déménagement

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Je trouvais mon appartement trop petit maintenant. Pour une personne, ça allait. Pour une et une autre qui venait presque tout le temps aussi. Mais deux, ce n'était plus pareil du tout ! Bastien était en train de ramener les cartons qu'il avait déjà préparé, comme s'il s'attendait à que je lui demande d'emménager chez moi, et il les déversait un par un à l'entrée, pendant que je les plaçais là où je trouvais de la place. Il aurait dû faire le tri avant ! Même le balcon de deux mètres carré risquait d'être surchargé à ce rythme !

- C'est le dernier, fit-il alors que je m'imaginais nager dans les boîtes qui avaient colonisés mon chez-moi.

Je ne pus retenir un soupire de soulagement. Enfin ! Maintenant, on allait devoir passer au tri, il était impossible de tout garder dans le salon.

- On doit garder cette photo ! C'est celle de ma première arrestation dans un pays inconnu ! En plus j'étais à Los Angeles, je peux pas la jeter !

Qui aurait cru que Bastien était un grand nostalgique ? Pas moi. Il refusait de se séparer de toutes ces photos où il arrêtait des gens, de ses diplômes. Les seuls choses que j'avais réussi à lui faire jeter étaient les dossiers d'ancien ennemis publiques qui étaient maintenant hors d'état de nuire. Même si c'était un bon progrès, ce n'était pas assez. Et j'étais déterminée à faire disparaître au moins deux des cinq cartons de photos qui étaient encore en milieu du salon et qui avaient pris ma place sur mon canapé.

- Allez chérie s'il te plaît ! Promis je ne les mettrai pas trop partout et je les rangerai dès que tu me l'ordonneras.

Je ne pus résister plus longtemps.

- D'accord, fais comme tu veux, mais n'en met pas partout. Sinon je sors mes albums sur mes exploits d'exploratrice et je les mets sur ta table de chevet pour que ce soit la dernière chose que tu vois le soir quand tu t'endors et la première le matin quand tu te réveilles.

- Tout mais pas ça ! s'écria Bastien avec un air faussement choqué. Je vais faire attention alors.

- Pas de souci à ce moment. Tu n'es pas trop fatigué ?

- Tout dépend de ce que tu souhaites faire, fit-il avec un sourire malicieux. Je dois t'avouer que bouger me demande un effort considérable...

- Bon, alors on peut aussi regarder un film, même si ce n'était pas à quoi je pensais... Y'a quelque chose que tu voudrais voir ?

- Pourquoi pas Roméo et Juliette ? J'en ai souvent entendu parler, mais je ne l'ai jamais vu en entier, juste quelques extraits par-ci par-là...

- Tu n'as aucune culture du septième art ! m'exclamai-je.

- Dis celle qui n'as pas vu Star Wars, rétorqua-t-il.

Je ne pus rien répondre à ça. Oui, je n'avais jamais vu ces films, mais j'avais prévu de le faire... plus tard !

Je m'affalai sur le canapé et il s'installa juste à mes côtés avec une très grande assiette de pâtes pour nous deux. La soirée prévoyait d'être fantastique, même si Bastien avait mal au dos. On se retiendrait, et puis c'est tout.

Le film venait de se terminer. Notre assiette de pâtes aussi. Nous étions désormais collés l'un a l'autre. Je m'aperçus que j'avais passé mon bras droit dans son dos et qu'il en avait fait de même avec moi. Ça chaleur me réconfortait, je n'avais jamais ressentie cette sensation avant. Je me surprise à vouloir que ma vie reste comme ça pour toujours. Vivre avec Bastien, travailler avec lui, parler avec lui, tout simplement le voir, tout cela me donnait la force de me lever et de vivre. Je mettais toute ma confiance en lui, j'espérai que jamais ne nous séparions... Pour ça, seul le futur nous le dira. Je pouvais aussi tout simplement profiter du moment présent. Mon copain s'était levé pour aller chercher des glaces. C'est vrai qu'on était en plein mois de juillet et qu'il faisait chaud. J'avais hâte de partir en vacances au bord de la plage ! La température à l'ombre en pleine journée pouvait atteindre trente-huit degré Celsius et au moins quarante-huit au soleil ! Aller me baigner dans la mer me ferait du bien à moi et à Bastien. Une cuillère qui s'agitait devant moi me fis sortir de mes esprits.

- Attention au petit avion avant qu'il ne se crash, s'exclama Bastien en rigolant, faisant bouger la glace.

- C'est dangereux pour la glace, elle risque de se perdre sur le tapis, répliquai-je avec un ton que j'aurai voulu garder sérieux, mais sans succès.

Nous partions dans un grand fou rire et la glace tomba sur mes genoux.

- C'est malin, tu m'as salie, fis-je en essayant de prendre un ton fâché alors que je voulais juste en rire.

- J'ai tâché ton pantalon, pas toi, me rectifia-t-il. Heureusement que ce n'est que de la glace, je n'ai pas trop envie de me faire disputer alors que je viens juste d'emménager avec toi.

- Mais non, tout va bien se passer, tu vas laver mon pantalon et tout va rentrer dans l'ordre.

Bastien fit une grimace de dégoût et j'éclatai de rire.

- Oui, bien sûr, la machine à laver se fera un plaisir de s'en occuper, s'exclama-t-il.

Puis il reprit une autre cuillerée qui, cette fois, atteint son objectif. La glace, qui était à la vanille (mon goût préféré) était excellente. J'attrapai une autre cuillère pour en donner à Bastien. Nous nous donnions la béquet jusqu'à ce que le pot soit fini, après quoi nous allions tous les deux nous coucher. Cette journée était décidément la meilleurs journée que j'avais passé depuis des années !


un événement inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant