rêveries au travail

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Je passais toute ma matinée à ranger mon espace de travail. J'avais une grosse migraine rien que de voir tout ce qu'il y avait dessus avant. J'avais dû quémander quelques boîtes de rangements que Bastien m'avait donné avec plaisir puisqu'il ne s'en servait quasiment pas, et j'avais un endroit plus ou moins bien rangé à midi. En tout cas, je voyais la couleur du bureau, chose impossible à mon arrivée, car elle avait été coulée sous le travail.

- J'ai faim ! s'exclama mon copain. On va manger ?

- J'ai oublié de préparer ma gamelle, m'exaspérai-je en regardant mon sac avec ma boîte vide.

Décidément, ma mémoire n'avait pas changée !

- Ce n'est pas grave, j'ai préparé assez de quoi manger pour nous deux. Sinon, il y a un distributeur à sandwichs si tu préfères.

- Je ne vais pas t'embêter, je vais prendre des sandwichs.

Une lueur déçue passa dans ses yeux un instant mais il se reprit vite en reprenant son sourire habituel. Pour me faire pardonner, je le remerciais chaleureusement et l'embrassais en plein sur la bouche. Je vis aussitôt une autre lueur passer dans son regard. Celle du vrai plaisir, de la vraie joie.

- Bon, on à quoi à faire cette après-midi ? demandais-je en m'installant devant mon bureau. J'ai fini de faire le rangement, je passe à quoi ? Tu veux peut-être que je range ton bureau ?

- Non, c'est une mauvaise idée. Tu risques de devoir tout recommencer la semaine prochaine, je ne suis pas doué pour tenir en place ce qui est rangé.

- Tu verras, ça s'apprend ! rétorquai-je en lui tirant la langue comme un enfant.

Je devais vraiment me reprendre, j'étais dans un endroit professionnel, j'étais ici pour bosser, et non pour rire. Sauf qu'avec Bastien, tout semblait différent, même le travail qui paraissait ennuyeux devenait intéressant.

Je remarquai vite que ce travail était assez comme celui d'aventurière. On devait prendre des risques arrêtant des méchants, et avant ça, on devait chercher où ils étaient, tous les crimes qu'ils avaient fait, leurs délits, le danger qu'ils représentaient et le coût que ça coûtait en hommes et en matériel de les arrêter. C'étaient des chiffres assez exorbitants, mais le devoir passait avant tout, sauver les gens innocents ou arrêter les tueurs en série était plus important que l'argent dépensé, surtout qu'on avait un budget assez large.

Un mois s'était déjà écoulé depuis que j'étais arrivé dans l'entreprise. Je connaissais déjà un bon paquet de personnes. Le concierge, qui semblait être seul à faire cette tâche, les voisins de bureaux, ceux qui mangeaient à la même heure que moi et Bastien. Ce dernier me raccompagnait tous les jours chez moi. Pour une raison qui m'échappait, il préférait conduire dans son beau quatre-quatre noir plutôt que je l'emmène, alors que je me souvenais parfaitement du chemin. Peut-être que ma petite voiture ne lui convenait pas. Ou alors qu'il voulait la frimer, à moins qu'il aime tout simplement conduire. Quoi qu'il en soit, je ne disais rien. Surtout qu'il venait passer la soirée chez moi après, et qu'il ne repartait jamais avant vingt-deux heures. Certaines nuits le week-end, il restait même dormir. À croire qu'il habitait ici maintenant ! D'ailleurs, je ferais peut-être bien de lui demander, voir de quel point de vue il regarde les choses...

- Bastien, tu n'aimes pas être seul chez toi ? Je vois que tu passes beaucoup de temps chez moi, alors je me demandais si tu voulais venir y habiter pour de vrai et pas que faire semblant en venant les trois quart du temps mais toujours.

Voilà, ma bouche avait parlé avant que mon cerveau ne lui dicte les mots. Heureusement, ils semblaient être dans le bon ordre, quoi que j'aurais quand même voulu ne pas venir au sujet de cette manière que je trouvais trop brutale. Mais tant pis, c'était dit.

- J'y ais réfléchis depuis déjà pas mal de temps, je me demandais si un jour tu me proposerais ça. Je veux bien, mais à une seule condition : Tu ne fais pas de crise cardiaque quand je n'ai pas rangé mes affaires, d'accord ?

J'éclatai de rire.

- Non, il n'y aura aucun problème pour ça, sauf si tu le fais trop souvent. Mais ne t'en fais pas. Je t'aiderai, tu verras.


un événement inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant