Chapitre 2 : Passage au Palais

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Quand j'ouvris les yeux, le tourment et les pleurs s'étaient tus. Un silence trop calme régnait autour de moi.

Mon crâne était pris dans un étau de douleur lancinante. Je décidai de rester immobile, les yeux clos, pour apaiser quelques instants ma souffrance.

Après une profonde inspiration, je me redressai et balayai du regard les lieux. Je me trouvais assis au milieu d'une montagne de cadavre ; des têtes tranchées gisaient ici et là, affichant des expressions figées d'horreur ou d'agonie ; les murs étaient maculés de sang ; les corps s'entassaient les uns sur les autres, immergés dans une mare de sang ; une odeur âcre de sang séché emplissait l'air. J'étais seul au cœur de ce paysage cauchemardesque.

C'en était de trop. Mon estomac se retourna violemment et je vidai toutes les tripes dans un vomissement spasmodique. L'Elfe, bien évidemment, n'était plus là.

Il s'est sans doute envolé avec l'Elfette, songeais je, consumé par l'échec.

Une douleur insoutenable irradiant ma cage thoracique, mon souffle devenant haletant.

« Il m'a bien amoché le vieux, gémissais je »

Me trainant jusqu'au poste des officiers, je n'hésitai pas à frapper à toutes les portes, espérant qu'on vienne à mon secours. Mais personne ne répondit. Les deux soldats avaient également disparu, et la table restait renversée.

Où sont-ils tous passé ?

Je me hasardai à parcourir encore quelques ruelles, mais en vain. La douleur s'intensifiait, devenant de plus en plus insupportable. Je finis par m'effondrer au sol, cherchant un instant de répit.

Je prie le temps de faire un point sur la situation : devant moi se dressait une petite échoppe nommée Chez la Jarre.

Derrière moi se trouvait le siège bien connu des négociants. Mon père y travaillait depuis quelques années, et j'avais déjà eu l'occasion de m'y rendre pour lui apporter des affaires ou un repas.

Ce qui me déstabilisait le plus, c'était l'absence totale d'habitants.

Que les habitants se cachent après le massacre qu'il y a eu, je peux comprendre. Mais où sont les gardes de la ville ?

Je laissai échapper un soupir de lassitude et me relevai péniblement. Ma jambe me faisait souffrir atrocement.

Quelle galère...

Je continuai de longer la rue jusqu'à atteindre la place Higdra. Le lieu du carnage était bien loin d'ici, je pouvais donc espérer d'y rencontrer des Elfes. Ou même quelques marchands.

Le vide.

« Impossible »

Incapable d'aller plus loin, je m'assis, sentant les larmes dévaler mes joues, empreint de désespoir.

« S'il vous plait, j'ai besoin d'aide ! criais je timidement, répétant mon appel à plusieurs reprises, en vain.

Le vieux n'a pas pu exterminer tout le monde. Il y a forcément quelqu'un pas très loin d'ici, tentai je de me rassurer.

Soudain un éclair illumina le ciel juste devant moi. Ma vision se troubla et je m'effondrai en position fœtale sur le sol.

Je me relevai lentement, essayant de rassembler mes pensées dans le chaos qui régnait dans mon esprit. Les murmures et les regards curieux qui m'entouraient semblaient lointains, comme s'ils provenaient d'un autre monde. J'essayais désespérément de comprendre ce qui venait de se passer, mais tout était flou, comme un rêve confus dont les détails s'évanouissent immédiatement.

Le Destin d'Aëdan [Original Story]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant