KARINA, LA FILLE DU PROCUREUR

CHAPITRE QUATRE

J'arrive au lycée complètement perdue. Genre la tête dans les airs.

Qui est ce type ? Cette voix ?

Comme toujours je suis rejointe par mes deux amies et assistantes. Après nos bises habituelles, on emprunte les couloirs du lycée pour nous rendre à notre classe.

- Alors les filles quoi de neuf ?

- Tu ne devineras jamais la nouvelle qui vient de tomber !, me dit Angie tout excitée.

Je la regarde un moment en l’intimidant. Elle sait bien que je n’aime pas attendre.

- Ok, ok. Tu sais quoi ? D’après les rumeurs, François et Safia, ils viennent de rompre. Ce qui veut dire…

- Qu’il ne va pas tarder à te demander de sortir avec luiiii !, crie de joie Rama.

- C’est logique enfin ! Ils sont peut-être en terminal et donc plus âgés que moi, mais je suis la plus populaire de toutes les filles du bahut.

- Oui c’est vrai Kari, approuve Rama.

- En tout cas, tiens-nous au courant quand il t’appellera, renchérit Angie.

- T’inquiète, vous saurez tout.

Alors qu’on est au labo, je n’ai pas la tête à faire de la chimie. Je ne pense plus qu’à une seule chose : cette voix ! Il s’est fallu de peu pour que je ne transforme le labo en ruine. Un mauvais dosage, et tout est parti en vrille, en un boum. Certains élèves rient de moi. Je les foudroie du regard et ils se taisent direct.

Après cet évènement, je ne veux qu’une seule chose : rentrer chez moi. Mais il reste encore un autre cours avant la descente. Celui-ci étant le cours d’Histoire, je retourne en classe avec mes deux amies. Alors que madame Charles fait son cours, mes pensées divaguent encore une fois vers cette voix qui me hante l’esprit.

Et quand je reviens à moi, je vois certains me regarder et rire malicieusement. Je lève les yeux et vois notre française de prof devant moi, les bras croisés.

- Alors comme ça on ne suit pas mon cours ?!

Avant que je ne puisse en placer une, elle me pose une question, probablement pour la deuxième fois. J’y réponds avec clarté, même si je suis assez prise au dépourvu. Satisfaite, elle retourne à sa place, derrière le bureau. Je souffle un bon coup et reprends mes esprits. Avec elle, le courant passe plutôt bien. C’est peut-être bizarre mais j’aime particulièrement son cours.

Décidément cette voix, alors que je ne connais pas encore celui qui se cache derrière, me crée déjà trop d’ennuis. En plus j’ai trop hâte de finir la journée. L’impatience est un de mes plus grands défauts.

Enfin ça sonne ! Je me dépêche de ranger mes bagages au moment où Angie vient me dire de ne pas oublier notre virée en boite de ce soir. Je cours presque, sans perdre de temps, et sans savoir pourquoi.

Mais que m’arrive-t-il enfin ?

La voiture est déjà garée. À mon arrivée, en sort un jeune homme en costume. Il est…, il est….

Je ne sais pas comment l’expliquer. S’il devait y avoir une chanson pour représenter mon état à cet instant ce serait nulle autre que Love Story de Taylor Swift, une chanson que j'aimais tant regardé quand j'étais encore toute petite.

En fait, c'est comme si je connais cette cette personne depuis toujours, alors que je viens seulement de la rencontrer.

Je crois que je crois maintenant que les coups de foudre, cela existe vraiment. Sa façon de marcher est tellement sexy ! On dirait un mannequin tout droit sorti d'un défilé de Chanel ! 😍
Ses lunettes noires qui lui donnent à la fois un air mystérieux et tellement tombeur ne m’aident pas rester calme. 🥹

Je reste hypnotisée par sa façon de sortir de la voiture et sa démarche pour venir m’ouvrir la portière. Il doit avoir la vingtaine et est beaucoup plus grand que moi. Il a la peau noire, ce qui le rend étrangement sexy. Il sourit à peine mais, mais c’est comme si mon univers venait de s’éclaircir.

Il vient de transcender mon âme !

C’est la première fois que je le vois, et pourtant, j’ai l’impression que je le connais depuis toujours.

Suis-je en train de me répéter ?

C’est une étrange impression et à la fois agréable, mais parfois si troublant.

Je suis tellement concentrée à le dévisager, que je ne me rends pas compte qu’il n’attend que moi pour entrer dans la voiture. Et même en entrant je ne puis m’empêcher de le dévisager, alors que lui ne me regarde même pas. Mon cœur bat tellement fort que je crois qu’il va sortir de ma poitrine. Pire, j’ouvre la bouche, mais aucun son ne sort.

Je salue mon petit-frère en essayant de penser à autre chose. Mais je n’y arrive pas. Le trajet se fait donc dans le silence total, chacun étant occupés à quelque chose : moi essayant d’envoyer des tweets et faire des snaps, Tapha qui joue avec sa console, et cet inconnu naturellement au volant.

Enfin arrivés ! Comme toujours, mon frère et moi sortons de la voiture chacun de son côté. Mais cette fois-ci, je fais mine de prendre mon temps, et sors enfin dès qu’il part. Je veux parler au chauffeur mais, il ne sort pas de la voiture. Et comme je n’aime pas attendre et que je suis tout ce qu’il y’a de plus audacieuse, je viens toquer la vitre blindée. Celle-ci s’abaisse lentement.

À ma vue, il retire ses lunettes et affiche un petit sourire.

Un tout petit sourire mon Dieu ! Mais qui me fait déjà fondre.