Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 20 : Rencontre avec les Tigeras

Guidés par leur instinct de survie, ils s'engagèrent sur un étroit sentier serpentant à travers les arbres millénaires, dont les branches entrelacées formaient une voûte impénétrable. La végétation luxuriante, composée de lianes entrelacées et de mousses verdoyantes, créait une atmosphère mystérieuse et envoûtante, où les rayons du soleil se faufilaient à travers les interstices, projetant des taches lumineuses sur le sol tapissé de feuilles mortes.

Leurs pas résonnaient discrètement sur le tapis végétal, étouffés par le silence de la forêt qui semblait retenir son souffle. Les arbres majestueux semblaient les observer, gardiens silencieux de ces terres sauvages. Par moments, le souffle léger du vent dans les feuilles produisait une mélodie apaisante, comme une berceuse naturelle accompagnant leur fuite.

A mesure que nous avancions, la forêt semblait se refermer dans notre dos, comme si elle voulait effacer les traces de notre passage. La clameur des elfes ayant vaincu le maître nous parvint aux oreilles. Mon cœur se serra dans ma poitrine, tandis que du coin de l'œil, j'apercevais Lorin fondre en larmes une fois de plus.

Nous poursuivîmes notre chemin plusieurs heures durant, se dirigeant avec hâte en direction de For'Leonia. Lorin sembla se renfermer sur elle-même ; le regard froid et la mine sombre. Sur ma gauche, Chorza avait pris la tête du groupe et nous guidait à travers les fourrées. Quant à moi, j'en profitais pour découvrir ce manuel de l'escrime secrète. Dévorant les pages les une après les autres, j'absorbais le plus de connaissances possibles. Mes doigts parcouraient les pages élimées, tandis que mon esprit voguait aux travers de champs de bataille fictifs.

Les elfes étaient loin derrière et, grâce aux connaissances du petit gobelin, nous semions nos assaillants. L'utilisation des cours d'eau et des passages rocheux rendaient notre progression plus difficile mais effaçait notre piste.

« Nous bientôt à Montagne de Chandr, s'écria Chorza joyeusement ».

La montagne de Chandr. Funeste paysage. Elle se dressait à l'horizon, semblable à la silhouette d'un colosse sinistre s'élevant dans le ciel. Les versants escarpés engloutissaient le moindre rayon de soleil.

La roche qui constituait cette montagne était d'un gris terne, teintée de taches plus sombres, comme si elle portait les cicatrices d'une éternité de souffrance et de désolation. Des fissures béantes sillonnaient sa surface, semblables à des plaies béantes d'où suintait une atmosphère oppressante.

A son sommet, une couronne de nuages noirs s'accrochait, recouvrant d'un voile ténébreux les parois. Des rafales de vent fouettaient impitoyablement les flancs rocheux, créant un sifflement lugubre et des échos qui se répercutaient dans les profondeurs de la vallée. Des oiseaux de mauvais augure survolaient sporadiquement les hauteurs, leurs cris stridents accentuant davantage l'aura de malédiction qui entourait ces lieux maudits. Les rares plantes et arbres qui osaient pousser dans cette terre inhospitalière arboraient des formes tordues et grotesques, évoquant des mains décharnées ou des visages déformés.

Un long frisson me parcourut l'échine.

De vagues souvenirs de mes leçons avec Isil me revinrent. C'était en ces lieux que les Hommes avaient perdu face aux Elfes. Ces derniers doués pour la magie avaient rompu l'équilibre entre les camps et nous avions perdu la bataille.

Mon regard fut captivé par un gouffre béant qui se creusait entre deux pans de la montagne. Une évidence s'imposa à moi : c'était en cet endroit précis que l'armée humaine avait trouvé sa funeste destinée, précipitée dans l'abîme par la fureur des Elfes.

Le ciel lui-même se teintait d'une obscurité grandissante, les nuages sombres s'amoncelant tels des géants menaçants. Le grondement lointain du tonnerre se faisait entendre, annonçant l'approche imminente de l'orage. Les premières gouttes de pluie tombèrent, s'écrasant sur les feuilles et les rochers, apportant avec elles une fraîcheur bienvenue, mais aussi une intensification de l'atmosphère électrique qui régnait dans l'air.