Chapitre 18 : Vengeance - Kayle

5 1 0
                                    

Elle me regardait, la mort dans l'âme, des larmes coulant sur son visage émacié. Je l'avais tué elle aussi en quelque sorte. Puisqu'elle ne pouvait pas mourir. En tout cas pas de mort naturelle. Ni par suicide d'ailleurs.

J'avais réussi un exploit, et sans vouloir me vanter, je pense que j'étais le seul à avoir jamais accompli quelque chose du genre.

Claire était humaine, la pire de sa race. J'appuie bien sur le mot était.

Il y a quatre siècles, je m'étais retrouvé sans rien, sans personne. Et tout cela part sa faute. C'était elle, la responsable de tout.

C'était elle qui avait détruit ma mère avant même de la tuer.

C'était elle la raison de son désespoir. Et de ma noirceur.

Je me souvenais de ce repas désastreux ou ma mère avait fait éclater la vérité.

Je me souvenais du jour de sa mort.

Je me souvenais du jour où j'avais découvert l'identité de la maitresse de mon père.

Je me souvenais de Claire avant que je ne lui tombe dessus.

Je me souvenais encore de tout ce qui la reliait à moi.

Je devais bien avouer qu'elle n'avait pas commis grandes erreurs dans sa courte vie de terrestre. Mais elle avait fini par commettre la pire de toute : l'impardonnable.

Elle était belle, sans aucun doute. Sa peau blanche contrastait avec ses grands yeux aussi noirs que les plumes d'un corbeau et ses cheveux d'une teinte toute aussi foncée. Ses lèvres étaient rosées et ses cils aussi longs que possible. Mon père la trouvait sans conteste magnifique. Plus que devait l'être ma mère à ses yeux.

Maintenant, elle n'avait plus rien de la femme que mon père avait baisée.

Son teint n'était plus que gris et sale et ses yeux semblaient vidés de toutes vies, privés de leur lueur d'antan, entourés de cernes. Ses cheveux tombaient en masse et était clairsemés de gris et de blanc. Ses lèvres étaient gercées et bleuies par le froid et la fatigue.

Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, un mélange de son être vivant et de son âme morte. Comme une vie prise au piège de la mort.

C'était mon œuvre.

Et j'en était plutôt fier.

Je l'avais tué tout en lui laissant la vie. C'était vraiment une idée de génie. Sans vouloir être prétentieux bien-sur.

J'émergeai de mes pensées et secouai la tête, en rigolant à moitié. Que de bons souvenirs.

Mes yeux retrouvèrent les siens et je me délectai de la terreur que je voyais émaner de ceux-ci. J'adorai avoir cet ascendant sur elle. Savoir ce que j'allais lui faire pendant qu'elle ne faisait qu'appréhender mes actions prochaines.

Elle hurla à nouveaux et je décidai de la faire taire. Mes pauvres oreilles...

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'étais dans sa cage, un poignard pressé sur sa jugulaire. Elle continua de hurler et je vis briller quelque chose dans ces yeux que je ne voulais pas voir. De l'espoir. Mais j'avais compris son manège et avant même qu'elle n'esquisse un geste, le poignard n'était plus sur sa gorge, et cette lueur d'espoir s'envola aussitôt de son regard.

Tu ne seras jamais libre Claire. Jamais je ne te laisserai mourir.

- Ne me regarde pas comme ça. Tu as encore toute l'éternité devant toi Claire. Nombreux sont ceux qui tueraient pour ça.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant