Chapitre 11 : L'hybride - Kayle

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Tous les jours, Wole venait me faire son rapport. Toujours le même résultat, le même constat : Rien.

Pas une seule trace d'elle. Elle s'était tout simplement volatilisée.

Le problème était de taille. Leis était mort depuis plus de 3 semaines et le roi n'allait pas tarder à apprendre la nouvelle. Tout finit toujours par se savoir.

Ilys n'avait pas plus de succès dans sa quête et je le savais alors même qu'elle-même avait disparue en même temps que Wole. Elle ne s'était toujours pas montrée mais je ne me faisais pas de soucis pour elle. Elle était assez maligne pour ne pas se faire prendre. Son absence montrait juste qu'elle n'avait toujours pas atteint son but.

Quant à moi, je m'efforçais de camoufler toute l'affaire. Mais mon rôle auprès du roi d'Avaloye s'en voyait quelque peu fragilisé. J'étais le chargé des transactions du royaume. En tant que transactions je veux parler des venues de plus en plus fréquente des humains dans notre monde. Je devais m'occuper d'eux, c'était mon job. Le plus souvent, j'en faisais des servants, quelque fois des alliés et il n'est arrivé qu'une seule fois qu'un humain devienne autre chose. Il avait subi une transformation, irréversible bien entendue, pour contrer sa nature humaine. Faisant de lui un Vaye. Il avait intégré la cour du roi en tant que coursier mais la plupart du temps, n'ayant rien à transmettre à personne, il se délectait de ridicules commérages rapportés par le peuple. Je ne l'avais plus revu depuis bien 20 ans mais à ma connaissance il n'avait pas quitté son poste au palais.

Je ne me souvenais jamais des noms des mortels, surtout parce que la plupart du temps je ne leur demandais pas, mais aussi parce que je m'en fichais éperdument.

Mais son nom à lui je l'avais retenu. Il avait gardé son nom originel. Tyler.

Je me souviens de son arrivée ici, un privilège pour lui de mon humble avis. Il avait débarqué comme tout les autres. Mais il s'était démarqué. Il émanait la peur. Non pas de la peur, de la terreur. Une terreur que je n'avais jamais vu auparavant. Ses yeux révulsés devant les cadavres de certains mortels, tous tués par Ilys, l'avait fait tourner de l'œil. Il hurlait à la mort. Il était pitoyable, dans un pur déni. Roulé en boule, il se parlait à lui même, répétant que ce n'était qu'un cauchemar.

J'aurai pu lui expliquer que les macabés étaient rares et que personne ne tuait d'humain, sauf Ilys. Mais je lui faisais une selection au préalable. Elle ne tuait que les humains trop faibles, trop abimés par la vie. Les âmes déchirées et sombre comme la mort. Ils étaient facilement reconnaissables. Ils arrivaient à Avaloye sans une once de peur. Leurs yeux ne reflétaient que le vides. C'étaient deux trous noirs. Deux gouffres sans fin.

Je lisais en eux comme dans des livres : ils voulaient mourir, en finir de la vie. Ils pensaient ne compter pour personne, et les voir dans cet état de pure souffrance psychologique me faisais vraiment de la peine. Oui, de la peine. J'étais presque empathique.

Alors j'abrégeai leur douleur, enfin, Ilys le faisait. Je ne tuais pas, plus, même pour libérer une âme en perdition. Ils accueillaient la mort comme une cadeau, souriant à la fin comme à leur meilleur ami. Je les libérais, en étanchant au passage la soif de sang insatiable de ma coéquipière.

Tyler n'avait pas eu le droit à cette explication. Il hurlait à la mort, croyant que sa vie était révolue. Ilys le regardait en levant les yeux au ciel. Elle, n'était surement pas empathique.

Tyler se tenait à genou devant moi. Je le surplombait de beaucoup dans cette position. Ces joues ruisselaient de larmes et il joignait ses mains dans une dernière tentative de supplication à mon égard.

Son attitude m'énervait, je détestais les pleurnichards. Je tirai un poignard de sous ma manche et pointai la lame sous son menton, pour que ses yeux rencontrent les miens. J'y vis briller un regard différent. Alors que j'avais déjà décidé qu'il rejoindrait ses congénères pour un petit « stage » dans ma maison familiale devenu mon principal entrepôt et le QG pour le groupe, je changeai d'avis.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant