Océane déglutit violemment. Cette visite était étrange et franchement effrayante. Elle tremblote quelques secondes devant la porte d'entrée. Elle s'applique à inspirer et expirer afin de se calmer avant de quitter le hall.
— C'était Gamayun, dit-elle simplement à Clément alors qu'elle le rejoint.
— La chanteuse ?
— Oui, elle voulait des œufs et...
La jeune femme s'interrompt. Est-ce vraiment nécessaire d'inquiéter son colocataire avec des idées pareilles lui qui n'est déjà pas au sommet de sa forme? Et puis cela ne voulait franchement rien dire. D'après la chanteuse, Clément aurait le cœur brisé en mille morceaux et elle serait chargée de le recoller. Elle doit surement être particulière pour tenir de tels propos.
— J'aime beaucoup sa voix, vient à son secours le jeune homme malgré lui.
— Moi aussi.
Elle se remémore la drôle de sensation qu'elle a ressentie pendant que Gamayun donnait son concert. Comme si les paroles s'insinuaient en elle et lui étaient adressées à elle seule. Entre cela et les yeux noirs de tout à l'heure, Océane ne s'avance pas trop en déduisant que Gamayun n'est pas humaine.
Damori aussi à quelque chose dans le regard d'assez étonnant et même si elle n'a pas vraiment de preuve, elle pressent qu'il est également une créature magique.
Pour la jeune femme, humain ou créature c'est du pareil au même. Seulement elle n'a pas eu l'occasion de côtoyer qui que ce soit avec des dons particuliers. Ailleurs, on ne se mélange pas tant qu'à Port-Lumière. Ici, la vie, le monde ne répond pas tout à fait aux mêmes lois. Du moins, c'est ce qu'on raconte. Clément la sort de ses réflexions :
— Il faut que l'on parle de ce qu'il s'est passé hier.
— Je me demande si cela se produira à nouveau en lisant une autre lettre.
— Moi aussi je me le demande. Et puis je dois te dire que là-bas, je me sentais mieux. La lumière bleue m'attirait et me paraissait amicale contrairement à ce qu'il s'est passé quand elle nous a attirés vers les lettres.
— C'est-à-dire ? s'étonne Océane
— Je ne sais pas te l'expliquer, c'est un ressenti et puis elle m'attirait quand elle tournait autour de ta grand-mère...
— Cela n'en fait pas quelque chose d'amical! le contredit la jeune femme les sourcils froncés.
— Elle aurait pu t'exploser en plein cœur à toi aussi, mais elle ne l'a pas fait ! s'anime Clément.
— Peut-être qu'elle a un quota de blessés à ne pas dépasser par semaine.
Clément rit en secouant la tête de droite à gauche.
— J'aimerais, si tu es d'accord, que nous lisions une nouvelle lettre ensemble ce soir.
La jeune femme réfléchit. Bien sûr qu'elle aussi trépigne d'impatience à l'idée de voir à nouveau sa grand-mère. D'en savoir plus. Mais la santé fragile de Clément l'interroge et le fait que la lumière bleue se retrouve dans les visions ne la rassure pas. Peut-être devrait-elle faire cela seule pour le protéger. Elle pourrait simplement dire qu'il s'agit de courriers privés et qu'il n'a pas à entrer dans l'intimité de sa grand-mère.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Clément ajoute :
— Je sais que le contenu de ces courriers est privé, mais peut-être y a-t-il une solution pour ma santé dans cette magie. Le fait que la lumière bleue ait été présente... on ne peut pas nier qu'il y a surement un rapport entre ces lettres et ma santé. Nous avons vu les mêmes choses toi et moi.
— Oui, mais je reste sceptique sur le fait que ce soit une bonne idée que tu te confrontes à nouveau à elle. C'est dangereux ! Je me suis récemment entrainée au massage cardiaque et franchement cela ne me donne pas envie de recommencer.
— C'est mon choix, Océane.
— C'est peut-être ton choix, mais je m'en voudrais s'il t'arrivait quelque chose d'encore plus grave.
— Ce ne serait pas de ta faute puisque c'est moi qui décide de recommencer l'expérience.
— Je te découvre carrément têtu ! s'insurge la jeune femme.
— Je suis ravi que tu acceptes, conclut-il.
— Je vais à la fac, maugrée Océane.
Sur le chemin, elle se demande où toute cette histoire va la mener, les mener. L'avenir ne lui a jamais paru aussi flou, tout lui semble hors de contrôle.
— Salut !
Océane sursaute.
— C'est pas vrai Damori, j'ai cru faire un infarctus !
— Mais tu n'en as pas fait un.
— A priori, non.
Il pose sa main sur son bras.
— Tu vas bien ?
— Oui, je vais bien et toi ?
— Oh moi, toujours ! affirme-t-il avec un sourire que la jeune femme interprète comme charmeur.
— Tu voulais quelque chose ?
— Faire le trajet avec toi.
— D'accord...
Ils marchent côte à côte, Océane un peu gênée.
— Il y a une fête demain soir sur la plage ça te dit de m'accompagner ? se lance-t-il.
Une fête! Voilà qui est parfait pour s'intégrer, songe l'étudiante. Pourtant immédiatement elle pense à Clément. Cela sous-entend le laisser seul une soirée. Elle hésite.
— C'est gentil tu sais, ça me dit bien, mais je ne suis pas sûre de pouvoir.
— Oh! Allez... ça va être sympa, bon enfant et puis je te raccompagne dès que tu en as marre !
— Tu sais quoi, j'ai quelque chose d'important à faire ce soir. Suivant comment cela se passe je te dis si je viens ou non demain matin.
— OK, abdique Damori.
Il reste à ses côtés en silence jusque dans l'enceinte de la fac puis s'arrête. Elle se retourne pour le remercier de sa compagnie et alors qu'elle commence sa phrase il lui lâche :
— Océane, j'espère que tu viendras demain, c'est plutôt sympa de marcher avec toi même si tu n'es pas bavarde.
Elle lui sourit en retour.
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Port-Lumière
ParanormalOcéane entre à la fac à Port-Lumière, une ville où humains et créatures magiques se côtoient. Pour payer ses études elle a deux options : travailler ou tenter l'aventure de la colocation. Lorsqu'elle opte pour la seconde, elle est loin d'imaginer qu...