retour à la maison

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La salle de repos était aménagée avec une petite bibliothèque remplie de livre pour tous les âges, un tapis de jeu pour les enfants, des fauteuils pour les parents ou les adultes, et une fenêtre qui donnait sur la ville en contrebas. Le soir, la vue était très belle avec les lumières que l'on pouvait voir d'ici. Il y avait trois personnes. Catherine, une autre personne qui avait perdu la mémoire la même semaine que moi lors d'un accident de voiture qui lisait un livre, Michel, un gars qui s'était cassé le bras et qui était encore en observation qui regardait le sol d'un air perdu, et un enfant d'une dizaine d'année que je ne connaissais pas qui jouait sur le tapis de jeu. Dès que j'entrais dans la pièce, Catherine posa son livre et vient à ma rencontre.

- Comment vas-tu ? me demanda-t-elle.

- Je vais bien, répondis-je. Je voulais te prévenir que je pars demain matin. Si tu vois les autres, tu peux leur dire que je ne serais plus là ?

Pas facile de tout expliquer avec un espagnol encore trop approximatif à mes yeux, mais je ne pouvais pas faire mieux. Elle plaqua ses mains sur la bouche. J'étais une des rare personne ici qui comprenait ce qu'elle avait endurée pour finir ici, et j'imaginai que la nouvelle devait l'attrister. Mais j'avais besoin de revoir Paris. Et de revivre avec Bastien, car le voir une heure tous les jours et s'envoyer des centaines de messages, ce n'était pas suffisant pour moi. J'avais besoin de le voir constamment, je pouvoir me plonger dans ses yeux quand je voulais et de le sentir à mes côtés quand je dormais. Tout cela redeviendrait possible dès demain matin ! L'impatience me titillait, mais je savais bien que s'ils ne voulaient pas me laisser sortir aujourd'hui, ce n'était pas pour rien. Ils avaient peut-être l'intention de me faire passer un dernier teste dans l'après-midi. Je ne savais pas pourquoi, mais je me pliai aux règles. De toute façon, il n'y avait aucun vol pour la France aujourd'hui. Je restais un bout de temps à parler avec mon amie, puis je lui donnais mon discord pour qu'elle puisse me parler dès qu'elle le souhaitait. Nous parlions de tout et de rien pendant un bout de temps pendant un long moment, jusqu'à ce que je retourne dans ma chambre. Je m'y enfermais entrepris de garder une image mentale de ce lieu.

Vers quatorze heures, un médecin vint me chercher.

- Madame Laure, vous êtes demandée dans la salle de teste.

Intriguée, je me levai de mon lit. Ils voulaient me faire passer un dernier teste juste avant que je parte ? Ce devait être pour ça qu'ils avaient décidés de me garder la nuit. Qu'allaient-ils me faire endurer ? La plupart du temps, ils me montraient des films tournés non loin de chez moi, me lisaient des lettres de mes collègues pour que je me souvienne d'eux, Bastien communiquait avec des gens qui m'avaient connu quand j'étais enfant ou quand j'avais emménagé à Paris. Il faisait des efforts considérables pour m'aider à retrouver la mémoire, je lui en étais très reconnaissante.

Le docteur m'emmena dans une salle où je n'étais jamais allée, mais qui ressemblait à toutes les autres. On m'installa sur un siège assez confortable, juste devant un écran géant. La lumière s'éteignit et une vidéo commença à se dérouler. C'était une fille qui me ressemblait mais qui semblait bien plus jeune, peut-être moi enfant. Elle ne devait pas avoir plus de six ans. Elle jouait dans un champ de blé et m'amusait à pourchasser des papillons, quand ce n'étaient pas des oiseaux qui cherchaient à manger. Petit à petit, les images me paraissaient plus familières, me rappelaient des choses. Je reconnaissais les bois derrière. Mais où avait-il été tourné cette vidéo ? Je n'en avais aucun souvenir. Ce ne devait pas être loin de chez moi, car je savais que j'y allais souvent... A moins que ce ne soit dans une maison de vacances ? Je devais interroger mes parents à ce sujet dès que je les appellerai. Soudain, la petite fille à l'écran trébucha et tomba sur un cailloux. Elle se retrouva allongée au sol, les genoux écorchés. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes. L'enfant resta un moment assise par terre, jusqu'à ce qu'un lapin blanc apparaisse. Au début, la petite eut peur, puis, comme elle s'aperçut que le lapin ne lui voulait pas de mal, elle arrêta de geindre. Le lapin vint la voir et se colla à elle, comme pour la réconforter. Mon esprit de moi adulte commençait à se rappeler de ce moment, et en voyant ça d'un regard extérieur, se demandait pourquoi le lapin ne fuyait pas l'humaine. Une voix appela l'enfant qui se releva. L'animal recula un peu sans pour autant s'enfuir. La petite fille lui fit un signe de la main puis repartis en courant vers la caméra. Elle dit quelque chose d'incompréhensible puis la vidéo se coupa. Mais je savais bien ce que j'avais dit à ce moment. Je demandais si on serait obligé de déménager en ville car il y avait un lapin qui était très gentil dans le jardin. Ce à quoi mes parents avaient bien évidemment rétorqué que non, on ne pouvait pas rester ici pour un lapin.

Je sortais de la salle totalement différente. J'avais vu d'autres vidéos d'avant le déménagement après celle dans les champs, et je voyais bien que je n'avais jamais été ravie d'habiter en ville. La preuve, aucune vidéo de moi à Nice n'avait été trouvée. Mais maintenant, j'habitais à Paris... Le summum du possible pour quelqu'un qui préfère la campagne ! Mes ambitions avaient dû prendre le dessus sur l'envie de nature... Chaque vidéo que j'avais vu, chaque papier que j'avais lu, me ramenait vers mon ancien métier. À croire que je n'avais eu que ça dans ma vie... Jusqu'à l'apparition de Bastien. Je ne m'en étais jamais rendue compte avant, mais voir tous ces souvenirs d'un autre jours me donnait vraiment l'impression de ne pas avoir fait d'autres choses que travailler dans la vie... Peut-être n'était-ce pas une impression et que j'avais réellement perdue vingt ans de ma vie et m'acharner au boulot au lieu de vivre.

L'avion décolla. Décidément, je prenais de plus en plus souvent la voie des aires. C'était pas bien pour l'environnement, je devrais trouver un autre moyen de me déplacer plus écologiquement. Mais je n'étais pas prête à faire une journée complète de voiture, surtout que l'essence était cher et pas forcément meilleure pour la planète. Parce qu'au moins, on était plusieurs dans l'avion, on polluait ensemble. Bastien était à côté de moi, une main derrière mon coup, l'autre en train de tourner les pages d'un livre. En attendant que je sorte de l'hôpital, il avait trouvé beaucoup de choses à lire et n'avait pas encore tout fini. Je me demandais bien où il allait les mettre dans notre petit appartement.

- Je ne t'es pas trop manqué ? s'enquit-il dès qu'il eut fini son bouquin.

- Tu venais tous les jours, mais ne pas te voir le soir m'a vraiment manqué, lui confiai-je. C'est quelque chose qui me manquerait s'il se passait quelque chose. Je ne t'ai pas raconté comment j'ai arrêté le gang ?

Je lui parlais de mon exploit pendant tout le reste du trajet. C'étaient des souvenirs qui n'avaient pas trop été altérés, car j'avais pu avoir un témoignage des gens que j'avais arrêtée. Et comme c'étaient des actions encore peu datées dans le temps, il m'avait été facile de récupérer ma mémoire. Je me souvenais de beaucoup de détails, ce qui rendait l'histoire passionnante (tout du moins à mes yeux).

L'avion se posa en douceur sur la terre ferme. Je ne pu me retenir de pousser un soupire de soulagement. Mon apparemment m'avait manqué, et j'y serai dans une demi-heure, peut-être trois quart d'heure s'il y avait du monde sur la route, même si, à onze heures, tout le monde travaillait.

- Content de revoir une ville où on parle français ? demanda Bastien.

- Oui, c'est sûr ! Je vais en profiter pour voir autre chose que des murs blancs aussi.

- Il va juste falloir faire un tour au bureau avant... Je crois que Michael veut te parler, il parait que tu n'étais pas censé venir à ma rescousse.

Ah oui. Je m'étais souvenue de ça aussi, et ça n'avait pas été un plaisir. Je risquais d'avoir de gros ennuis, car même si j'avais déniché les bandit recherchés, j'avais désobéi et je m'étais mis en danger.

- Ne t'en fais pas, me rassura mon copain. Je serai avec toi, tout va bien se passer.

Si étrange que cela soit, je doutais tout d'un coup moins qu'il ne puisse m'arriver quelque chose. Alors que c'était stupide. Notre patron avait tous les droits de me virer puisque j'avais quitté le travail sans rien dire à personne.


un événement inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant