son regard vide. Je ne sais pas pourquoi on s'entête à être méchant l'un avec l'autre. Je crois qu'on a chacun besoin de se défouler pour éloigner nos problèmes respectifs. On se décharge l'un sur l'autre et ça nous convient bien.

- Maël tu viens deux secondes s'il te plaît. Me demande Lucas que je n'avais même pas vu arriver.

On s'éloigne un peu et je l'interroge du regard en cherchant à savoir pourquoi il voulait que je le suive.

- Mec, soit gentil avec Noa, elle n'est pas très bien. Tyler m'a dit que c'était un peu ta faute si elle est dans cet état. Alors vas-y doucement. Il reprend son souffle et en profite pour jeter un regard à la principale concernée. Tyler ne t'en tient pas rigueur pour le moment parce que vous passez votre temps à vous chercher et c'est juste tombé le jour où elle n'avait pas pris ses médocs. Mais tranquille, lâche-lui un peu la grappe.

Je réagis sans le laisser finir.

- Ce n'est pas ma faute si cette fille est folle, elle pique une crise pour rien !

- Arrête de chercher la merde, fait juste ce que je te dis.

- C'est bon, j'ai compris.

On retourne avec les autres, j'ignore Noa. Je ne sais même pas pourquoi elle me déteste. Personne ne me l'a expliqué, alors je l'ai détesté en retour et notre guerre a commencé. C'était il y a quelques années, ce qui est sûr c'est que je lui voue une haine intense aujourd'hui.

La cloche sonne, c'est l'heure d'aller poser nos fesses sur une chaise et de faire semblant d'écouter une vieille bique qui a du poil au menton. Super ! Je suis enchanté par l'idée.

La matinée se termine, elle est passée assez vite finalement. Je n'ai rien écouté mais ma mère s'en fout de moi, de mes résultats scolaires et de mon avenir.

Les gars me proposent d'aller passer l'après-midi à la plage, j'accepte avec plaisir, rien de mieux que l'air marin pour se remettre les idées en place. J'avoue que ça ne va pas fort aujourd'hui.

Quand on arrive on est seuls, tant mieux je n'ai pas envie qu'une fille viennent me souler aujourd'hui.

C'était sans compter sur Noa qui vient d'arriver... Au moins, je pense qu'elle ne va pas rester longtemps dans nos pattes car je la vois déjà prendre sa planche de surf. C'est la seule qui en fait. Tyler en faisait avant mais il ne monte dessus plus qu'à de rares occasions.

Je l'observe toujours du coin de l'œil quand elle se déshabille derrière une serviette. Elle en ressort en combi qui lui moule bien le corps. C'est bête qu'elle soit chiante parce qu'elle n'est pas trop mal physiquement. Je me sens grimacer en pensant à ça, il faut que j'arrête.

Elle s'est déjà éloignée et commence à faire quelques figures, tous les gars la regardent admiratifs. Ils sont tous tombés sous son charme, je ne les comprends pas.

- Elle est trop canon.

- Lucas, fait attention à ce que tu dis. Le reprend Tyler.

- Beurk, tu sais bien que je ne pourrais rien tenter, c'est ma petite sœur ! D'ailleurs, personne ici n'oserai la toucher. C'est un peu comme notre sœur.

- Ce n'est sûrement pas la mienne. Je m'entends sortir sans penser au double sens de cette phrase.

Lucas lève les yeux au ciel et me chuchote.

- Tu dis ça mais si il lui arrivait quelque chose tu serais le premier à t'en vouloir. Il marque une pause et reprend. Comme lundi soir par exemple. Je te connais, je sais que derrière ton caractère « je m'en fous de tout le monde » se cache un grand cœur et je sais que t'as flippé ce soir-là. Tyler m'a tout raconté...

C'est vrai que j'étais assez paniqué lundi quand je suis allez chercher Ty, j'ai senti dans la voix de Noa quelque chose que je ne lui connaissais pas, la peur. Et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit... Mais ça ne change absolument pas ce que j'éprouve à son égard.

- N'importe quoi, je me fiche bien de ce qu'il peut lui arriver.

- C'est bien ce que je disais. Rajoute Lucas dans un soupir, mettant fin à la discussion.

L'après-midi s'est ensuite assez bien déroulé, il n'y a pas eu de dégâts et tout le monde est rentré chez soi sain et sauf. Tous sauf moi, je me retrouve à la même table que Tyler et Noa. Je me demande encore ce que je fais là.

Tyler m'a demandé si ma mère était chez moi et je n'ai pas eu le cœur à lui mentir, je lui ai dit que ça faisait un peu plus d'une semaine qu'elle n'était pas rentrée. Il m'a alors invité à passer la nuit chez eux car il connaît mon angoisse vis-à-vis de la solitude.

Je n'avais pas du tout envie d'être plongé dans le silence parce que c'est à ce moment-là que je pense trop fort. J'ai l'impression d'être fou... Je le suis peut-être finalement.

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