Chapitre 9 : Sans cœur - Kayle

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Wole était parti depuis une semaine, je le lui avais ordonné. Jusqu'à maintenant je n'avais eu aucune nouvelle, ce qui pour l'instant, ne m'inquiétait pas le moins du monde.

J'étais seul avec moi-même depuis trop longtemps à mon gout, seul avec mes pensées. Des pensées intrusives et, pouvait-on le dire ? Malsaine. Je n'avais eu aucune visite, que ce soit de Ilys ou même des piètres créatures qui travaillaient pour moi. Peut-être parce qu'elle en a tué une bonne partie ?

J'essayais de m'occuper un maximum, la peur de la voir à nouveau me rongeait et je ne voulais plus fermer l'œil, le sommeil ne me reposant pas plus car je finissais toujours par me réveiller en sursaut. Un réveil causé par la peur, ou tout autre émotion... tout aussi primitives.

Elles tournaient en boucle dans ma tête. Des visions changeantes, l'incluant principalement elle. Et moi.

Je m'y refusais. Plus je la voyais et plus mon désir de la tuer était grand. Elle ne s'était plus montrée pourtant elle pourrissait mes rêves et mes cauchemars de sa présence.

Dès que je fermais un œil, elle revenait. Mes visions n'étaient jamais les mêmes, chacune apportait sa touche de nouveauté... aussi terrible du moins pour moi soit-elle.

- Sors de ma tête...

Dans certaines, ses yeux me foudroyaient de leurs flammes et je finissais comme tous les autres, six pieds sous terre. Mais dans d'autres... je la voyais tout sourire, sa main dans la mienne et alors une douce sensation de chaleur se répandait en moi... C'était celles-ci les plus douloureuses... Je me détestais pour ne serait-ce qu'avoir l'audace de penser à de telle-chose... avec elle... avec une humaine, répugnante et puérile. Cependant, je ne pouvais pas me leurrer, pas bien longtemps en tout cas... Mes visions revenaient, ne faisant que me troubler d'avantage, la trouvant de plus en plus belle, de plus en plus forte... ce qui je me le disais n'était pas forcément positif.

A chacune de ses pensées, je trouvais un moyen pour le plus y songer, en me laissant tomber dans la paperasse, ce qui ne marchait pas très bien car c'était d'un ennui mortel. Jamais trouvé mieux... la mutilation. Une punition à la hauteur de mes fautes répétées.

Je voyais son visage ? Un coup de couteau dans le bras me remettait les idées en place, je ne pensais qu'a la douleur, l'associant avec elle.

Un rêve qui l'incluait ? Je m'écrasais une bouteille en verre sur la tête.

J'étais toujours plus inventifs si l'on pouvait dire... les brulures, l'empoisonnement à petites doses, les agrafes dans les poignets, les coups de marteau sur la main... toujours plus, mais jamais assez pour tout oublier.

Ces mêmes blessures se guérissait d'elle-même presque instantanément, ce qui me permettait de continuer a employer la douleur contre moi sans penser au conséquences corporelles puisqu'il n'y en avait pas.

En l'espace de 7 jours, j'avais utilisé tous les moyens à ma portée. La douleur était le meilleur moyen pour ne pas dormir, ne pas rêver, ne plus penser...

Les visions s'espaçaient de plus en plus, mon corps et mon esprit avaient associé la douleur à ces rêves.

J'étais satisfait, presque.

***

Ilys me fixait de ces yeux jaunes et perçants. Elle me scrutait sans aucune retenue. Elle l'avait toujours fait. Elle ne cachait jamais les sentiments que je pouvais lui inspirer... et qui, malheureusement pour elle, et heureusement pour moi, n'étaient pas réciproque. Mais elle n'en démentait pas. Elle était coriace, sure qu'un jour elle parviendrait à ses fins.

Je la connaissais depuis plus de 20 ans, elle était beaucoup plus jeune que moi, bien que la différence d'âge ne fût pas perceptible car mon corps, qui avait arrêté de vieillir à mes 26 ans, reflétait l'âge de mon âme. Mais dans les faits, j'avais plus d'un demi millénaire, alors qu'elle venait tout juste d'atteindre ses 80 ans.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant