départ

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Je prenais mon billet d'avion que l'hôtesse me tendait. Je l'avais encore oublié sur le comptoir ! Je la remerciai en bafouillant des excuses et repartis en direction de mon avion, le numéro mille quatre cent trente pour Rio de Janeiro. Je devais partir au Brésil pour mon travail. J'avais été envoyé en tant qu'exploratrice pour une découverte tout à fait inattendue, un temple au milieu de la jungle qui avait été trouvé le mois dernier en plein milieu de l'Amérique du Sud. Mon avion partait dans une demi-heure, je ne pouvais plus me permettre de perdre mon billet entre-temps où je risquais d'avoir de gros ennuis. Cette expédition pouvait rapporter des milliers d'euros, car il y avait probablement des objets anciens dedans et très sûrement d'une valeur inestimable, en tout cas d'après mon patron, qui était plus intéressé par l'argent que le reste. C'était une occasion à ne pas rater.

- Attachez vos ceintures, nous allons décoller en direction du Brésil dans moins de cinq minutes, fit la voix automatique, me faisant sursauter.

Je n'avais pas beaucoup dormi cette nuit, j'avais passé beaucoup de temps à penser au voyage. J'en faisais que très rarement et j'avais toujours peur d'oublier quelque chose. Et le soleil qui se glissait sous les volets de ma chambre à cinq heure du matin n'avait rien arrangé. L'été venait d'arriver, c'était une bonne nouvelle, mais je ne pensais pas que le soleil se levait déjà aussi tôt.

L'avion décolla sans problème. Maintenant il ne restait plus qu'à croiser les doigts pendant au moins douze heures, en gros tout le temps de vol. J'avais une phobie des avions, mais mon employeur ne voulait pas payer le bateau. Un homme vint s'asseoir à mes côtés peu après le décollage. Il semblait avoir décidé de quitter sa place initiale pour se mettre à mes côtés. Il était habillé tout en noir, même le chapeau. Malgré cette tenue, j'étais sûre que c'était un touriste. Le magazine qu'il était en train de lire confirmait mon avis. Il devait avoir le même âge que moi ou peut-être un peu plus, dans la vingtaine, et n'avait pas de barbe. Il avait des lunettes de soleil, je ne voyais pas la couleur de ses yeux mais j'étais à peu près sûr qu'ils étaient bleus. Il me sourit puis replongea dans son journal.

Cela faisait déjà quatre heures que nous avions quitté Paris et l'homme à côté de moi n'arrêtait pas de gigoter sur son siège. Je ne disais rien, mais il m'agaçait. A croire qu'il avait des fourmis dans les jambes ! Moi qui préférais le calme et le rangement, le voyage en avion allait être long. Il avait mis ses affaires un peu partout sur sa table devant lui, comme s'il cherchait quelque chose au fond de sa valise, ce qui ne m'aurait pas trop étonné en vue de son organisation qui semblait catastrophique juste à vue d'œil. C'était vraiment dommage qu'il n'y ait pas plus de place dans l'appareil, je me serais bien installée ailleurs. D'où était-il venu ?

- Avez-vous besoin d'aide ? m'obligeais-je à demander, voulant montrer mon bon sens même si je n'avais aucune envie d'aider un inconnu incapable de ranger se valise.

Si je voulais survivre à ce voyage sans m'énerver, je devais faire en sorte qu'il arrête de bouger sans arrêt.

- Heu... Si vous pensez réussir à faire quelque chose, je ne dis pas non. Je cherche un magazine que j'ai acheté ce matin avant d'aller à l'aéroport. C'est important, il parle de toutes les choses le plus importantes à voir à Rio de Janeiro !

- Vous êtes vraiment obligé de lire ce genre de truc quand vous partez en voyage ? m'étonnais-je.

Je n'avais jamais voyagé autrement que pour mon métier, et ça me paraissait totalement stupide de devoir lire un magazine pour savoir ce qu'on devait faire pendant ses vacances.

- Comment faites-vous, vous ? demanda-t-il.

Je savais que je ne devais rien dire à un inconnu, mais les mots m'échappèrent.

- Je suis en voyage pour explorer un temple ancien en Amérique du sud, rien de plus. Un taxi m'attend à l'aéroport de Rio et je pars dans le campement non loin de la jungle. Je pars explorer le temple demain après-midi si le programme ne prend pas de retard.

- Waouh c'est cool ça aussi. Eh bien je vous souhaite bonne chance avec ce temple. Mais en attendant voulez-vous toujours m'aider à trouver mon magazine ?

- Je suis désolée, je crois que vous avez dû laisser votre magasine à l'aéroport, annonçais-je à mon voisin de siège après une demi-heure de fouille. J'ai vidée toute votre valise et je n'ai rien trouvée.

- Mince alors ! Comment vais-je faire ? se désola-t-il.

Ce n'était pas mon fort de réconforter les gens, mais je tentais quand même de dire quelques mots :

- Vous n'êtes pas obligé de lire tout plein de livres pour savoir où vous devez aller. Promenez-vous simplement, vous trouverez ce que vous avez envie de visiter. En tout cas, c'est mon point de vue, même si je n'ai jamais fait de tourisme.

- Je peux toujours essayer, se dit-il à voix haute. En tout cas merci beaucoup de votre aide, ça m'a beaucoup aidé. Maintenant mes affaires sont rangées. Ça va me faire bizarre, mais j'essayerai de ne pas tout déranger dès que je serai arrivé à l'appartement.

Je ris. Même s'il n'était pas organisé et semblait visiblement oublier des choses un peu comme moi, il était drôle.

- Au fait, je m'appelle Bastien, fit-il.

- Moi c'est Laure, répondis-je en lui serrant la main qu'il me tendait. Enchantée de faire votre connaissance.


un événement inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant