voyage voyage

3 1 0
                                    

J'étais en train de préparer un dossier pour un de mes collègues lorsque le bruit d'un téléphone qui sonnait attira mon attention. C'était celui de Bastien, qui décrocha aussitôt. Son grand sourire disparu et il me regarda tout en hochant la tête. Il semblait triste, émotion qui passait très rarement sur son visage. Il raccrocha et me dit :

- Laure... J'ai une mauvaise nouvelle. Je dois aller en Espagne, et ça tombe juste la semaine où on part en vacances. Il y a un gang qui s'en prendrait à des touristes français en leur volant leurs affaires et en les attaquant, et on nous demande de nous occuper d'eux avant qu'ils ne posent de trop gros problèmes pour le tourisme de Madrid.

- Cool, on va profiter de vacances à l'étranger, fis-je pour rire.

- Non, tu ne peux pas venir avec moi. Tu es enceinte !

- Mais... Je...

- Non, c'est trop dangereux ! Michael m'a déjà donné une coéquipière provisoire le temps du voyage, mais, ne t'en fais pas, tout se passera bien pour moi. Dès que tu auras accouchée, tu pourras revenir avec moi.

- Et quand dois-tu partir ? m'enquis-je.

- Je pars dans deux jours, et je reviendrai plus tôt possible, Michael a estimé qu'on en avait pour deux ou trois semaines le temps de trouver leur base. L'équipe chargée de les emmener sera très rapide, alors je ne perdrais pas trop de temps.

Trois semaines ? Qu'allais-je pouvoir faire toute seule tout en sachant que Bastien courrait de graves dangers avec un gang qui semblait assez forts pour être compté comme un danger international ? M'occuper des dossiers de tous les jours comme je le faisais habituellement ? Bastien dû comprendre à quel point j'étais triste car il se leva de sa chaise pour me prendre dans ses bras. Ma conscience me chuchota que je devais profiter de ce moment, ce serait peut-être un des derniers pour longtemps...

Je regardais l'avion de Bastien s'envoler sous mes yeux rougis. Comment faisaient les gens quand ils savaient que leur grand amour prenait de si grands risques ? Je croisais les doigts très fort pour qu'il ne lui arrive rien, et qu'il ne m'oublie pas... Car il y avait sa coéquipière, une dénommée Nathalie, qui était célibataire. Pourvu qu'elle n'essaie pas de voler mon Bastien !

Dès que l'avion disparu loin dans le ciel, je retournai à ma voiture et partis en direction du travail. J'avais du boulot qui m'attendait.

Le soir était arrivé plus lentement que jamais. Comment allais-je survivre pendant trois semaines à la vitesse où le temps passait ? J'avais déjà l'impression qu'une semaine était passé... Je regardai ma montre encore plus souvent que d'habitude, c'est-à-dire, en ce moment, à peu près toutes les trois ou quatre minutes. Mon appartement me paraissait soudainement vide. Bastien avait même fait l'effort de ranger comme il le pouvait ses affaires, ce qui devait partir d'une bonne intention, mais qui allait m'embêter car j'aurais pu m'occuper un peu en attendant d'aller dormir. Alors que je m'asseyais dans le canapé pour voir ce qu'il y avait à la télévision à cette heure, même si je n'avais aucune envie de regarder quoi que ce soit, mon téléphone, que j'avais laissé sur la table du salon, se mit à sonner. Je me levai difficilement et répondis. C'était ma mère.

- Laure ? Comment vas-tu ? Cela fait longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles...

C'est vrai ça ! Je ne me souvenais même pas de la dernière fois que je l'avais appelé ! Peut-être avant que Bastien ne vienne chez moi... C'est-à-dire il y avait un mois et demi !

- Oui, je vais bien. Je suis assez occupé ces derniers temps, mais ça devrait aller pour les trois prochaines semaines. Tu te souviens de la personne que j'avais rencontré dans l'avion et avec qui j'avais survécu durant le moment où j'étais perdue dans la jungle ?

- Oui, fit ma mère.

- Eh bien je suis en couple avec lui, et on va avoir un enfant !

- Ce n'est pas un peu de tôt ? s'étonna-t-elle. Je veux dire, vous vous connaissez depuis peu de temps et vous avez déjà...

- Ce n'était pas intentionnel, précisai-je aussitôt. C'est la protection qui n'a pas fait son boulot... Mais je ne veux pas avorter, je suis sûre qu'on pourra s'occuper d'un bébé.

- J'espère pour toi qu'il ne te lâchera pas alors. Quel est son nom déjà ?

- Il s'appelle Bastien maman, fis-je en roulant les yeux.

- Quand est-ce que tu l'emmèneras à la maison ? On a hâte de le voir nous !

Mon père, qui devait être juste à côté, exprima son accord.

- J'y penserai ! m'exclamai-je, soudainement gênée.

- Est-ce qu'il est beau ? Grand ? Fort ? demanda ma mère.

- Maman ! m'écriai-je.

Finalement, ce n'était pas plus mal que Bastien ne soit pas là pour entendre ça.

- J'ai compris, je le verrai quand vous viendrez. J'ai hâte que tu ramène ton copain, je suis impatiente de voir à quoi il ressemble !

Je changeais habillement de sujet et nous parlions de tout autre choses. Puis, environ une demi-heure plus tard, je lui dis au revoir et raccrochais. Décidément, mes parents étaient toujours aussi gênants que lorsque j'étais adolescente. Ce qui me préoccupait le plus, c'était que je devais préparer un week-end où on irait chez eux. Car ils habitaient Nice, et c'était pas la porte d'à côté. On risquait de ne pas y aller pour seulement pour manger le midi.

Trois jours plus tard, j'étais toujours en train de chercher la date. Déjà, il fallait que Bastien soit rentré. Il fallait aussi que ça ne tombe pas quand j'avais des rendez-vous pour le bébé. Et pas pendant les vacances scolaire, car il y avait trop de monde sur la route pendant le week-end. Le repas de famille le plus probable serait donc le vingt-six et vingt-sept septembre, soit dans un peu plus d'un mois. Je vérifiai une dernière fois que j'avais bien noté tous les rendez-vous et qu'aucun ne tombait sur ces dates, puis, voyant que tout était bon, je poussai un soupire de soulagement en enregistrant le document. Je n'avais plus qu'à demander à Bastien si c'était bon pour lui et l'envoyer à ma mère. Je sortis mon téléphone et envoyais un rapide texto à mon copain pour lui demander s'il n'avait rien prévu le dernier week-end de septembre.


un événement inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant