Chapitre 19 : la mort dans l'âme - Oxane

2 1 0
                                    

-10 min plus tôt-

J'avais toujours détesté la solitude. Pas le fait de la choisir, cette solitude-là me plaisait peut-être même un peu trop. Non. Le pire c'était celle qui s'imposait à nous, sans que nous ne puissions rien faire.

Et c'était le sentiment dans lequel j'étais aujourd'hui.

Pire que la saleté, le dégout, ou même la culpabilité qui me rongeait. Pire que tous cela, c'était moi dans cette pièce, totalement seule. Je ne parlais pas, puisqu'il n'y avait personne à qui parler, et quelque fois, j'oubliais même que j'en étais capable. Cette sensation d'être le dernier être au monde était sans doute la pire de toute. Oui, sans aucun doute.

Alors, quand la porte s'ouvris dans un fracas, je me surpris à espérer que la personne qui la franchissait était Kayle. Le seul avec qui j'avais eu ne serait-ce qu'une simple conversation.

Quelle idée stupide.

Mais ce n'était pas lui.

Sa silhouette se détachait de l'encadrement de la porte et ses longs cheveux blancs retombaient sur ses épaules. Son corset était détaché et elle avait relevé sa chemise déchirée qui pendait maintenant le long de son bras devenu noir à cause du sang qui avait séché.

Je relevais les yeux vers son épaule, transpercée sur toute sa largeur. Le sang avait cessé de couler mais je savais que ce n'était seulement que parce qu'elle pouvait guérir plus vite que moi. Un humain serait resté à terre en train de faire une hémorragie à sa place.

Je sentais son regard sur moi et mes yeux rencontrèrent les siens, jaunes comme le soleil mais froids comme la lune. Elle semblait dégager toute la méchanceté et la colère du monde.

Instinctivement, je me redressais et me mis sur mes deux jambes.

Je ne suis pas faible.

Son visage était crispé et fermé, aussi bien de douleur que de fureur.

Odeur de soufre.

Elle se baissa et saisit une lame qu'elle cachait dans sa botte.

Elle avait un comportement qui me terrifiait, comme un prédateur en face de sa proie, deux secondes avant qu'il ne la tue.

Mais je n'aurais pas peur, j'avais trop vécu. Alors elle pouvait me tuer, je n'en avais rien à faire. J'étais déjà morte de toute façon et ce qui restait de moi faisait clairement plus de mal que de bien.

Alors je comprenais si c'était pour cette raison qu'elle était venue me tuer.

Elle jouait avec son couteau, le passant d'une main à l'autre et le faisant tourner sur ses paumes.

Le couteau arrêta de tourner, la lame pointé sur moi.

Ilys releva la tête et murmura :

- Je crois qu'il t'a choisi.

Et alors dans sa voix, je sus qu'elle ne voulait pas me tuer pour le bien de son peuple. C'était une vengeance personnelle, qui n'avait strictement aucun fondement.

- J'ai toujours pensé que si j'étais assez patiente, que j'étais toujours à ses côtés, dans l'ombre, il me choisirait moi. Et puis tu es arrivée, toi et tes problèmes. Et tu as tout foutu en l'air.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ??? Ilys...

Son regard meurtrier me fit taire et elle hurla :

- TU AS RUINE TOUTE MES CHANCES. Je suis parfaite pour lui. Et toi ? Qu'est-ce que tu es ? Rien.

Elle tendit sa main vers le mur, attrapant une énorme araignée. Elle la posa doucement sur sa paume en la regardant, un air absent sur le visage. Elle approcha la bête de mon visage et d'un seul coup, elle referma sa paume, écrasant l'araignée si énorme que son sang éclaboussa mon visage.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant