Chapitre IX : Arthur.

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Je suis chaud.

Dans le genre brûlant. Plus que prêt à en découdre. Et je ne suis pas le seul. J'ai intérêt pourtant à faire gaffe à mon cul, sachant qu'à part Tristan et Maes, je n'ai aucun ami.

Exclusivement réservée aux étudiants de Petit Camelot, la mêlée est un combat à pied avec épée entre deux équipes. Les six mesnies du camp doivent se rencontrer les unes contre les autres pour un premier tour, à l'issue duquel trois seront éliminées. Chaque affrontement dure dix minutes. Sur la matinée auront donc lieu pas moins de quinze pools. Le groupe qui a le plus de bretteurs, encore debout et armés, est déclaré vainqueur.

Autant vous dire que tous nos maîtres ont été très clairs sur le sujet : marche ou crève.

Lothaire est particulièrement loquace en la matière.

— Pour ceux qui tomberont à terre, je n'accepterai comme excuse que la mort pure et simple. Encéphalogramme plat. Si ce n'est pas le cas, laissez-moi vous prévenir que je vous achèverai moi-même. C'est limpide ?

— Maître, oui, Maître !

— Alors, au boulot !

Sur ces encouragements, nous entrons en lice. Les mêlées du premier tour sont violentes et brutales à souhait. Nous nous déchaînons, ayant à cœur de prouver notre valeur. Comme Tristan, Maes et moi nous appartenons tous à des mesnies différentes, nous devons nous affronter avec la même intensité que contre tout autre adversaire. Nous parvenons cependant à nous éviter par miracle.

Louée soit Brocéliande.

La mêlée opposant les Dorcanie et les Decornouailles est un vrai massacre. Yvain se jette sur moi avec la ferme intention de me trancher un bras s'il le peut. J'esquive une première fois, avant de me retrouver cerné par une partie de sa bande de potes.

Les enfoirés.

Heureusement, je suis meilleur épéiste qu'eux. Et depuis l'épisode de l'Enroulé, Lothaire ne m'a pas lâché, me collant au train, comme une merde au cul d'un chameau diarrhéique. Sous ses ordres, j'ai dû apprendre et répéter toutes les feintes et astuces qu'il était en mesure de m'enseigner en un court laps de temps. Notez bien que je ne me plains pas, à cette seconde que je dévie d'un geste, un estoc de l'autre abruti tout en désarmant son copain débile et en le repoussant d'un coup de pied. Il blackboule au sol, creusant avec ses dents une jolie tranchée dans la terre sablonneuse de la lice.

L'olifant sonne la fin du combat.

Nous sortons pour céder la place à la rencontre suivante.

— Connard, me lance Yvain.

Je ne relève même plus. Ça lui ferait trop plaisir.

Vingt minutes plus tard, je remets ça contre la mesnie Garlot. Et ce n'est pas moins intense. Je soupçonne Morgane, qui y a effectué ses classes, d'avoir laissé des ordres. De manière générale, nombreux sont ceux qui souhaitent en découdre avec moi. Je bénis Dauphine et son épée. Sans elle, je m'en serais moins bien tiré, je crois.

Nouvelle sonnerie du cor.

Je ressors le souffle court et en ayant mal partout. Maître Lothaire, lui, n'en a rien à carrer. Il m'assène une claque dans le dos qui me propulse deux mètres en avant.

— Haha ! C'est bien, mon garçon. T'as assuré. Mais c'était que le tour de chauffe. C'est maintenant que va vraiment commencer la lutte.

— Pfff...

J'ai même plus la force de répondre.

— Mais si, mais si ! continue mon parrain sur sa lancée. Maintenant, écoute-moi bien, je me fous que tu y laisses un bras ou une jambe, je te veux debout et armé pour la dernière épreuve, je suis clair ?

Les mondes perdus de Brocéliande (Terminée, en cours de réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant