Chapitre 3 - Prague

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3 avril 2007

Après quatre heures de route, on y est. Prague. Sa vieille ville, sa rivière et son pont. Tout juste magnifique. J'arrive pas à y croire. 

On est arrivé en fin de matinée, ce qui nous a permis de visiter un peu la ville après avoir déposé nos affaires à l'hôtel, cette fois, cinq étoiles. Le même que les Tokio Hotel, je suppose. Veronika a dû nous laisser quelques temps après notre arrivée pour régler des détails de dernières minutes. 

Dès que je suis sortie du minibus, j'ai appelé Viktor. Peut-être allait-il s'excuser ? Dès qu'il décroche, je sens mon cœur s'apaiser, sa voix me transportant jusqu'à notre cocon. 

"Madlen ? Merci de m'appeler, je suis désolé pour hier je ne sais pas ce qu'il m'a prit" s'excuse-t-il "Je suis tellement nerveux à cause de tous ces changements que je ne pense même pas à ce que toi tu peux ressentir."

Il sait tellement bien s'excuser...c'est l'une des choses que j'aime et que je déteste le plus chez lui. 

Je le pardonne et lui raconte notre journée à Prague et à quel point je suis excitée pour ce soir. Il me dit des mots doux, on se dit je t'aime puis on raccroche. Ca, c'est ce qu'on sait faire. 

"C'était Viktor ?" demande Jana.

J'acquiesce en attrapant une cigarette du paquet que je viens d'acheter au tabac. 

"Pourquoi vous continuez à vous faire du mal comme ça ? C'est pas sain."

J'inhale une bouffée de fumée. 

"C'est bien ce que je me dis, mais on est bien, la plupart du temps" je réponds. 

Elle rit.

"Madlen, putain, on est en tournée pendant 8 mois ! On est jeune, belle, il faut se lâcher c'est le moment !" s'écrie-t-elle.

"Je suis pas d'accord, on est ici pour notre carrière. Il faut pas tout faire foirer juste parce qu'on veut se la jouer 'rockstar'. Je resterais professionnelle du début à la fin."

"Tatoue toi cette phrase sur le bras puis on en reparlera en novembre !" s'esclaffe Eric qui a suivi notre conversation de loin. 

Tout le monde ricane puis Eric nous dirige, non sans discrétion, sur la place Venceslas connue pour ses nombreux bars. C'est vrai qu'il nous restait quelques heures avant de rencontrer les membres du groupe, on pouvait bien boire un soda bien frais en terrasse.

"Quatre pintes de blonde s'il vous plaît" demande Eric au serveur. 

"Eric, ça va pas ? On doit être sur scène dans moins de trois heures ! Et il est seulement dix huit heures trente !" m'acclamais-je.

"Il n'y a pas d'heure pour l'apéro" dit-il en riant.

Il paye nos consommations et le serveur revient quelques minutes plus tard avec nos bières. J'essaye tant bien que mal de les résonner mais même les filles sont de l'avis qu'Eric. Encore une fois, ils m'ont eu. Je lève ma pinte et trinque avec eux à contrecœur. Je vais quand même pas le laisser la boire ! Bien trop dangereux. 

La pression redescend, on fini nos verres au moment ou Veronika arrive en voiture pour nous emmener à l'Arena. Après un trajet de quinze minutes, elle dépose la voiture dans le parking dédié aux employés puis nous dirige jusque dans les loges tout en nous donnant des badges qui nous permettront de nous déplacer librement. 

J'enfile le mien autour de mon cou quand elle nous entraîne dans une pièce, je n'ai pas eu le temps de voir l'écriteau sur la porte que je me retrouve presque nez à nez avec Bill Kaulitz. Comme d'habitude, il a ses longs cheveux noirs dressés sur la tête et les yeux maquillés de noir, il est magnifique, même de près. 

Je sors de ma rêverie et lui sert la main, tout comme au reste des membres du groupe, Tom, Gustav et Georg. Les autres font de même.

Veronika nous présente simplement puis s'éclipse avec pour seule indication : "faites bien connaissances".  

Prise de court, je m'assied sur la première chaise que je trouve. Gustav me propose un verre d'eau, que j'accepte avec joie. 

"Alors, pas trop stressés pour ce soir ?" demande Bill.

Eric, très extravertie, entame rapidement une discussion avec lui et Gustav tandis que Jana parle sûrement de basse avec Georg. Du coin de l'œil, je peux voir Tom l'examiner de la tête aux pieds. Comme il l'a fait avec Lydia deux minutes plus tôt et possiblement, moi. 

Je finis mon verre d'eau puis me dirige vers Jana et Georg, ils me remarquent et m'incluent directement dans la discussion.

"J'ai adoré votre cover de Reden" nous complimente Georg "Notre label voudrait qu'on enregistre Zimmer 483 en anglais, mais Bill est trop attaché à ses paroles."

"Je comprends" dis-je "C'est compliqué de garder l'essence d'une chanson d'une langue à une autre."

"Tu l'as très bien fait en tout cas" intervient Tom.

Je lui sourit. C'est vrai que je suis plutôt fière de ce travail.

"C'est normal, elle est diplômée de langue anglaise de la fac de Berlin" s'esclame Lydia, s'intégrant aussi dans notre groupe de discussion. 

Cette anecdote intéresse les garçons qui me posent pas mal de questions sur mon parcours ainsi que sur le groupe. On leur raconte notre rencontre, notre premier concert en tête d'affiche, l'idée du cover...Ils disent l'avoir tous aimé, c'est rassurant, surtout venant de Bill qui n'est pas normalement emballé par les versions anglaises de chansons étrangères. 

L'heure tourne et il est bientôt temps de faire la balance puis de se préparer à monter sur scène. Veronika revient nous chercher et nous montre notre loge, qui est juste en face de celle des Tokio Hotel...pas bien compliqué. 

Après quelques échauffements de voix, on passe à la balance qui se passe normalement, quelques erreurs dû au stress mais on est pas là pour jouer un set parfait, en tout cas pas tout de suite. Puis vient le tour des Tokio Hotel.

Entre-temps, on nous demande de se préparer pour le vraie show. J'enfile ma robe blanche, contrairement au reste du groupe qui décide de porter du noir, et attache ma mèche brune à l'aide d'une pince à perle. J'attrape une setlist, une bouteille d'eau puis Veronika et un technicien nous escortent jusqu'à la scène.  

Mon cœur bat la chamade, cette fois-ci c'est la bonne. Je mets mes oreillettes, check si mon micro est bien en route (l'un de mes nombreux toc) et prie tous les dieux que je ne me casse pas la figure devant vingt milles personnes. Veronika nous donne les dernières consignes puis nous souhaite bonne chance. 

Je me retourne vers mon groupe, on se sourit, s'encourage puis on joint nos mains pour crier "Migraine !"

Un dernier coup d'œil dans les coulisses, espérant croiser le regard de Veronika mais au lieu de ça, je croise celui de Tom qui me lance un pouce d'encouragement. Je lui sourit puis traverse le rideau qui mène jusqu'à la scène.

"Bonsoir Prague ! Nous sommes Migraine, nous allons jouer quelques chansons pour vous ce soir. Voici Unamed." 

Bleedin' - Tom KaulitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant