Chapitre 19

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PDV Yoongi.

- Où t'étais passé ? me demanda Namjoon quand je passa le pas de la porte.
Complètement défoncé, je regarda l'heure sur mon téléphone mais c'est à peine si mes yeux arrivaient à se concentrer sur les chiffres.
- J'y crois pas... marmonna mon frère. T'as encore bu ?
- Et alors ? répliquais-je méchamment.
- Putain Yoongi !

Tandis qu'il se prenait la tête entre les mains, mon regard dévia vers mon piano brun auquel je n'avais plus touché depuis des semaines.

« Dans un coin de ma mémoire,
Dans un coin de la maison de mon enfance,
Il y a un piano brun sur le côté »

Je fronça les sourcils, prit d'un soudain mal de crâne.
Bordel... pourquoi ces vieilles paroles que j'avais écrites il y a des années revenaient dans ma tête ?

« Je me souviens, beaucoup plus grand que moi,
Il y avait ce piano brun qui me dominait »

Je plaça mes mains sur mes oreilles pour ne plus les entendre. C'est ma tante qui me l'avait offert, et étant enfants, je le comparais à mes grands frères.
« Eux aussi, ils sont plus grands que moi ! », disais-je.

« Je te dévorais des yeux, tu m'attirais.
Dès que je t'effleurais de mes petits doigts,
(Je me sens si bien, maman, je me sens si bien... Maman, tu m'écoutes ?) »

Elle n'écoutait jamais. Ne me regardait jamais.

« Je jouais du piano partout où mes mains me guidaient,
Je ne saisissais pas encore ton importance,
Te regarder me satisfaisait. »

Tu étais mon plus grand trésor.

« Je me souviens, quand j'étais à l'école,
Et que je suis devenu plus grand que toi,
J'ai commencé à te négliger, alors qu'avant je t'adorais. »

Ces paroles-là me faisaient penser à Jungkook. J'avais cessé de m'occuper de lui quand il avait commencé à grandir. J'avais cessé de tous les protéger.

« La poussière s'accumulait sur tes touches de jade blanc,
Mais malgré cela, je ne saisissais toujours pas ton importance.
Partout où j'errais, toi, peu importe la situation
Tu me suivais.
Mais je ne comprenais pas que l'on avait touché le fond. »

Comme maintenant. Je touchais le fond. Et quand on s'imagine qu'on est plus bas que terre, croyez-moi, on peut encore creuser. On peut toujours s'enterrer plus profond.

« Ne me laisse pas ainsi, disais-tu, disaient-ils.
Je partirai peut-être, mais ne t'inquiète pas,
Tu arriveras à t'en sortir sans moi.
Je me rappelle notre première rencontre,
Avant que je ne puisse m'en rendre compte, tu avais déjà grandi.
Il est vrai que notre histoire touche à sa fin,
Mais ne t'excuse pas,
Nous nous retrouverons d'une manière ou d'une autre.
Et tu m'accueilleras de nouveau à ce moment-là. »

- Yoongi ? dit la voix lointaine de Nam. Qu'est-ce qui se passe ?
Je croisa son regard et sourit. C'est vrai. Tu as toujours été là. Venu après moi comme pour me surveiller. Me retenir de mes folies.

« Je me suis souvenu de ce que j'avais délaissé.
À 14 ans, lorsque je t'ai refait face,
J'étais gêné, mais quand je t'ai touché,
Tu ne m'as pas repoussé malgré tout le temps écoulé,
Tu m'as accepté.
Sans toi, je ne suis rien.
Ensemble, on regarde le soleil se lever,
Ne laisse pas ma main s'en aller,
Je ne te quitterai plus jamais. »

« - Jin, regarde ! résonna ma voix d'enfant dans ma tête.
Je me revois entrain de lui jouer un morceau à mes dix ans, lui âgé de seulement quelques années de plus.
A nos côtés, Jimin et Hoseok dansaient ensemble. »
La tranquillité de l'enfance.

PETIT PAPILLON Où les histoires vivent. Découvrez maintenant