CHAPITRE SIX

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Nous entrons dans la boite sans problème. La musique est si forte que c’est à peine si on s’entend parler.

- Allons danser !, nous dit Angie.

On s’élance sur la piste de danse et se trémousse au son de la musique. La majorité de la boite constituée de jeunes à peu près de notre âge, on se déhanche sans vergogne au rythme du dernier tube du moment.
Inutile de préciser que la majorité n’a pas encore la majorité de l’âge requis pour fréquenter ces lieux, mais bon, chacun fait celui qui ne voit rien, ce qui arrange aussi bien le propriétaire de la boite qui ne désemplit pas, que barmen et aussi les hommes d’âge plus mûrs qui se rincent bien l’œil, tellement qu’à force, il sera bien immaculé.

La tendance est à l’exhibition et le son qui cartonne le plus est évidemment celui qui a été le plus enclin au scandale des derniers temps. Autant dire que la qualité ne compte plus vraiment quand on étudie à fond les paroles ou bien le sens des chansons.

Vêtue d’une petite robe rose avec des bottes qui m’arrivent presque au niveau du genou, je ne passe pas inaperçue. Rama elle, a osé une mini-jupe violet et un petit haut blanc. Et à l’opposé de nous, Angie porte un jean noir avec un décolleté vraiment très décolleté, rouge.

Fatiguée, je tente de rejoindre notre table quand je vois une silhouette qui me semble familier. Cet homme de dos, me fait penser à notre chauffeur. Je ressens un tel frisson que j’aurais cru que le boum de mon cœur avait été entendu par tous, même avec la forte musique.

Il est là, c’est lui, j’en suis sure. Mais comment l’interpeler ?

Que je sache, on est plus dans le cadre professionnel et donc je me lance sans y réfléchir. Je souris comme jamais en me frayant un chemin jusqu’à lui. Je l’interpelle, mais je vois qu’il ne s’agit pas de lui. Mon sourire se transforme en tristesse. Le reste de la soirée, je le passe assise à la table.

Le lendemain, à peine je sors de ma chambre que je rencontre mon petit frère qui lui, fait la tête. Je lui demande le pourquoi de tant d’antipathie, mais il ne me répond pas. C’est cependant dans la voiture pour aller à l’école que j’obtiens ma réponse.

- Ce qui ne va pas ! Tu oses me le demander ?! Hier t’avais promis que le soir, tu m’aiderais à faire mon devoir de maths, devoir que je dois rendre aujourd’hui. Mais non, tu as préféré aller trainer je ne sais où, avec tes amies moches !

A ces mots, je regarde devant moi, mais me rappelle que le chauffeur ne peut pas nous entendre avec la vitre relevée. Et dire que dans ces moments, je pense à ma réputation et surtout à ce que cet inconnu pourrait penser de moi. Décidément, je crois que je ne changerai jamais.

- Oh mon Dieu Tapha ! Mais, je ne savais pas que….

- Tais-toi je te dis !

Ses yeux étaient tout plein de larmes, il allait bientôt craquer.

- Mais écoute-moi s’il-te-plait. Je ne voulais pas, je…

- Tu sais quoi, je te déteste !

Alors que j’allais répondre, la voiture s’arrête en arrivant devant le lycée. Le chauffeur vient m’ouvrir la porte, et je sors. Celui-ci remarque la mauvaise mine de Tapha.

- Je vous souhaite une bonne journée mademoiselle !

- Oui merci, à vous aussi, dit-je, sans plus d’entrain.

J’avais mal pour mon petit frère. Je ne savais même pas que c’était cela qu’il m’avait demandé. J’avais même oublié cette histoire, trop occupée à me demander ce que porterai ce soir-là. Quelle grande sœur je fais ? Je passe pour être la plus négligente.

Il faut vraiment que je rattrape le coup. Comment ? Je ne sais pas encore. Mais bizarrement au retour, je le trouve très joyeux.

- Je te demande de m’excuser encore une fois Tapha, c’est que j’étais trop concentrée sur mon IPhone que je n’avais pas écouté ce que tu me disais.

- C’n’est pas la peine de t’excuser. Et puis ce n’est pas grave, je l’ai déjà fait mon devoir, dit-il en souriant.

- Ah bon ! Et qui t’a aidé ?

- C’est mon nouvel ami qui m’a aidé.

- Et c’est qui ?

- Je ne peux pas te le dire, c’est un secret.

- Et je le connais ?

- Possible.

- Dis-moi qui c’est.

- C’est un secret !

- Tu sais bien que je suis trop curieuse, dis-le moi s’il-te-plait !

- Non, je ne peux pas.

- S’il-te-plait !!!

- Non, désolé.

Mais à mon insistance, il finit par me donner son prénom : Aziz. C’est peut-être un de ses amis, d’autant que je ne connais personne de ce nom-là parmi eux. Un nouvel ami comme il vient de le dire. J’aurais pu encore le cuisiner un peu, mais la voiture est déjà arrivée et la porte s’ouvre.

Aussitôt descendu, Tapha s’élance dans la maison, histoire de fuir mes questions.

- Mais attends-moi p’tit monstre !

Mais ce dernier a déjà disparu. Je me tourne vers le chauffeur qui s’apprête à aller ranger la voiture à l’autre bout de la maison. Il fait comme genre je n’existe pas et s’apprête à démarrer la voiture.

Le soleil orne merveilleusement le ciel en cette fin d’après-midi et tape dur sur nos petites têtes qui sont mises à rude épreuve ces temps de chaleur un peu étouffante. Le ciel est d’un magnifique bleu qui donne envie de s’y plonger les yeux mais impossible n’est-ce-pas ?

Le regard droit et l’allure fière et imposante, il allait lever le pied mais sans compter sur moi qui viens me poster près de lui. Sachant à quoi s’attendre, il ne se gêne pas pour souffler d’exaspération devant moi. Qu’à cela n’y tienne, je lui fais cependant mon regard et ma voix les plus charmeurs et lui dis :

- Au fait, ma mère et moi devons sortir demain soir, je crois bien que nous aurions besoin de vos services.

- Le soir ?! Excusez-moi mais, je ne pourrais pas.

- Comment vous ne pourriez pas ?! N’est-ce pas que c’est pour cela qu’on vous paie !

Je commence à m’irriter et à lui parler comme je le fais d’habitude avec le personnel : toujours désagréable. Mais voilà, ce n’est en aucun cas mon plan. Celui-ci étant de me rapprocher le plus de lui. Cette histoire, c’est juste une excuse, car des chauffeurs, on en a plus d’un.

- Hum je voulais dire que cela ne prendra pas plus de temps. Et puis, on partira assez tôt. S’il-vous-plait !!!

Je lui fais un peu les yeux doux et un de mes sourires d’ange dont j’ai si bien le secret, et marche souvent à merveille.

- Bon d’accord ! Mais j’espère que cela ne sera pas long du tout.

Soulagée, je lui saute au cou. Alors qu’étonné, il essaie de se détacher de cette étreinte assez gênante pour lui.

- Donc à demain soir !

KARINA, LA FILLE DU PROCUREUR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant