Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 6 : Le Duc de Royalis

La majestueuse bibliothèque de For'Royal s'étendait avec grâce sur plus de deux hectares, véritable forteresse du savoir évoquant l'immensité des âges révolus. Ses imposants murs de marbre, s'élançant fièrement vers le ciel, étaient richement ornés de fresques éclatantes, comme autant de récits des temps anciens encore vibrants d'énergie. Chaque coup de pinceau délicat semblait narrer une histoire oubliée, conférant à l'ensemble une aura profondément mystique.

Le toit de la bibliothèque constituait un chef-d'œuvre architectural en soi : une symphonie de baies vitrées aux formes courbes et élégantes, s'élevant vers la voûte céleste pour fusionner en un point culminant. Les rayons du soleil y filtraient en cascades lumineuses, dansant à travers les pages des ouvrages. Au sommet trônait une statue en fer forgé, figurant un livre ouvert et débordant de connaissances : un symbole fort de la valeur sacrée que revêtent la sagesse et l'apprentissage en ce monde.

Cependant, le poids des années s'y faisait sentir. Quelques détails raffinés commençaient à s'effacer, comme autant de bribes d'un passé glorieux en train de sombrer dans l'oubli. Les marques du temps, si elles ajoutaient un charme authentique à l'endroit, rappelaient qu'il devenait urgent d'en préserver la splendeur pour les générations futures.

Un sourire d'excitation illumina mon visage alors que je franchissais les lourdes portes de ce sanctuaire du savoir. Serrant mes volumes entre mes mains, je pénétrai dans l'enceinte sacrée, conscient du privilège qui m'était accordé. J'étais en retard de deux semaines pour restituer certains manuels, et l'idée de devoir affronter Dame Isil et son courroux imminent ne faisait qu'attiser ma hâte.

L'entrée, bien que modeste comparée à l'ampleur de la bâtisse, ne manquait pas d'élégance. Deux petites tables hautes, finement sculptées dans un bois précieux, se dressaient à droite. Sur l'une d'elles, une vasque d'eau parfumée de délicates essences florales invitait les visiteurs à se rafraîchir les mains, tandis qu'une pile de linges de lin immaculés attendait patiemment qu'on y essuie ses doigts.

Sur la gauche, un comptoir en bois noble exposait des affiches somptueusement encadrées, annonçant les prochaines représentations artistiques et théâtrales de la semaine. Chacune d'elles était en soi une petite œuvre d'art, captivant le regard et suscitant l'enthousiasme des visiteurs, déjà transportés vers des univers de créativité et d'émotions vives.

De part et d'autre de l'entrée, deux gardes soldats en armure étincelante montaient la garde, immobiles et attentifs, questionnant poliment quiconque franchissait le seuil. Leur présence solennelle rappelait la valeur inestimable des trésors contenus dans cette bibliothèque extraordinaire.

Je saisis la lettre d'autorisation que Dame Isil m'avait remise et la présentai aux gardes. Ils inclinèrent la tête et s'écartèrent avec respect pour me laisser passer. Mon enthousiasme habituel s'empara de moi lorsque j'atteignis la première salle, ce lieu que j'affectionnais tant.

Devant moi, une table drapée d'une nappe finement brodée se trouvait à hauteur de hanche. Sur son dessus, trois volumes de l'Encyclopédie reposaient, ouverts à des pages au hasard. Celui de gauche traitait de la faune et de la flore de Gadrogonia, répertoriant avec une extrême précision les diverses espèces et livrant de nombreuses informations. À droite, un autre recueil décrivait en détail les civilisations disparues, mettant en lumière les familles royales et impériales, ainsi qu'une brève section sur la légendaire race des Démons. Enfin, le volume central se consacrait exclusivement aux différentes religions régnant sur notre monde.

Avec une certaine solennité, je m'approchai de cette table quasi sacrée. Du bout des doigts, je caressai la couverture des livres, comme si je pouvais en absorber l'essence. Voilà déjà six mois que je fréquentais assidûment ce lieu hors du commun. Je repensai à ma toute première visite avec Dame Isil, comme si c'était hier.