Chapitre 7 - Mannheim to Stuttgart

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21 avril 2007

Je suis en pleine session d'écriture lorsque j'entends trois tocs à la porte. Tom apparaît dans l'embrasure, un petit sourire aux lèvres.

"Je te dérange ?" demande-t-il.

"Non pas du tout" je réponds froidement en lui tirant une chaise pour qu'il s'assied à côté de moi.

Il s'installe et me demande sur quelle chanson je travaille. J'en suis à Heiling, que j'ai traduit par Sacred.

Hier soir, après le set des Tokio Hotel, j'ai tenté d'appeler Viktor à cinq reprises. Il n'a jamais décroché, je me sens au plus bas. On a jamais passé plus de vingt quatre heures sans se parler.

Je soupire et rédige une partie d'un couplet. Tom lit au dessus de mon épaule.

"C'est pas Heiling ça" remarque-t-il.

"Oui, pardon" je répond "Je travaille aussi sur notre album, mais tu as raison je suis censée me concentrer sur le vôtre..."

Je mets mon carnet de côté et continue de travailler sur l'ordinateur portable prêté par le label. Tom se permet de l'ouvrir et de le feuilleter, ça ne me dérange pas mais je le surveille du coin de l'œil pour voir ses réactions. Sauf qu'il n'en a aucune, normal, c'est Tom.

"Je suis désolé pour hier, je ne pensais pas que ça te rendrait si triste" dit-il.

"Voir mon copain de deux ans partir sans me dire au revoir au show qui me tenait le plus à cœur de la tournée ? Si, ça me rend triste."

Je ravale mes larmes, je ne peux pas craquer maintenant. Tom essai de me réconforter en me frottant le dos mais je m'extirpe de son accolade et quitte la pièce. Je préfère travailler dans notre loge, entourée de mes amis.

Seule Jana se trouve dans la pièce. Je m'avachis dans un des canapés en cuir noir et me remet au travail. Elle vient se blottir contre moi.

"T'inquiète pas," dit-elle "Il te rappellera."

J'acquiesce, espérant sincèrement qu'elle a raison. Je tape rapidement quelques mots.

"Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas retrouvée que toute les deux," je dis "Alors comme ça tu m'abandonne pour Gustav ?"

On rit.

"Pardon..." elle m'enlace "C'est vrai qu'on s'entend extrêmement bien tous les deux mais ça ne marchera pas."

Je lui lance un regard interrogateur, elle continue:

"On ne peu pas allier l'utile à l'agréable, c'est toi qui l'a dit !"

"J'ai pas dit ça comme ça ! Il faut juste rester professionnelles" je répond.

"C'est ça, on a décidé de garder une relation professionnelle."

Je respecte leurs choix, c'est ce qui est mieux pour leur cœur et les deux groupes.

Je continue de pianoter sur l'ordinateur mais la vibration de mon téléphone m'interrompt. Je saute dessus et décroche sans regarder l'interlocuteur. C'est Viktor, il souhaite qu'on se retrouve cet après-midi dans un café pour discuter calmement, il prêt à faire trois heures de route. Malheureusement, je lui dit que j'ai rendez-vous au studio pour enregistrer quelques démos.

"Tu sais quoi," commence-t-il "Je sais même pas pourquoi j'essaye, tout ce qui t'importe c'est ce putain de groupe, ce putain d'album et ce putain de gosse !"

Le ton monte, j'essaye de le calmer en vain. Après une discussion infructueuse, il me raccroche au nez.

Jana me dévisage et me prend dans ses bras. Je ne pleure pas, je n'arrive tout juste pas à réaliser. Est-ce que ma relation de deux ans vient vraiment de se terminer sur un coup de fil ?

Bleedin' - Tom KaulitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant