Chapitre 9

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« Il faudrait que je redescende, mais mon nuage est tellement plus confortable.
Est-ce qu'une lueur d'espoir est trop demandée ? »

- Maman... murmurais-je en prenant la main de ma mère.
- Ma chérie, dit-elle avec douceur et en me regardant avec tendresse.

Je venais de prononcer des paroles pour la première fois.
Et c'était grâce à ma mère.
- Seigneur... murmura-t-elle en caressant mon visage abîmé.
Elle ne me demandera pas qui a fait ça, car elle sait que je ne dirais rien.
- Ton père n'ose pas rentrer, rit-elle. Il a du mal à comprendre ce qu'il se passe.
- Il n'est pas le seul...
- Oui. Moi aussi d'ailleurs.
Elle se leva et contourna mon lit pour se placer à la fenêtre, près de ma table de chevet.
- Mais un jour tu finiras par parler, affirma-t-elle. Il le faudra bien !
- Je n'arrive pas à dire la vérité, maman...
- Je sais.
Elle revint vers moi avec ce sourire rassurant qui lui allait si bien.
- Repose-toi bien... Moi, je vais aller calmer ton père. Il t'embrasse fort.
- C'est vrai ça ? ne pus-je m'empêcher de demander face à son regard gêné. Il ne veut pas venir car il ne pourra pas s'empêcher de me poser des questions, c'est ça ? devinais-je.
- Oui, et il sait que tu resteras muette comme une carpe ! Les garçons... m'ont dit que tu ne parlais plus depuis trois jours ?
- Oui... mais ça va mieux maintenant que tu es là.
Elle m'embrassa sur le front et s'en alla.

***

- Tes médicaments, me dit ma docteur.
Je fronça les sourcils.
- Ça calmera ton stress et ça finira par diminuer tes micros-pertes de mémoires, répondit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.

« J'ai besoin de somnifères », écrivais-je sur un bout de papier car je refusais de m'exprimer devant elle.

- Je ne crois pas. Tu as finis par devenir addictive à ses gélules. Mais avec tes nouveaux médicaments, tu apprendras à te régulariser et cela permettra à ton corps d'accepter une plus faible dose de drogue médicale. Et avec un peu de chance et quelques rendez-vous avec la psychologue, tu finiras par te décider à me parler et reconnaître le fait que tu as besoin d'aide.

J'haussa simplement des épaules.

Je voulais voir mes frères.

- Bonjour... oh ! Pardon, dit Hoseok en entrant pile à ce moment-là dans ma chambre.
La médecin lui sourit simplement avant de nous laisser.
- Comment tu te sens aujourd'hui ? Ah... ce sont tes nouveaux médicaments.
Un ton d'inquiétude perçait sa voix.
Mais une soudaine envie de vomir me prit.
Encore ?

Je me leva et me dirigea vers les toilettes pour m'accroupir devant ces derniers.
La nausée me donnait terriblement chaud.
- Ça va aller, dit mon frère en s'asseyant à mes côtés. C'est les effets des médocs et... du choc de ce qu'il s'est passé y'a trois jours.
J'hocha simplement la tête en fermant les yeux.
Quelle horrible sensation...
Hoseok me frottait le dos en espérant que ça aille mieux.

- Je veux rentrer à la maison, prononçais-je d'une voix à peine audible.
- On te ramènera, promit-il. Je suis heureux que tu reparles.

**

Hoseok m'avait recouché dans mon lit. J'avais les yeux fermés tellement j'étais épuisée.

J'avais souvent des envies de vomir, des vertiges et des maux de têtes depuis que j'étais ici.
Je n'aimais pas l'hôpital.

- On s'en veux de te laisser seule ici, murmura-t-il en me caressant les cheveux. Tu as peur ?

« Je n'aime pas les hôpitaux », marquais-je.

- Je vois... moi non plus... Ça me donne la chair de poule d'être entouré de malades.

« Je voudrais rentrer à la maison. C'est ce que je veux depuis trois jours ».

- Nous aussi, mais tu as entendu la médecin ? Tu le pourras normalement dans une semaine. Une toute petite semaine...

« Vous me manquez ».

- Toi aussi, tu nous manques, me répondit-il en lisant ce que j'écrivais. Tout ça me rappelle quand j'avais ton âge...

Je savais... Je me souvenais de ce qui lui était arrivé.

Quand Hoseok avait 17 ans - il y a 4 ans - il avait lui aussi eu son séjour a l'hôpital.
Des problèmes de santé. Mais lui c'était physique, et moi c'était mental.
- J'ai passé des heures en réanimations pour des foutaises. Trop de surmenage et de prise de médicaments pour me booster.
Il eu un rire sans joie à cette pensée.
- On vit un moment difficile mais... on est ensemble, m'affirma-t-il en soudant son regard au mien.
J'hocha simplement la tête.
J'avais du mal à y croire.

Hoseok chantait l'espoir comme à son habitude.
Une belle habitude.

**

2h00 du matin.

Je tremblais de froid.
Je m'étais enfermée dans ma salle de bain et j'écrivais frénétiquement sur une feuille de papier.
Je respirais tellement fort que j'avais l'impression que mes poumons étaient en feu.
Je me regardais à travers le miroir, fixant ce reflet qui me représentait. Une représentation que je haïssais.

« J'étais prête à faire semblant d'être heureuse alors que j'étais triste,
J'étais prête à faire semblant d'être forte alors que je souffrais.
J'aurais souhaité que l'amour soit parfait,
J'aurais souhaité que toutes mes faiblesses soient masquées.
Dans un rêve qui ne deviendra jamais réalité.
Je suis vraiment désolée mais c'est un amour factice envers moi-même.
J'ai même commencé à douter de qui j'étais.
J'essaye d'interroger mon reflet dans le miroir, qui es-tu ?
Regarde-moi, je me suis abandonné moi-même.
Même toi, tu ne peux plus me comprendre.
Je ne sais même plus qui je suis. »

Je reposa mon stylo et me massa la main. Elle vibrait tellement que j'en avais mal.

La médecin m'avais donné des médicaments à base de plantes et d'une faible dose de mélatonine pour pouvoir m'endormir en cas d'insomnies.

Un par soir.

J'en avais pris trois cette nuit.

J'hurla en frappant le miroir de toutes mes forces, et ce dernier se brisa.

Je trébucha, perdant l'équilibre au milieu des gouttes de sang qui perlaient de ma main et des morceaux de verres.
Mes yeux dévièrent vers le plafond tandis que ma tête reposait sur le carrelage froid.

Tout devint noir et j'eus enfin le droit de fermer les yeux.

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Publié le : 19/08/2023
Musique : Fake Love - BTS.

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