Chapitre 8 - Berlin

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26 avril 2007

Deux jours maintenant que je n'ai pas adressé un mot à Tom, et que lui agit comme si je n'existais pas. Deux jours que je ne me sens pas dans mon assiette, que mon cerveau surchauffe au point de me causer une migraine constante. L'ironie du sort. 

Il est aux alentours de dix-sept heures quand on fini la balance et la dernière répétition de notre duo avec Bill. Ayant l'après-midi libre, les filles décident d'aller se promener dans Berlin afin de décompresser. On entre dans un nombre incalculable de magasins, sûrement de vêtements mais mon esprit est trop ailleurs pour m'en soucier réellement.

Une heure plus tard, on passe encore la porte d'une boutique. Une odeur nauséabonde me monte immédiatement au nez, un mélange de cigarette, de bière et de transpiration. Je lève les yeux et remarque que c'est tout sauf un magasin de vêtement. On est dans un tattoo shop. 

"Les filles," je commence "Vous avez dû vous tromper..."

"On en a parlé il y a cinq minutes, Madlen," répond Lydia "On était toute d'accord pour se faire percer !"

J'ai dû accepter sans vraiment faire attention. Me voilà maintenant assise dans un fauteuil en cuir datant d'une vingtaine d'année, un homme chauve tatoué de la tête au pied au dessus de moi avec une aiguille immense dans la main. Je le laisse me manipuler et, un léger pic de douleur plus tard, me voilà percée. Heureusement que les filles ne voulaient pas un tatouage ! 

On retourne au Vélodrome de Berlin plus confiante que jamais, ce changement corporel nous a donné un coup de boost bien attendu. Mes amies attrapent leurs instruments en coulisses tandis que je m'échauffe de nouveau la voix, Eric nous rejoint peu de temps après et complimente aussitôt nos bijoux.

Comparé à il y a deux jours, notre set se passe beaucoup mieux. On a reprit du poil de la bête et on déchire tout ! Le public au premier rang chante avec moi et certains nous lancent des fleurs. J'en ramasse la plupart et les posent sur la grosse caisse d'Eric. En entamant notre quatrième chanson, Cutting into deep, je me sens pousser des ailes et prends possession de la scène comme Bill le ferait instinctivement. 

Habituellement, je reste tout prêt de mon pied de micro. Je n'ose pas trop me déplacer sur les devants de la scène mais à ce moment précis, ma migraine s'envole et je peux enfin exprimer ma musique comme je le souhaite. 

Notre set se termine, on remercie le public merveilleux et je pars en coulisses avec mes fleurs qui me supplie de leur donner de l'eau. Je trouve une bouteille d'eau abandonnée et les glisse à l'intérieur. 

"Concentre toi Madlen, suis la setlist !" me rappelle Veronika. 

Je dois rejoindre les Tokio Hotel dans peu de temps, Reden est la deuxième chanson qu'ils jouent. Ils entament tout juste le début de leur concert, Veronika est sur les nerfs.

Mon groupe est resté tout près du rideau pour regarder, je les enlace puis attends le signale. 

Gustav frappe une cymbale et Tom suit avec sa guitare, jouant le riff de la chanson. Bill chante le premier couplet et le pré refrain sans fausses notes. La tension commence à monter.

Wir wollen nur reden
Und jetzt liegst du hier
Und ich lieg' daneben, reden, reden

 "Mesdames et Messieurs, Madlen !"  crie Bill pendant la courte pause instrumentale. Le public hurle d'excitation.

Je saute sur la scène et chante le couplet originalement traduit:

Come here, nobody's gonna hear (Viens ici, personne ne va nous entendre)

Je sautille vers Bill, il m'attrape la main et m'attire sur le devant de la scène. 

I made it sure they don't, don't disturb (Je me suis assurée qu'ils ne nous dérange pas)

Bleedin' - Tom KaulitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant