CHAPITRE NEUF

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J’ai déjà prévenue maman de mon rencart et naturellement, elle a accepté. Il faut dire qu’elle ne m’a jamais dit non.
Et donc, j’ai convaincu François qu’on prenne ma voiture. On s’y engouffre faisant semblant de ne pas faire attention à notre chauffeur.

Mais alors pourquoi ne puis-je me le détacher des yeux ? 🫣

Comme le parc n’est pas loin, on met à peine dix minutes pour s’y rendre. Et durant tout le trajet, j’essaye d’échanger avec François, mais on dirait que c’est lui qui parle le plus.

🙄

Ou bien est-ce moi qui ne suis pas d’humeur ? Je me contente de hocher la tête, de oui, de non.

Enfin arrivés, je m’agrippe à son bras et nous nous dirigeons vers le parc sans nous retourner. Nous nous asseyons sur l’un des nombreux bancs disponibles. Je fais exprès pour qu’on soit face à la voiture, et donc face à Aziz.

Au début il était dans la voiture et à un moment donné, alors que j’étais occupée à parler de tout et de rien avec François, quand je me retourne, il n’est plus là. Mon cœur bat la chamade.

Où est-ce qu’il a bien pu passer ? Non, il n’a pas le droit ! 😖

Je le cherche des yeux dans cette foule nombreuse en cette fin de soirée, mais rien. François remarque bientôt que je ne suis pas concentrée et me demande ce qui ne va pas. Mais je le rassure sans être moi-même rassurée.

Il se passe environ vingt minutes, quand je le vois revenir, tout souriant. Il reste un moment adossé devant la voiture, les écouteurs branchés et les lunettes sur son nez, l’air de regarder au loin.

Il est tellement craquant comme ça ! 😍🥰

Mais quelque chose vient perturber ma séance d’observation. Il y’a cette  jeune femme qui vient lui parler. Il enlève ses écouteurs et même ses lunettes et je les vois discuter, comme s’ils se connaissaient depuis belle lurette.
Cela me fait mal quand je le vois si complice avec elle. Cette femme a à peu près son âge. Elle est simplement vêtue d’un jean et d’un haut qui lui descend jusqu’aux cuisses, elle porte de jolies tresses qui lui vont à merveille, je l’avoue. Elle a un teint hâlé et a un peu la même taille que moi, mais un peu rondelette sur les bords.

Est-ce cela son genre de filles ? 😔

Je les regarde rigoler comme des gosses. Alors que moi, je bouillonne à l’intérieur, je suis rouge de rage. Ce que remarque mon compagnon qui les regarde aussi.

- Kari, tu vas bien ?

- Oui !, dis-je, en feignant de sourire. Tu sais quoi, allons faire un tour.

Nous nous levons et venons passer à côté d’eux, mais il ne me regarde pas. Alors que cette femme elle, me regarde et sourit avant de fixer Aziz de nouveau.

Que je la déteste ! Encore plus qu’elle est si proche de lui. 😓

Je prends François des mains et allons vers l’autre côté du parc.

- Tu sais que c’est les grandes vacances dans deux semaines ?, me dit-il.

- Oui je sais. D’ailleurs, j’ai hâte d’y être.

- J’espère qu’on aura le temps de passer du temps ensemble.

- Ouais, pas de problème. C’est quand tu veux ! Bon, le soleil commence à se coucher, on y va ?

C’est ainsi que nous y allons car je n’en peux plus. Il me manque trop l’autre. Mais il me faut François pour l’exécution de mon plan. Ce dernier rentre de son côté car il habite tout près de là.
Je retrouve Aziz en train de regarder quelque chose au loin.

- Tu regardes qui comme ça ?

- Personne mademoiselle.

- C’est Karina je t’ai dit !

Je viens alors me mettre à côté de lui, histoire de voir ce qu’il observe, mais rien. Déjà qu’il n’y a personne dans cette direction. Il sourit de ma désespérance.

- Vous ne voyez donc rien ?

Je le regarde et lui fais un non de la tête, puis il ajoute :

- Je contemple juste ce coucher de soleil. C’est tellement beau !

Je réalise enfin qu’il était sous mon nez. Et c’est vrai que c’est beau. Je le regarde contempler ce beau moment. Et dans mon cœur et mon esprit, j’aurai voulu qu’il puisse me regarder comme ça, avec tant d’émerveillement et de magie dans les yeux.

Je sens encore mon cœur se serrer, et quelle horrible situation que celle-là. Aimer quelqu’un et savoir qu’il ne ressent pas la même chose pour nous. Mais une chose est sure, j’arrive toujours à mes fins, et là, j’y arriverai. J’arriverai ce qu’il me voit comme ça, qu’importe ce que cela me coutera. Je me le promets.

Ce moment magique passé, nous reprenons le chemin de la maison. Moi je me mets encore devant.

- Et que dira votre père s’il vous voit installée ici ?

- Il ne me fera rien Ziza. Et puis, c’est moi qui avais choisi de m’asseoir derrière, comme une vraie personnalité.

- Quoi ?! Qu’avez-vous dit ?!

- Quoi ? Que c’est moi qui avais choisi de…

- Non avant !

- Je sais plus…

- Vous m’avez appelé d’un nom biz…

- Ah ouais, Ziza !

- C’est Aziz je vous signale.

- Eh ben moi, c’est comme ça que je t’appellerai dorénavant.

- Et si je ne veux pas ?

- Tu n’as pas le choix Ziza. Et puis, parlons d’autres choses, c’était qui cette pimbêche qui te tournait autour?

- En plus, vous me tutoyez ?

- Répondez-moi je vous prie !

- Une amie.

- Comment une amie ?

- Cela ne vous regarde en rien jeune fille.

- Je ne suis pas une jeune fille !, crie-je, je suis une jeune femme.

- Oh ! La jeune femme. Et donc, cela ne vous regarde en rien.

- C’est votre petite amie ?

- Peut-être.

- Ah ! Je vais m’occuper de son cas.

Il me regarde perplexe, avant de fixer encore la route. J’ai peut-être dit quelque chose de trop tout compte fait, et il faut que je change de sujet.

- Je sais que c’est vous qui avez aidé mon p’tit frère pour ses devoirs. Comment cela se fait-il ?

Mais il ne me répond pas. Chose qui m’énerve plus que tout. Il soupire un instant, alors qu’on vient d’arriver :

- Je l’ai aidé parce que je m’y connais. Il y’a beaucoup de choses que vous ignorez de moi. Mais quand j’y repense, vous ne savez rien de moi.

Avant même de répliquer, il sort, vient m’ouvrir la portière. Et quand je descends, il la referme.

- Passez une bonne soirée mademoiselle.

Il disparait encore une fois, me laissant sans voix. Il avait raison, je ne connais rien de lui. Et je compte bien tout savoir le concernant, tout. Mais déjà, il faut que je sache pourquoi mon père veut le voir.

KARINA, LA FILLE DU PROCUREUR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant