Fatale

Chapitre 5 : Inflammable - Oxane

Je restai bloqué sur ses dernières paroles.

Lui rendre sa vie ?

Ça n'avait pas marché la dernière fois, Griffin était mort et je m'étais évanouie avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Je n'avais aucune idée de comment j'étais censé ressusciter le petit démon vert qui avait l'air, vraiment mort.

Kayle s'approcha à grande enjamber et tira sa dague. La même avec laquelle il m'avait menacé la première fois.

Je cru qu'il allait encore me menacer avec, mais non. Il la leva et l'abattit sur les cordes qui me retenaient prisonnière sur la chaise. Il prit grand soin de ne surtout pas me toucher.

Je ne me levai même pas, sous le choc. Les cordes trainaient sur le sol, autour de mes pieds et derrière moi. Il me força à lever la tête dans sa direction en appuyant la pointe de sa dague sous ma mâchoire.

Mes yeux rencontrèrent les siens.

Framboise.

Je plissai le nez et il leva un sourcil interrogateur.

Il ne le sentais pas ? Ce mélange dérangeant de fruit rouge et de cadavre ?

Fauk se racla la gorge derrière lui. Je me détachai de son regard. Ilys me transperçait avec ses yeux jaunes.

Soufre.

- Kayle... minauda-t-elle, peut-être faut-il qu'elle use de ses nombreux talents ?

- Leis est mort mec, sembla se rendre compte Fauk.

- Je sais, il ne le restera pas Fauk, dis Kayle en détournant son attention de moi et en secouant la tête

Tous les regards se tournèrent alors vers moi. Je détestai toute cette prétendue attention.

- Maintenant sorcière, use de ton pouvoir, dit mon kidnappeur sans un regard dans ma direction

Il ne me toucha pas bien entendu mais Fauk fit un signe de tête dans ma direction signe qu'il fallait que je me lève. Je ne me rendis compte qu'à ce moment précis que je n'avais plus mal à la tête.

Je me levai doucement de la chaise, tout en passant une main hésitante dans mes cheveux. Aucun signe de blessure ou de commotion.

Kayle me regarda semblant comprendre ce que je faisais et pourquoi mais ne fit aucun commentaire.

Il ne m'a pas frappé.

- Avance, me dicta Ilys du fond de la pièce sombre.

Je posai un pied devant l'autre très lentement. Mes jambes et mes bras tremblaient comme si je n'avais jamais marché de ma vie. Fauk m'adressa un regard de pitié comme si je ne servais à rien et que mon sort serait funeste. Je repensai alors aux cris que j'avais entendu au moment où je m'étais réveillé.

Je veux bien le croire.

J'étais fatigué. J'étais sûre de ne rien avoir mangé depuis au moins 24 heures. Depuis que j'étais partie. Ça faisait combien de temps ? Je ne le savais même pas.

Je continuai d'avancer vers le corps sans vie devant moi. Ses veines noires étaient toujours visibles et ses grands yeux fixaient le plafond moisi de la pièce sans fenêtre.

Je n'avançai surement pas assez vite au gout de Kayle, il se plaça donc derrière mon dos en appuyant la pointe de la lame qu'il tenait toujours entre ses mains aux creux de mes reins. Je sentis la lame s'enfoncer doucement dans ma peau et une goutte de mon sang perla sur mon dos.