Chapitre XIII : Arthur.

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Je jette à Tristan un regard noir alors, que Maesyn sort de la caverne à grands pas pressés. Je m'apprête à la suivre, mais il me retient.

— Arthur, je sais bien que Maes et toi êtes plus que de simples amis, mais crois-moi, mieux vaut que tu ne la déranges pas là tout de suite...

Cette fois, je le fixe ahuri.

What ?

— Plus que des amis ? Mais de quoi tu parles ?

Tristan secoue la tête en levant les yeux au ciel.

— Oublie, soupire-t-il en agitant la main. Laisse-la, c'est tout. Et viens plutôt m'aider à creuser une tombe, ajoute-t-il en désignant le corps de Dame Alwena. Il va falloir qu'on l'enterre dignement.

Il m'entraîne d'autorité que je suis encore à me demander comment il peut croire une seule seconde que Maes et moi...

Brrr.

J'en frémis. J'aime Maesyn, c'est vrai. Mais pas comme ça.

— Tu te ramènes, oui ? me lance Tristan.

Je me dépêche de le rejoindre. Au moins, le travail macabre de creuser la tombe aura le mérite de me faire oublier toute cette conversation.

Le lendemain, au petit matin, nous enterrons Alwena entre les racines de deux arbres. Un buisson en fleur surplombe le petit tertre sous lequel reposera à jamais la vieille nourrice.

— Vous savez, renifle Maesyn, ma mère m'a toujours dit que l'aubépine, le chêne et le frêne étaient vénérés par nos ancêtres. Il paraît que lorsqu'ils poussent ensemble en un même lieu, il faut s'attendre à voir des fées. Eh ben, j'espère vraiment qu'Alwena trouvera le repos auprès d'elles...

Tristan et moi hochons la tête avant de regagner la caverne. Maesyn nous rejoindra quelques minutes plus tard, les yeux rouges.

Nous petit-déjeunons rapidement et ramassons nos affaires. Puis nous effaçons du mieux que nous pouvons les traces de notre passage. Alors que je monte en selle, mon « autre moi » se manifeste. La tempête maritime qui m'est désormais familière se déchaîne dans mon esprit.

Tu dois t'occuper de Dinabius.

L'ordre est péremptoire. L'intonation sans équivoque possible.

Mon second ego a soif de sang.

Maesyn a pleuré, ajoute-t-il en colère.

Cette constatation le met en rage. Cette agressivité devient la mienne sans que je puisse l'empêcher. L'adrénaline déferle dans mes veines. Le vent souffle autour de nous. La forêt bouge.

Brocéliande, elle-même, semble attendre de nous l'accomplissement de cet acte primordial. Une complainte lointaine et ancestrale monte alors de la terre. Elle nous entoure de notes mélodieuses des anciens instruments sacrés des druides. Un air prenant et hypnotisant mené par une voix douce et puissante à la fois tandis que tout tourne autour de nous dans un maelstrom de formes et de couleurs. Puis tout se fige sur un nouveau chemin.

Brocéliande a décidé pour nous.

Nous n'avons pas le choix.

Suis-le, m'intime mon autre moi.

Je talonne Sleipnir, Maes et Tristan dans mon sillage. Nous galopons sur près de cinq kilomètres avant de parvenir aux abords d'une clairière dissimulée au creux d'un vallon. Nous faisons halte aux pieds de la colline.

Le vent tourbillonne avec violence dans ma tête comme pour me prévenir de l'imminence du danger.

Cache-toi.

Les mondes perdus de Brocéliande (Terminée, en cours de réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant