Chapitre 6 : Le déserteur - Oxane

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Douleur. Remords. Vengeance.

3 mots qui tournaient en boucle dans ma tête. J'étais allongé dans les débris sans pouvoir bouger, ni ouvrir les yeux.

Morte ? Pas encore.

Il n'y avait plus aucun bruit. Rien. Juste le vent qui me fouettait le visage doucement, entrainant la poussière avec lui. La poussière.

J'étais sur un champ de bataille désertique. Je le savais avant même d'ouvrir les yeux. L'atmosphère était lourde. Pas d'odeur si ce n'était celle de la mort.

Je ne voulais pas être responsable de ça. Même sans le voir, je le savais déjà.

Je sentis mon corps quitter le sol dur. Mais il n'y avait aucune prise sur moi. Le vide.

Je suis en train de mourir ? Surement.

Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Je savais que je devrais alors faire face à ce que j'avais causé. La désolation.

C'était ma faute. Cette femme que je ne connaissais même pas était morte comme, je m'en doutais, la plupart des personnes se trouvant dans cette maison au moment de son éboulement.

Ils étaient tous morts.

Par ma faute.

Je continuai de flotter dans le vent. Mes cheveux lâchés pendaient vers le sol. Je sentais du sang couler du haut de mon crâne jusque dans ma bouche. Je m'en fichais. J'aurai dû mourir. Comme les autres.

C'est ma faute.

Ma faute.

Je suis une meurtrière.

J'avais arrêté d'avancer. Je flottai toujours mais à la même place, en lévitation. Mon corps descendit lentement pour se poser en douceur sur le sol. Non pas sur le sol, mais sur un lit.

Personne de me toucha, heureusement. Une autre mort sur la conscience, m'aurais tué de l'intérieur, si ce n'était déjà pas le cas.

Tu leur fais peur.

Je m'en doutais bien. Je me faisais peur à moi-même. Incapable de me contrôler. Incapable d'engendrer autre chose que la mort et la peine.

Je n'avais aucune idée de ce que je faisais sur ce lit. Je me surpris à espérer que tout celui n'était qu'un rêve ou plutôt un cauchemar, et que j'allais bientôt ouvrir les yeux pour me rendre compte que je n'avais jamais quitté ma petite vie monotonne qui ne me semblait plus si terrible que cela.

Au moins je ne tuais pas de gens dans la réalité.

Dans mon monologue intérieur, j'avais presque oublié le fait que quelqu'un, car ce n'était surement pas moi, m'avais fait léviter jusqu'ici. Je voulais voir qui m'avait « sauvée ».

Il n'aurait pas du. Me voir morte protégerai ces pauvres gens qui n'avaient rien demandé, ainsi que leurs vies.

Je me décidai à ouvrir les yeux, juste pour voir si j'étais toujours en danger de mort imminant, ce dont je doutais fort maintenant.

Un homme. C'était un homme qui m'avait ramené.

Un homme d'ici j'entendais bien. La peau bleue nuit, les cheveux de la même couleur quoique peut-être plus foncés, le corps élancé... Tout ça ne me mettait pas le doute du tout. Surtout quand je vis les écailles d'une teinte océan qui apparaissaient sur ses tempes ainsi que sur ses épaules et le dos de ses mains.

Mais il y avait ses oreilles rondes et ses yeux marron chocolat aux pupilles noires bordés de longs cils, des attributs que je n'avais encore jamais vu ici, des attributs typiquement humains si je m'en remettais à mon expérience comme tel.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant