Enfin arrivée ! Vue de loin, notre maison ferait penser à un château fort, entouré par un large et épais mur de granite. La porte principale est très grande et s'ouvre sur approbation des agents de sécurité qui s’occupent de la surveillance.
À l’intérieur, la voiture parcourt encore quelques mètres, dépassant la chère serre de maman et le jardin aux merveilleux chants d’oiseaux ainsi que le garage, où devrais-je dire la concession de voitures de mon cher père, ainsi que la piscine qui se trouve derrière. Elle s’arrête enfin devant une grande construction tout en blanc. La seule chose faisant défaut étant les balcons en marron et la terrasse. Elle ferait penser à un château tout droit sorti des dessins animés Disney. Ce qui n’est pas pour me déplaire. A cet âge de l’adolescence, on rivalise de tout : mecs, plus belles voitures, maisons, parents, pays où nous sommes allés en vacances, chambres,…
Ni papa ni maman ne sont à la maison. Il y a juste Anta qui est là et qui veille sur nous. Elle est un peu comme cette mère que je n’ai jamais eue. Elle a toujours été là pour nous. En fait, depuis que je m’en souvienne elle a toujours été là, et probablement avant ou juste après ma naissance. Elle sait tout sur nous, et est la seule à pouvoir lire vraiment en moi comme dans un livre ouvert. Ce qui peut parfois m’indisposer à un tel point ! Je n’aime pas être percée à jour ! Elle connait par cœur les allergies de mon p’tit-frère et tout ce qui le concerne. C’est un peu son p’tit chou à elle.
Je suis fatiguée et donc je monte direct. Ma chambre, elle est tellement grande qu’on pourrait s’y perdre. Peinte en rose, ma couleur préférée, les murs sont recouverts de posters de mes chanteurs préférés : Taylor Swift, Trevor Jackson, Jordan Fisher... Elle donne sur un balcon et a une fenêtre qui m’est toujours pratique pour… certaines choses. Mon grand lit préfabriqué spécialement pour moi, comme celui des princesses de Disney Land. Mais il est unique car c’est moi qui a, en quelque sorte fait le croquis. Un double lit tout en or, les draps et couvertures tous en rose.
Il y a une fête ce soir et je dois absolument y aller pour augmenter ma côte de popularité. Mais il faut déjà que je mange puis dorme un peu.
Je me réveille soudain. Oh mon Dieu ! Il est presque 22h et je ne suis pas encore prête. Je me dépêche de prendre mon bain et de me rendre dans ma penderie. Elle est tellement grande, bien éclairée, et ce que j’aime le plus, elle est pleine de miroirs. Et Dieu sait que j’aime bien admirer ma beauté. Je sors plusieurs tenues avant d’opter pour une petite robe de couleur rouge. J’aime bien le rouge, et toutes les couleurs vives car j’ai horreur de passer inaperçue ; même si je sais que c’est impossible.
Eyeliner, rouge à lèvres, émail, crayon,… rien ne manque. Je porte aussi mes bottes de la même couleur.À 23h, je suis déjà prête, et sors de la maison. Les gardes me laissent toujours sortir où et quand je veux, mais pas de voitures ! Mon père m’interdit à présent d’utiliser ses voitures la nuit, surtout sans chauffeur. Surtout depuis que… j’ai, en quelque sorte "emprunté" une de ses voitures sans sa permission une nuit. Une nuit que je n’oublierai jamais de ma vie. Après qu’elle soit rentrée dans la voiture d’un homme en rentrant d’une soirée, alors que je n’avais même pas encore le permis. J’ai failli passer la nuit dans l’hôtel "–5 étoiles". Heureusement que mon père est le proc, ce qui fait que j’ai eu à ne pas passer une nuit là-bas.
Si ce n’était que mon père, je suis sûre que j’y aurais croupi plusieurs longues journées. Je le connais bien, la justice n’a pas de partie prise pour lui. Mais comme maman n’arrêtait pas de pleurer et de se plaindre, il a dû accepter. Ce qui m’a valu quand même deux mois de retenue. Deux mois de retenue vous entendez ?! Pas de sortie, rien ! Mais comme il n’était pas toujours là à cause de ses nombreux déplacements, j’arrivais à soudoyer ma mère pour qu’elle me laisse sortir.
Pour cela, deux options s’offraient à moi. Soit lui faire mes yeux de chien battu. Ce qui cette fois-là n’avait pas marché. Me restait la seconde option : allumer haut et fort ma chaine hi-fi pour « noyer mon chagrin » dans toute la maison avec de la musique. Ce qui jusque-là, portait relativement bien ses fruits.J’entends un tintamarre avant même que la voiture ne s’arrête. C’est Tommy qui accueille aujourd’hui. Je pénètre dans la maison où une vive lumière des projecteurs et des jeux de boules à facettes faisaient déjà de la baraque une belle discothèque. La musique était bien présente, bien forte et bien tympanisante. Je vois que tout le monde est déjà là. Certains sont en train de danser, d’autres de manger et d’autres encore boivent ou discutent entre eux. Mais ils se retournent presque tous en même temps à mon entrée.
L’atmosphère est à son comble. La chaleur étouffante des lieux, mêlée aux odeurs de sueurs et de goût fantastique de boisson qui plane dans l’air. Il y’a Farid, un de mes ex qui me lorgne depuis un moment. De même, Samba me fait toujours des clins d’œil, auxquels je ne réponds pas.
Ne sait-il pas que c’est fini entre nous ?Dans un coin, je vois que Karim est entouré par une horde de filles qui essaient de le séduire. Il dévie son regard sur moi, je lui fais un de mes sourires les plus charmeurs. Je continue ma traversée des lieux et remarque un des couples les plus en vue du moment : François et Safia. Ils font en sorte de s’entendre mais, à voir leurs têtes, on sait bien qu’il y’a quelque chose qui cloche.
Est-ce leur rupture qui s’annonce ainsi ?A un instant, le mec me regarde, et je lui fais aussi un de mes plus beaux sourires.
Les hommes, je ne les aborde jamais, mais fais toujours en sorte qu’ils me remarquent et font le premier pas. Il faut dire que je sais jouer de mes charmes. Je vois Angie et Rama venir à ma rencontre. On se fait une bise comme c’est de coutume chez nous.- Oh mais vous avez vu tous ces beaux mecs ma parole !?, s’écrie Angie, les yeux pleins d’étoiles.
Je la regarde puis lève les yeux au ciel, excédée. Avec tous les garçons avec lesquels je suis sortie, je n’ai jamais ressentie un quelconque attachement à eux. Je le faisais juste parce qu’au lycée, il le fallait pour être parmi les tops. Cependant, je ne suis jamais allée loin avec eux. Même si je n’en ai pas vraiment l’air, je tiens beaucoup à mon honneur et à mon innocence !
Je me sens tellement seule chez moi qu’il faut qu’au lycée je donne l’image d’une fille cool et joyeuse. Alors qu’au fond, je me sens seule et totalement vide. Maman n’est jamais à la maison, et papa aussi. C’est comme on n’existait pas pour eux. Moi cela peut aller, mais mon frère lui, il est tellement petit !En parlant de garçons, il y’en a qui viennent me draguer, et je remarque que Samba ne me quitte pas des yeux. A un moment donné, il se lève et vient vers nous. Il pose sa main sur mon épaule, prêt à m’enlacer. Etonnée, je pense dans un premier temps à le repousser, mais je vois que cela décourage les autres. Je ne dis rien, et joue son joue. Déjà que ce soir je ne suis pas d’humeur. Je le laisse faire mais dès que les autres s’en aillent je le repousse brutalement. Je me saisis de mon sac et sors de la résidence, sous le regard interrogateur de tous ceux qui sont présents à la soirée. Je l’entends crier mon nom, mais je n’y fais pas attention. Il me rattrape de justesse dans la rue.
- S’il te plait Kari, il faut qu’on parle !
- C’est bizarre, car moi je n’ai rien à te dire.
Je me remets à marcher et il me retient par le bras.
- Je t’aime Karina !
Je lève les yeux vers lui, et le regarde. Il est tellement beau avec sa peau bronzée. Il est un peu plus grand que moi. Il est tellement beau mais, mais je ne l’aime pas. Je ne sais même pas ce qu’on ressent quand on aime une personne. D’ailleurs, je ne pense pas que je puis aimer quelqu’un un jour. Je soupire d’agacement :
- Samba, c’est fini entre nous, accepte-le !
J’arrête le premier taxi vide que je vois, et m’y engouffre sans attendre. Je ferme les yeux et aspire un grand coup. Toute cette vie, ma vie, quand j’y repense, elle me parait bien vide tout d’un coup. Et Dieu sait que j’essaie de l’égayer comme je peux. Je sors avec des garçons, je vais dans les soirées les plus branchées, j’achète tout ce que je veux, je fais tout ce que je veux,… Mais, mais je vois, je sens qu’il me manque une chose que je comble comme je peux. Je me suis créée une autre vie, afin que la mienne paraisse plus géniale et plus remplie. Mais je ne la sens pas. Je ne sens pas cette vie !
Je ne sens pas ma vie ?
Suis-je vraiment en train de vivre ma propre vie ?
Mais tout ceci jusqu’à quand mon Dieu ?
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KARINA, LA FILLE DU PROCUREUR
Novela JuvenilKarina est une jeune adolescente de 16 ans, d'un père procureur sénégalais et d'une mère canadienne. Arrogante, aguicheuse, avec ses deux meilleures amies, elle aime contrôler les hommes et les manipuler à leur guise. Jusqu'au jour où... Il a fallu...