Bleedin' - Tom Kaulitz

Chapitre 10 - Le verre de trop

Je n'ai pas recroisé Tom de l'après-midi, on a tout les deux été prit par nos emplois du temps chargés. Avec le groupe, on a enregistré pas mal d'idées pour l'album, ça avance bien ! J'ai également pu écouter la version finale de Scream que les garçons avaient enregistré il y a quelques jours. L'album va être dingue. 

Sur les coups de dix neuf heure trente, le groupe s'apprête à monter sur scène. Le stress commence à monter, j'aurais aimé au moins voir Tom avant d'y aller. Je ne l'ai trouvé nul part, même Bill ignore où il est et leur manager commence à s'impatienter. J'espère juste qu'il va bien.

On joue notre set tranquillement, puis vient le tour des Tokio Hotel. Tom arrive à la dernière seconde, essoufflé. Je lui jette seulement un regard, qu'il ne me rend pas et entre sur scène.

Une sensation étrange s'empare de moi, mon ventre papillonne mais pas d'une manière agréable. Je regarde le show accompagnée de Jana mais je ne chante pas, je bouge à peine la tête. Tom agit comme si je n'existais pas, pas un seul regard en ma direction. Peut être que j'imagine cette distance entre nous mais cette situation me rappel trop nos deux jours de silence récents. 

J'ai besoin d'un verre.

~

Après le show, on décide d'aller faire la fête dans une boîte de nuit non loin de notre hôtel avec le groupe. Bill nous accompagne tandis que les autres préfèrent se reposer.

En arrivant, je me prend directement un verre de gin tonic. Je m'assois à côté de Bill et lui en tend un, les filles sont parties danser.   

"J'ai trouvé Tom bizarre aujourd'hui !" lui dis-je à l'oreille.

"Moi aussi," il boit une gorgée "Impossible de savoir ce qu'il a fait tout l'après-midi, on est tous furax contre lui."

Je comprends alors que je n'en saurais pas plus sur la situation. Je finis mon verre et en recommande un directement. Puis je rejoins les filles sur la piste de danse. Mais je n'arrive pas à couper mes pensées, ma migraine tape contre les parois de mon crâne, j'ai besoin de prendre l'air. J'ai envie de parler à Tom. 

Je préviens le groupe et Bill que je vais fumer une cigarette dehors. Une fois sortie de la boîte, je ressens la fraîcheur de la nuit sur mes bras nus. Ma tête tourne légèrement à cause de l'alcool et je peine à allumer ma cigarette avec mes doigts engourdis. Le corps chaleureux de Tom me manque, je lui aurait allumé sa cigarette et il m'aurait réchauffé. Je ne comprend pas pourquoi il m'évite, car j'en suis persuadée maintenant. 

Je finis ma cigarette et me dirige vers notre hôtel qui est à cinq minutes de marche. J'atteins le lobby et monte directement au quatrième étage par l'ascenseur. Je titube dans le couloir, essayant de trouver la bonne porte. Mes jambes tremble, je ne comprends pas mon état je n'ai bu que deux verres ! Je chasse cette pensée et me concentre sur mon objectif principal.

Je frappe à, ce qui me semble, la bonne porte. Aucun bruit. Il doit dormir, bien sûr. La sueur perle sur mon front. Il vaut mieux que j'aille me coucher, je cherche la clef de ma chambre mais je remarque que je n'ai pas mon sac sur moi. Quelqu'un me l'a volé ? Je l'ai oublié ? Je n'ai même pas mon téléphone ! Mon souffle se saccade, je panique. 

Il faut que je retourne à l'accueil. Je ne sais pas quelle heure il est, si il y aura quelqu'un pour m'aider. Mon état s'empire, je le sens. Je ne marche pas droit, je me cogne contre les murs et mes yeux se brouillent. Me sentant partir, je m'assois dans les escaliers principaux et essaye de me calmer. 

Des rires. J'entends des rires. Et des pas. Quelqu'un apparaît en bas des escaliers et mon souffle se coupe. Tom monte les marche avec une fille. Ils se tiennent par la main, elle glousse quand il embrasse sa clavicule. J'ai envie de disparaître, je me fait aussi petite que je peux mais il est déjà trop tard.

"Madlen ?" s'inquiète-t-il "Qu'est ce que tu fais là ?"

Je ne lui répond pas, de peur de vomir partout. Il s'accroupit près de moi et pose sa main sur mon front. 

"T'es brûlante !" il sort son téléphone de sa poche "Hum...Elize ? Tu peux appeler une ambulance ? J'ai plus de batterie."

"C'est Eloïse !" s'indigne la fille en faisant claquer son chewing-gum entre ses dents "Puis elle est juste bourrée, laisse la désaouler dans un coin."

Tom ne l'écoute pas et je sens deux bras me soulever, je laisse tomber ma tête sur son torse qui est, pour mon plus grand plaisir, chaud. 

Il descend les escaliers rapidement et demande au personnel d'appeler les pompiers. C'est sur ces derniers mots que mes yeux se ferment et que je plonge dans un sombre sommeil. 

~

28 avril 2007

D'après le médecin de garde, j'ai été drogué au GHB. La 'drogue du violeur'. Il soupçonne que quelqu'un de malhonnête en a glissé dans mon verre hier soir. 

Mon crâne me fait souffrir, c'est pire que mes récentes migraines. Jana, Lydia, Eric et Veronika sont à mon chevet, Tom dans la salle d'attente. Je l'ai supplié de partir pour Düsseldorf avec le reste de Tokio Hotel mais il a insisté pour rester un peu avant de les rejoindre. 

Je ne pourrais pas jouer le concert de ce soir, le médecin m'a alité pour la journée voir deux, selon mon état. J'ai fondu en larme mais Veronika m'a rassuré que ce n'était qu'un show, qu'il était important que je revienne en forme. 

Jana revient avec une infirmière qui m'injecte une plus grosse dose d'anti-douleur, pour ma tête. Je me relaxe aussitôt et me mets à somnoler. Mes amis me câlinent une dernière fois puis repartent en salle d'attente afin de me laisser me reposer. 

Quelques minutes plus tard, la porte se réouvre. Un visage familier s'avance vers mon lit, un sourire se dessine immédiatement sur mes lèvres quand je le reconnaît. Il s'assoit près de moi.

"Je suis désolé," Tom chuchote "Je n'aurais jamais dû t'ignorer comme ça."

"Pas ta faute..." je marmonne sous l'effet de la morphine.  

"Si ! Tu n'aurais pas bu sinon..." il se frotte les yeux, clairement exténué par le nuit qu'il vient de passer. "Quel con...pourquoi je foire tout..." dit-il à peine audible. 

Je lui prend la main et entrelace nos doigts. 

"Pourquoi m'avoir ignoré ?" je demande.

Il renifle.

"J'ai écouté ta conversation avec Viktor."

Mon cerveau bouillonne.

"Je lui ai menti pour qu'il me laisse tranquille, je ne jouerais jamais de ta popularité comme ça. Crois moi" je réponds en le regardant yeux dans les yeux. 

Il porte ma main à ses lèvres et embrasse délicatement chacune de mes phalanges. Un frisson réanime mon bras.

"J'ai agis comme un gamin...je suis désolé."

"Et je suis désolé, je n'aurais pas dû mentir."

Je ferme les yeux et repense au son du chewing-gum de la fille d'hier. La bouche de Tom sur sa clavicule, le son de son rire. 

Je relâche sa main et me tourne sur le côté, faignant la fatigue dû aux médicaments. 

"On continuera cette discussion demain," dis-je en baillant. 

Il m'embrasse le front puis sort de ma chambre. Juste à temps pour me laisser échapper les sanglots qui m'encombrent la gorge depuis mon réveil.