Chapitre 2 : Pourquoi moi ? - Oxane

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« Oxane tu descends s'il te plait ! »

Ma mère, un spécimen qui criait pour réveiller son enfant.

J'étais en retard comme d'habitude, mais ce n'était pas un problème, je réussissais toujours à trouver un moyen d'arriver plus ou moins à l'heure. Je pris mon sac et y mis en vitesse mon ordi, un paquet de feuille en vrac et surtout 2 romans que j'allais surement dévorer pendant les 4 heures de chimie avancée. Ce matin-là j'avais mal au crâne, mais ça passerait, ça arrivait souvent quand j'avais tout sauf envie d'aller en cours. Ce qui était justement le cas, à 6 heures du matin ce mardi, et le fait que ma mère me hurlait comme une furie ne m'aidait pas vraiment.

Arrivée en cours de chimie je sortis mes tout nouveaux romans, racontant l'histoire d'un monde incroyable ou cohabitaient vie réelle et monde surnaturel, mon sujet préféré. Peut-être que ce type de lecture ne m'aidait pas vraiment à accepter le fait que ce monde était tout sauf intéressant, ou ne serait-ce que légèrement original.

J'ouvris le roman, prête à le dévorer mais c'est alors que le prof me remarqua et m'interpella : 

-          Mademoiselle Cirat ? Votre livre fait surement référence à notre cours sur la division atomique ?

-          Je... je... oui, alors pas tout à fait, dis-je en rangeant mon livre en vitesse

-          Donnez-moi ça mademoiselle, vous serez ravie d'apprendre que ce livre finira dans ma poubelle.

-          Non, monsieur Génélat s'il vous plait, connaissez-vous le prix de ce roman ?

-          Mademoiselle vous allez trop loin, je pense qu'un tour chez le principal vous fera le plus grand bien !

-          Tout cela parce que je m'instruis !

-          C'est trop mademoiselle, vous réfléchirez à vos propos dans le bureau du principal, TOUT DE SUITE !

Des rires narquois se firent entendre de la part des différents élèves de l'amphi. Je partis donc de l'amphi en poussant toute mes affaires en vrac dans mon sac. Les autres me jetèrent des regards dégoutés comme si je n'étais pas assez bien pour eux. D'habitude je n'en ai rien à faire, mais aujourd'hui ça me pesait, j'avais d'impression d'avoir 20 kilos de plus sur les épaules. Dépitée, je sortis de l'amphi avec mon mal de crâne du matin se transformant en une énorme migraine. Mes tympans claquaient contre mon crâne et j'avais l'impression de tout entendre en plus fort et plus strident : les cours des profs dans les salles ouvertes, les cris des étudiants dissipés en retard...

Je n'en pouvais plus. Je décidais de ne pas aller tout de suite chez le principal. Dans mon état, je pouvais à peine marcher, alors écouter ? Aucune chance.

Je tournai donc à l'angle du couloir vers la sortie. Il me fallait juste de l'air. Je dévalai les escaliers le plus vite possible, en faisant le maximum pour me tenir droite. J'ouvris les portes en grand et m'écroulai sur le béton du trottoir. Ma tête tournait toujours. Je marchais donc lentement vers la fontaine, un peu plus loin. Je me tenais à toutes les choses auxquelles je pouvais. Je plongeai la tête dans l'eau. L'écriteau au-dessus de ma tête indiquait que l'eau était potable. J'en bus donc de longue gorgée et me laissai tomber par terre, contre la pierre de la fontaine. Mon pull était recouvert de brindille, de terre ainsi que de cailloux. Les mailles serrées emprisonnaient les impuretés et j'avais beau secouer le tissu dans tous les sens, rien de tombait. Ma tête me faisait toujours un peu mal alors j'abandonnai ma tâche en essayant de me relever. Je devais tout de même aller chez le principal sinon ils allaient probablement m'accuser d'avoir voulu sécher.

***

Comme je mis attendais, on m'avait encore répété les mêmes banalités : « tu es sur la mauvaise pente », « tu vas finir par rater ton année » ... bla bla bla

J'avais écopé de 2 heures de retenue la semaine prochaine. J'allais me faire tuer par mes parents mais je m'en fichais. C'était toujours la même chanson de toute façon.

Pour l'instant, mon principal problème était de savoir si j'allais, oui ou non, faire foirer ce TP de chimie. Je devais produire une sorte de réaction chimique spécifique en mélangeant plusieurs produits que les profs aimaient bien qualifier de dangereux ou de toxique alors que les produits en question sont aussi dangereux que du jus de citron, même si j'avoue volontiers qu'aujourd'hui le mélange sentait vraiment l'acide.

Je m'étais déjà fait prendre en grippe par mon prof parce que « comme d'habitude » disait-il, j'avais oublié ma blouse. Mais bon c'était pas ça qui allait me tuer.

Je versai une goutte d'un produit inconnu dans le bécher. Mon mélange dégagea une horrible odeur qui me piqua les yeux tellement elle était forte. Je vis que mes voisins de tables n'appréciaient pas non plus mes talents de chimiste.

Je lèvai le bras au-dessus de la préparation pour attraper un autre bécher. C'était le moment que choisi un caillou resté sur mon pull pour se décrocher, atterrissant directement dans le bécher contenant mon mélange puant. Au moment où la pierre toucha le liquide, celui-ci devint d'une étrange couleur violette et un petit nuage de vapeur de la même couleur s'échappa de la préparation ratée.

Merde, merde, merde

J'eu juste le temps de prendre une pince pour sortir la pierre et la déposer dans ma main mais le mal était fait.

Putain, je vais encore me taper un 0.

La fumée se dirigea directement vers mon visage déconfit qui regardait le carnage. Je n'eu pas le temps de couper ma respiration que je sentis la fumée qui entra dans mes poumons. Je toussai comme si j'étais en train de m'étouffer. Toute la fumée s'infiltra alors dans mon nez, me faisant tousser encore plus fort. Je me redressai, la pierre toujours dans mon point maintenant fermé. Mes camarades me regardaient d'un œil mauvais, de même que le professeur qui apparemment n'en avait rien à faire du fait que j'étais en train de cracher mes tripes sur sa table. Ma toux s'intensifia et mon mal de tête de ce matin revint d'un seul coup.

Mais c'est quoi ce putain de karma ?

Ma vue se troubla. Des points blancs apparurent devant mes yeux. J'allais faire un malaise. Je me levai de ma chaise et sortis de la classe en titubant. J'entendais à peine les cris du professeur dans mon dos. Je marchai vers la sortie en m'accrochant aux murs. Mes yeux me brulaient tout comme mes poumons. Mes jambes flageolèrent sous mon poids. Je me cognai dans les casiers alignés contre le mur que je n'avais même pas vu. Des points floues, tantôt blancs tantôt noirs me barraient la vue. Mes oreilles bourdonnaient. Mes sens me lâchaient.

J'arrivai enfin aux escaliers de sortie vers l'extérieur. Je posai mon pied sur ma première marche. Ma cheville se tordit. Mes jambes ne tenaient plus rien et je m'affalai de tout mon long dans les escaliers. Je les dévalai jusqu'en bas en me cognant contre les marches. Ma tête atteignit le béton et je frissonnai en entendant le bruit le mon crane contre le sol.

Ensuite, le trou noir.

FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant